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Nous nous regardons mutuellement, assez choqués des révélations dont les trois viennent de nous faire part. Cette nuit-là était la même pour tous, à quelques heures d'intervalle. Quelle bande d'enflures. Je me retourne et remarque Jungkook, qui passe rageusement ses poings contre et sous ses yeux, et je vois qu'ils sont légèrement rouges et gonflés, signe qu'il a pleuré. Et c'est compréhensible. Merde, ce gosse n'a même pas son diplôme de fin d'étude ! 

Je pose ma main sur son épaule, et la presse gentiment, pout lui faire comprendre qu'il n'est pas seul à être dans la merde jusqu'au cou. Et en regardant les autres, je prend conscience que ce n'est qu'une question de temps, avant que l'un d'entre nous ne pète les plombs, et finisse par en butter un. Je me lève, et passe une main nerveuse dans mes cheveux de jais, soufflant un bon coup.

" Levez vous. On va chercher de quoi se casser d'ici.

- Maintenant ? Il va bientôt faire nuit...

- Tu comptes rester à moisir ici, jusqu'à ce qu'on finisse par disjoncter et bouffer la queue de Nam pour le dîner ? Merci, mais sans moi, Tae. Alors moi j'me casse, pour trouver une solution, mais je ne leur donnerai pas le plaisirs de me salir les mains de votre sang. Je ne vais pas leur donner raison. "

Je pars, enfouissant rageusement mes mains dans mes poches. Parler de cette façon à Taehyung n'était pas l'idée la plus brillante que j'ai eu jusqu'à présent, j'en ai parfaitement conscience. Mais la panique me gagne peu à peu. Elle rampe jusqu'à moi, avant de me sauter au visage, me bouffant, jusqu'à s'infiltrer dans mes veines, dans tout mon être, comme un cancer, s'imprégnant de mon âme, sans que je ne puisse rien voir, jusqu'à ce que la cage ne se referme sur moi, pris au piège. Je cède à la peur, aussi vicieuse que la luxure, et pourtant si proche de la mort. 

Et je sens que plus le temps passe, plus je croule sous la pression. Mais j'ai malheureusement peur de ne pas pouvoir remonter. Comme si l'avion dans lequel j'étais, était rivé vers le sol, dans un supplice interminable, avant de s'y écraser brutalement. Brulant, emportant avec lui, mon existence et mes espoirs, jusqu'à ce que tout ne soit plus que cendres. 

Frustré, je passe une main aux doigts secs contre ma joue, chassant la larme qui menace de s'échapper. Je me refuse de pleurer. Non, cela n'arrivera pas. Je ne peux pas me le permettre. Pas devant eux. Je ne peux pas infliger cela à mon estime, déjà bien affaiblie depuis mon arrivée dans cet enfer. 

Je pars m'appuyer contre un mur, tentant de reprendre mon calme. Me connaissant, je serais capable d'envoyer mon poing contre le mur, m'explosant les phalanges, sans possibilité de soins. Mais je vois Jin s'approcher de moi, toujours ce sourire chaleureux, qui me rassure instantanément. Je soupire, une fois de plus, et le laisse prendre place à mes côtés, engageant un silence agréable. Je ferme les yeux savourant le vent qui fouette mon visage.  

Au bout de ce que je suppose être quelques minutes, je sens la main de mon aîné se poser sur mon épaule, et y effectuer une légère pression, ouvrant de nouveau les yeux, pour poser mes orbes anthracites sur lui, voyant qu'il s'apprête à parler. 

" On va s'en sortir, Yoongi. On va ressortir de cet endroit, tous les six, et butter le connard qui nous sert de gouverneur. Mais ne cède pas à la panique, c'est ce qu'ils cherchent à faire. Allez viens, on va se mettre à chercher. Parce que, ça peut paraître idiot, mais je pense savoir où on pourrait trouver quelque chose. Mais ne pose pas de questions, pas tout de suite." 

Il effectue une nouvelle pression sur mon épaule, et je me redresse, bien décidé à partir à la recherche d'informations. Je le suis de nouveau, qui rejoint les autres, et j'adresse un regard désolé à Taehyung, qui me répond par un simple hochement de tête. Signe de dire "Je comprend, on est tous dans la même merde." Mais je n'ajoute rien pour autant.

Ils se lèvent tous, et s'approchent de notre aîné, avant de ne le suivre. Il glisse ses mains dans les poches de son pantalon, et semble savoir parfaitement où il va. 

Nous sortons du bâtiment, et prenons la route vers on-ne-sait-où. Mais personne ne dit rien. Nous nous contentons de suivre le blond, qui, lorsque je pose mon regard sur lui, semble perdu dans des songes sombres, aussi loin qu'il puisse l'être. Mais encore une fois, personne n'ose poser de questions. 

Nous passons devant quelques anciens magasins, et ce n'est que maintenant que je remarque, qu'il n'y a aucune habitation. Pas même une seule. Simplement des emplacements, entre deux magasins, totalement vides. Comme si les maisons présentes ici, avaient simplement été effacées, gommées, comme l'on gommerait un dessin. Voilà comment la gouvernement considère ses villes. Une simple écriture de plus, sur une feuille de papier, pouvant être effacée ou recopiée à n'importe quel moment. 

Nous continuons notre chemin, et la bonne humeur qui régnait quelques heures plus tôt, au lac, a définitivement disparue. Sans laisser de trace. Tout cela, pour laisser place à une atmosphère lourde, pesante. Comme un boulet accroché à nos jambes, tirant vers le fond, avant de se faire bouffer par un monstre dont personne ne croit à l'existence. Tout cela, pour de la peur, de l'angoisse, sans pour autant savoir vers où nous nous dirigeons. 

Notre petite visite de courtoisie nous aventure dans les fin fonds de la ville, que nous avons baptisés la Cage, passant par les quartiers que je suppose être les quartiers démunis de la réelle ville, tout en traversant des parcs contenant des jeux pour enfants, qui n'ajoutent qu'un côté d'autant plus malsain, sale, tordu. Je grave cette image, balançoires cassées, toboggan rouillé, dans le creux de ma mémoire, parce qu'elle s'apparente à nous. Cette image s'apparente à notre bande de cassés, à notre bande de tout justes adultes, plongés dans l'horreur de l'humain, retirés à nos familles. Nous sommes des jouets cassés, et le gouvernement est l'enfant qui veut nous jeter. Nous sommes les dangers. Et cela va finir par tous nous tuer.

Finalement, le petit groupe dont je fais partie, se regroupe derrière le plus âgé de tous, en face d'un bâtiment totalement délabré, ressemblant à une ancienne laverie. Nous entrons par la porte, inexistante d'ailleurs, et il se dirige directement vers l'arrière-boutique, et s'agenouille près d'un tas de cartons. Il regarde autour de lui, et monte sur le bureau aussi poussiéreux que l'on pourrait un tracer des formes, rien qu'en soufflant dessus, un carton à la main, qu'il vient placer sur une caméra. D'un regard, il nous somme de faire de même, ce que nous faisons avec les cinq caméras présentes dans la vieille boutique, avant de revenir vers lui. Il s'accroupit, et tâtonne le sol durant quelques minutes, avant de ne soulever une trape. Un simple "Suivez moi.", avant qu'il ne s'engouffre dans le sous-sol, bien plus sale encore que tout ce que l'on aurait pu imaginer. Et sans réfléchir, j'atterri sur mes deux pieds, sous la bâtisse. 

Nous sommes dans la Cage, car comme des animaux, nous tournons en rond sans pour autant trouver d'issue, d'échappatoire. Nous sommes dans la Cage, car comme des animaux, ils estiment que nous ne valons rien de plus que des objets d'expériences. Nous sommes dans la Cage, car comme des animaux, nous n'en sortirons jamais.


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Ok, ok, je sais, j'ai une semaine de retard sur la publication du chapitre, et je m'en excuse.

Pour être honnête, je ne suis réellement pas fière de ce chapitre, je le trouve plat, et sans intérêt, fini à la pisse, je ne sais même pas s'il était nécessaire à la fiction, m'enfin bon, j'espère qu'il vous plaît tout de même. C'est assez plat, pour l'instant, parce que je me devais d'imposer le cadre de l'histoire. Mais rassurez vous, l'histoire va vraiment débuter ! 

Je prévois d'écrire un chapitre sur Jin, cependant, je ne pense pas que ce soit une bonne idée de l'écrire tout de suite, parce qu'il me reste encore quelques personnages à introduire, et je pense que vous vous doutez de l'identité de l'un d'entre eux.

Ensuite, j'aurais une question à vous poser.

J'ai monté une courte vidéo, pouvant faire office de "bande annonce" pour la fiction. Je me demandais si cela vous plairai que je la mette en média pour le chapitre de la semaine prochaine, que je placerai probablement en média du premier chapitre, par la suite. 

Qu'en pensez-vous ?

Je vous laisse, j'espère sincèrement que, même si ce chapitre était réellement nul à chier, l'histoire vous plait toujours.

Des bisous les enfants ! 



Projet Run. [.myg.pjm.]Where stories live. Discover now