Le blanc des yeux

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Pendant que Maxime offrait une bague de la taille d'un œuf de caille à Maribel - je n'avais même pas remarqué qu'elle n'en portait pas -, nous avons pu tester notre théorie.

Et la confirmer.

Anthony, le mari de la cousine de je ne-sais-plus-qui, a appris à ses dépens qu'une cravate peut-être dangereuse quand elle se retrouve coincée dans la fermeture éclair d'une robe. Surtout dans celle de Pia.

Martin, le frère du père de je ne-sais-plus qui, et sa femme, ne demanderont plus jamais à Pia de les prendre en photo. Ou alors, ils s'assureront que le flash ne risque pas de les aveugler et que le bouton déclencheur ne provoque pas de décharge électrique à qui appuie dessus.

Isabella et Margaux, deux cousines de je ne-sais-plus-qui, nous pardonneront pour les dégâts occasionnés à leur belle coiffure. Même si elles en veulent plutôt à Maribel et Maxime d'avoir demandé un lâcher de colombes après les desserts, je ne peux m'empêcher de culpabiliser. J'aurais peut-être dû attendre que ces bestioles soient loin avant de leur rappeler que c'était l'anniversaire de Pia.

— Je ne sais pas si je dois te dire merci ou pleurer, me demande Pia en m'emmenant dans le bureau où Maribel nous a installées, hier.

— Je suis désolée si ce pigeon vous a agrippé les cheveux, dis-je en la prenant dans mes bras.

— Mais non, Moïra, me rassure-t-elle en me poussant, sans toi, je ne sais pas si j'aurais remarqué à quel point je porte malheur. Et, surtout, je n'aurais jamais compris pourquoi. Nous devons trouver comment arrêter tout ça. Je pourrais me planquer ici et attendre que la journée se termine. Plus personne ne me souhaiterait mon anniversaire.

— C'est une bonne idée, en admettant que cela se finisse ainsi.

— Cela pourrait se reproduire l'année prochaine ?

— Tu m'as dit que ce sort durerait le temps de ton âge.

— Tu crois que cela va encore se produire pendant les vingt-trois prochaines années ? me crie-t-elle en se plaquant la main sur le front.

— Je ne sais pas, moi. C'est vraiment ce qui était écrit sur ce papier ?

Elle s'assied dans le fauteuil où elle écoutait Pacôme la sermonner, hier.

— Je crois que non. Attends, commence-t-elle, cela commençait comme ça : votre âge décidera du temps de votre sort.

Elle se lève, se rassied, se relève.

— Non, non. C'était : votre âge décidera du nombre de personnes à remercier.

— Ce n'est pas la même chose.

— Oui bon, le jour où tu devras te souvenir d'un truc pareil, on en reparlera.

— Je pense avoir compris.

— Moi aussi, qu'est-ce que tu crois ? me fait-elle en me tirant la langue. Euh, qu'est-ce que tu as compris ?

Je ris, peut-être pour la première fois de la soirée.

— Le sort se brisera quand vingt-trois personnes t'auront fêté ton anniversaire.

— C'est exactement ce que j'avais compris, donc, plaisante-t-elle. Euh, pourquoi vingt-trois ?

— Votre âge décidera du nombre de personnes à remercier. Tu as vingt-trois ans et, si j'ai bien interprété le début du sort, les personnes à remercier sont celles qui te souhaitent un bon anniversaire.

Les vingt-trois joyeux anniversaires de PiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant