35. Ce soir, ma solitude et moi on ne parle que de toi...

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Étendu sur mon lit d'hôpital, je contemplais mon petit garçon endormi dans son berceau. J'avais peine à croire à l'existence de ce petit-être tout juste sorti de mes entrailles quelques heures plus tôt. Bien sûre, j'étais déçu que cela ce soit passé comme ainsi. Et surtout que cet enfant était aussi celui de Karim. Rien qu'à y penser, j'étais dégoûté.

Avant que l'on me l'apporte, je ne voulais pas le voir. Je ne voulais pas de lui, j'étais bien trop choqué. Mais dés que j'ai aperçu son petit visage, j'ai littéralement fondu. Après tout, rien n'était de sa faute. Il était là, alors...si tel était mon destin...pourquoi résister.

J'étais encore à admirer ses minuscules mains fermées, sa  petite bouche en forme de cœur quand la sage-femme qui s'occupait de moi frappa à la porte. Elle m'annonçait que c'était le moment de le faire manger. Elle me mit mon fils, à présent éveillé, dans mes bras et me tendit un biberon.

Il buvait goulûment, les yeux fermés. Son petit corps paraissait tellement fragile que j'avais peur de lui faire mal.

La tété terminé, la sage-femme le remis doucement dans son berceau. J'avais du mal à y croire. J'étais maman!


[...]


Surlendemain...

Je devais sortir le lendemain matin de la maternité. Par chance, j'avais droit à la garde de mon fils à condition d'être surveillée. Je pouvais donc sortir de l'hôpital psychiatrique.  Mais le soucis était que je n'avais nulle part où aller. Je ne pouvais pas me pointer chez mes parents avec un gosse dans les bras, alors on avait décidé de m'envoyer dans un foyer d'accueil pour mère en situation précaire. Ça devrait faire l'affaire le temps que je trouve un travail et un appartement.

Un officier d'état civil devait passer pour que je puisse déclarer mon fils. Il arriva aux alentours de 14h.

Il dressait l'acte de naissance, y inscrivant mon nom, l'emplacement du père demeura vide. Puis toutes autres informations nécessaires.

Officier: quel prénom désirez vous lui donner?

Moi: il s'appellera Iyêd.

Iyêd, c'était le nom de mon grand-père. 

Officier: Très bien. A votre nom?

Moi: Oui, Bader.

Aussitôt l'officier sortit, j'ai commencé à préparer et ranger mes affaires pour sortir demain. Vu mon arrivée en catastrophe, je n'avais pas grand-chose. Il fallait d'ailleurs que j'achète tout ce dont un bébé avait besoin. Ce sera compliqué, je n'étais pas riche, j'ai toujours vécu chez mes parents mais l'argent que j'ai pu récupéré de mes précédents emplois me sera bien utile.

Je pensais à mes parents, à mon frère, pourrais-je les revoir la tête haute un jours? Comprendraient-ils? Et ma grand-mère, que vais-je bien pouvoir lui dire? Je pourrais leur cacher l'existence d'Iyêd pour un moment. Mais pas pour longtemps, la vérité finit toujours par éclater quoi qu'il en soit.


[...]


« Noirceur de nos cœurs »Where stories live. Discover now