Extraordinaire GPS

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Le voyage n'est pas trop mouvementé, Pia se montre - étrangement - calme. Je mets ça sur le compte de nos futures retrouvailles avec Maribel, jusqu'à ce que Pia m'avoue être sortie, la veille. C'est à ce moment que je décide qu'il est temps que nous prenions notre petit-déjeuner et qu'il est préférable que je conduise pour la fin du trajet. Elle n'y trouve pas matière à objections et s'endort presque immédiatement après avoir posé ses fesses à côté de moi.

Elle est si irritable, parfois.

Je sais qu'elle se débat avec ses complexes et que ce mal-être explique en partie son animosité envers Maribel. Alors qu'elle considère le physique de sa cousine comme étant parfait, elle hait le sien.

Pourtant, je ne lui trouve rien à redire.

Certes, elle n'est pas la fille mince que les magazines veulent nous imposer comme critère de beauté, cependant, elle s'en approche. Je la trouve même mieux que ces filles. Mieux que moi. J'affiche plus de poids qu'elle sur la balance et elle ose m'interdire de me dénigrer.

Elle déteste ses cheveux, adore les miens, pourtant de la même longueur, ondulés de la même manière et du même marron foncé. Enfin, sauf depuis que je suis rousse. Elle trouve mon regard plus profond que le sien, or, nos yeux sont identiques. Leur vert soutenu nous a valu d'être qualifiées de sœurs dans bien des situations.

Inexplicable.

Je l'observe sur la banquette à côté de moi et me demande, parfois, ce qui l'aiderait à être à l'aise dans ses baskets. Un amoureux, peut-être. Si elle n'était pas si difficile, au moins. C'est normal de ne pas se jeter sur le premier venu, mais Pia a toujours d'excellentes raisons pour ne pas accepter un simple rendez-vous.

D'excellentes raisons souvent pas si excellentes.

Trop petit. Trop grand. Trop costaud. Trop de poils sur le dos. Pas assez de cheveux sur la tête. Cela ne va pas plus loin. J'ai hâte de rencontrer celui qui trouvera grâce à ses yeux.

Je l'imagine...euh...en fait, je n'en sais rien. Parfait ? Il ne lui plairait quand même pas. Je lève les yeux au ciel et me concentre sur l'autoroute. Peu de monde circule dans cette partie de la France, aujourd'hui. En fait, je ne suis même pas certaine de savoir où je me trouve, le GPS menant la danse.

Aux alentours du village où nous devons nous rendre, je réveille ma passagère.

En fait de village, nous nous trouvons dans une petite ville. Nous longeons des commerces, cafés, restaurants et quantité de maisons en pierre, collées les unes aux autres. Les rues, étroites, malmènent ma conduite, mais je prends mon mal en patience. Ce n'est pas le moment d'accrocher une autre voiture.

Ici, le temps est plus clément et un peu plus chaud. Pas de température en dessous de zéro. Le GPS nous indique le chemin de notre hôtel, mais les petites rues du village le font paniquer. Il nous perd plusieurs fois. Pia s'impatiente.

— Évidemment, il fallait encore qu'elle vienne vivre dans un endroit compliqué. Elle n'aime pas la simplicité, celle-là.

Je hausse les yeux au ciel, un peu fatiguée par ses enfantillages.

— Ce n'est pas de sa faute, tout de même, si le GPS est perdu.

— Durant les trois prochains jours, même si un pays entre en guerre, elle sera l'unique responsable.

— Vivement lundi, dis-je dans un soupir.

Nous tournons en rond pendant encore quelques mètres quand je réalise enfin pourquoi elle est sortie, hier soir.

Les vingt-trois joyeux anniversaires de PiaWo Geschichten leben. Entdecke jetzt