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PDV NAMJOON - FLASHBACK

2015, Séoul.


Je sors du travail, mort de fatigue, et rongé par les regrets. Exécution. Voilà le seul mot qui tourne en boucle dans ma tête. Le bruit de la gâchette, sur sa tempe, et le regard noir qu'elle nous a lancés, avant que mon supérieur n'appuie sur la détente, laissant son corps s'écrouler contre le sol, créant une explosion de sang sur les murs. Un corps inerte, pour seule preuve de notre cruauté. Je souffle, pour sortir ces images de ma tête. 

Mais je me dis, en dépit de la laideur de mon âme salie, que le projet est terminé, je peux à présent tenter de nettoyer mon esprit de ces horreurs, produites par mes propres mains. Un groupe de jeunes femmes, se retrouvant sur un projet, sans n'avoir rien demandé à personne, un jeu, une course contre la mort. 

Celle-ci a gagné. 

Et j'ai participé à ce carnage.

Mais bien que j'ai tenté de les aider, elles sont mortes. Et j'en suis l'unique cause. 

Je raccroche ma veste dans le casier m'étant destiné, et sort de la large bâtisse de verre. D'un coup de tête, je salue le fils Park, comme on l'appelle secrètement, plus connu comme le fils de notre cher gouverneur, accessoirement mon patron. Il me rend mon sourire, et je continue ma route. Ce gosse ne mérite pas son père. Ou plutôt, son père ne le mérite pas. En plus d'être d'une gentillesse effroyable, du moins aux premiers abords, et de sans cesse se monter contre son père, voulant cesser ce carnage humain, ce gamin est affreusement beau, si bien qu'il pourrait faire douter n'importe qui de sa propre sexualité. De petite taille, autour du mètre soixante-quinze je dirais, deux petites joues bien rebondies, un sourire ravageur, des yeux disparaissant presque lorsqu'il rit, et des cheveux roses bonbon, bien qu'ils risquent de posséder une couleur différente lors de notre prochaine rencontre. Et particulièrement intelligent, en plus de ça. Je sais qu'il étudie à l'Université Générale de Séoul, en section danse. Contemporaine, il me semble. Peu importe.

Je sors, affrontant le froid de l'hiver. Cependant, lorsque je pousse la porte de mon chez-moi, et une fois confortablement installé dans le creux de mes couvertures, mon esprit est de nouveau submergé par l'image de cette fille, allongée dans son propre sang, après que mon patron, et accessoirement le gouverneur de ce pays, lui ai éclaté le crâne. Et pourtant, elle nous tenait tête. Même à genoux, mains dans le dos, et flingue contre sa tempe, la brune, parce qu'elle était brune, continuait de nous narguer, et de provoquer. Je pense que, dans d'autres circonstances, nous aurions pu être de grands amis. Malheureusement, les choses se sont passées de façon bien plus dramatique. Si ça n'avait tenu qu'à moi, cette fille, non, ces filles, seraient toujours vivantes. Si ça n'avait tenu qu'à moi, le projet n'aurait jamais eu lieu. Si ça n'avait tenu qu'à moi, l'expérience n'aurait jamais eu lieu. 

Mais je n'ai pas mon mot à dire. La seule chose que je puisse faire, fermer ma gueule, et bosser, afin de toucher mon salaire. Ce n'est pas dans mes valeurs, mais le besoin de vivre ne me permet pas de faire ce que bon me semble. Et le bon, en moi, est mort depuis longtemps. Peu à peu assassiné par la cruauté sans merci de mon supérieur, peu à peu assassiné par mes devoirs, raison remplacée par l'argent, par le pouvoir. 

Séoul, 2017.

La conférence à laquelle je me trouvais se fini enfin, et lorsque tous sont partis, je reste quelques minutes encore, pour discuter avec mon supérieur. Ou plutôt, mon ancien supérieur. Ayant posé ma démission, à la fin du projet. 

L'expérience est remise en route, bien que je m'y oppose catégoriquement. Mais là encore, je n'ai pas d'avis à avoir. Deux ans se sont écoulés, depuis la seconde vague, et cette pensée continue de me hanter. Mais cette fois-ci, les choses seront différentes. 

Projet Run. [.myg.pjm.]Where stories live. Discover now