Chapitre 1

1.6K 141 314
                                    

♫ « All Along the Watchtower » - Jimi Hendrix ♫


△▲△
Harry
_

Cesser d'être passif. Sortir des sentiers battus. Se foutre du conformisme. Envoyer au tapis les idées reçues. Prendre sa vie en main. Devenir acteur de son destin. Nous possédons tous les capacités pour appliquer ces concepts. Chacun d'entre nous peut s'en sentir capable avec un peu de bonne volonté. Il suffit pour cela d'une simple acuité sur nos propres ressources et nous accédons alors à la plénitude d'une vie accomplie.

Depuis notre départ de Londres, notre périple improvisé n'a cessé de se montrer surprenant et les événements s'enchaînent avec une fluidité inespérée. Pourtant, à plusieurs reprises, j'ai douté de ma décision. Était-ce vraiment la bonne solution ? Je ne suis ni médecin, ni psychiatre, ni rien du tout. Je suis tout simplement un homme amoureux qui tente tout ce qu'il peut pour faire en sorte de sortir celle qu'il aime d'une situation qui, à terme, lui aurait été nuisible. J'ai clairement fait le choix de suivre un simple pressentiment soufflé par un bruit sourd venant de mes entrailles. Mais son appel à l'aide résonne encore en moi par son intensité. Et même si cette idée me terrifie, je sais désormais que je suis son seul recours.

On a coutume de dire familièrement d'une personne qui va mal qu'elle est au fond du trou. Plus le fossé est profond, plus l'appel est puissant et oblige celui qui se porte garant de l'en sortir à braver des obstacles pour la remonter à la surface. Le pire ennemi dans une telle situation est de s'avouer définitivement vaincu. J'ai refusé de le faire, car je sais que tôt ou tard, au prix d'un combat qui sera certes difficile, la lumière réapparaîtra pour Joy. Et de désillusion en prise de conscience, chaque jour j'apprends à me familiariser avec une notion qui m'était pratiquement inconnue. Celle qui la ronge au plus profond de son être et qui me donne envie de tout renverser.

L'addiction. Un mot que chacun d'entre nous connaît sans pour autant savoir ce qu'il implique, jusqu'au jour où vous vous retrouvez à vouloir sauver quelqu'un de son emprise nocive. Lutter contre ce genre de dépendance revient à priver quelqu'un du brouillard cotonneux dans lequel sa conscience s'est réfugiée durant des années pour échapper au mal qui la dévore. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle en bave. Et moi aussi.

La première semaine à Bali a été idyllique. Nous avons visité l'île indonésienne en long, en large et en travers avec pour seul mot d'ordre de ne rien planifier. Mais au bout du huitième jour, Joy a commencé à se sentir vraiment mal. Elle ne supportait plus la chaleur et nous avons été contraints, dès l'apparition des premiers signes de sevrage, de quitter le climat tropical qui devenait trop éprouvant pour elle. Ces symptômes, je commence à les connaître par cœur. Elle qui tentait au début de me les cacher à tout prix a fini par comprendre que c'était peine perdue. Je suis bien trop attentif à son bien-être pour me voiler la face lorsqu'elle se sent au plus mal.

Il y a des jours où tout va bien. Nous pouvons passer des journées entières à l'extérieur, parcourant des régions du globe qu'elle n'aurait jamais pensé découvrir. Ces périodes d'accalmie font office de trêve dans sa thérapie et offre de quoi respirer. Par contre, les autres sont dévastatrices.

*

Mercredi 4 décembre

Jour 18

Au revoir L.A.. Bonjour Vancouver.

Aujourd'hui, tu n'es pas au mieux de ta forme. Tu t'es réveillée ce matin en sueur et prise de tremblements contre lesquels tu ne pouvais rien. Alors, nous sommes partis pour rejoindre un endroit différent. En espérant que cette fois-ci, tes crises soient atténuées par l'envie d'explorer une nouvelle ville.

YOURS. // Tome 3Where stories live. Discover now