Chapitre XXVI

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Allongée sur le lit de Lili, perdue dans ses pensées Cally écoutait un de ses albums de Green Day. Sa première soirée pyjama à dix sept ans ! Mieux valait tard que jamais.

-Il m'a dit qu'il m'attendrait tu sais.

-Qui ça ? Adam ?

-Oui. Lili, c'est comment d'être amoureuse ? Enfin je veux dire toi et Cameron vous...

-Doucement doucement toi ! Cameron et moi on en est pas encore au stade des je t'aime et des grandes déclarations.

-Ah bon ? Pourtant quand je te regarde avec lui tu sembles sous le charme.

-Parce que je le suis mais je ne veux pas le faire fuir. Tu sais, j'ai pas franchement confiance en moi et les autres nanas de Cameron, ben c'était plutôt des canons de beauté et moi, regarde-moi !

Lili sauta du lit pour se mettre debout devant Cally.

-Regarde mes hanches, elles sont énormes, sans parler de ma voix haut perchée, de ma petite poitrine, et de mes kilos en trop.

-Je ne suis pas d'accord avec toi, tu es très belle. Et tu lui plais ! Ça se voit quand il te regarde.

-On verra si il ne détourne pas la tête à la première nana qui lui servira un sourire enjôleur. Bon et Adam alors ?

-Quoi Adam ?

-Il est venu te voir tu me l'as dit au téléphone.

-Mouais pour me dire qu'il couchait avec Isabelle, super ! Je suis ravie de le savoir même si il n'a aucun compte à me rendre.

-Je sais il m'en a parlé à la rentrée. Et de tout le reste aussi. On dirait presque que tu es jalouse.

-Non, je ne sais déjà pas ce que veut dire être amoureuse alors jalouse encore moins. Et puis comment veux-tu qu'un jour quelqu'un me trouve belle ? C'est impossible.

-Cally ! la regarda-t-elle attristée. Tu ne m'as pas encore raconté toute ton histoire mais Adam t'a dit qu'il t'attendrait et pourtant il a vu tes cicatrices. Ça ne l'a pas empêché de t'embrasser à la fête et quand tu les lui as montré, il n'est pas parti en courant non plus.

-Je ne sais pas si un jour je permettrai à un garçon de les toucher. Elles sont si laides. soupira-t-elle avec tristesse.

-Laisse-toi du temps, rien ne presse. Tu as toute la vie devant toi. la rassura Lili en lui prenant la main. Tout le monde ne s'arrête pas qu'à un physique. Dixit la fille qui n'a pas confiance en elle avec ses kilos superflus. Adam n'est pas le seul garçon sur terre, juste le premier à t'avoir embrassé.

-Tu as peut-être raison.

Le regard de Cally se perdit dans le vide, son esprit s'évada à des années lumières de la chambre de Lili. Dans les méandres de ses pensées.

-Cally tu m'écoutes ?

-Quoi ? Qu'est-ce que tu disais ?

-Je vois bien qu'il y a un truc qui va pas. Tu veux m'en parler ?

-Mon frère.

-Quoi ton frère? Je croyais qu'il avait changé? Il t'a encore dit des choses blessantes ? Il a recommencé ?

-Non, non, pas du tout. C'est plus le même depuis qu'il a vu mes cicatrices. Il part demain.

Mégane qui passait dans le couloir à ce moment là stoppa net devant la porte.

-Comment ça il part demain ? demanda Lili.

-Il me l'a annoncé quand je suis rentrée de l'hôpital, après qu'il m'est parlé de ses propres cicatrices et de notre père. Dans la voiture quand il m'a déposé, je ne savais pas quoi lui dire, je ne lui ai même pas dit au revoir. Il m'a dit qu'il viendrait si je le lui demandais. C'est trop nul de se quitter comme ça.

Mégane se retira dans la lingerie, jetant tous les vêtements du panier dans la machine à laver sans faire le tri des couleurs. Elle déversa une trop grosse quantité de lessive dans le réceptacle, ferma le tambour et lança un programme au hasard, l'esprit complètement centré sur ce qu'elle venait d'entendre. Non, il ne pouvait pas partir, non ! Pas sans la prévenir ! En même temps Kieran ne lui devait rien. Elle avait fait le choix de s'auto-placarder à son tableau de conquêtes ce jour là.

-Je sors ! lança-t-elle aux filles en rejoignant rapidement le salon pour prendre ses clefs. Ne m'attendez pas pour manger.

Elle roula jusqu'au Millénium aussi rapidement que sa vieille voiture le lui permettait, descendit et tambourina sur la porte. Sébastien lui ouvrit.

-Où est-il ?

-Bonsoir Mégane.

Elle le bouscula pour entrer.

-Excuse-moi Bonsoir. Où est Kieran ?

-Il est parti .

-Déjà ? Mais Cally a dit qu'il ne partait que demain matin ?

-Oui c'est ce qu'il a prévu, je voulais juste dire qu'il avait définitivement quitter le Millénium.

-Je pensais qu'il serait ici avec toi pour sa dernière soirée. Pourquoi il fait ça ? Pourquoi il se punit pour son père ? Pourquoi il ne se laisse pas aimer ? s'effondra Mégane en larmes. Pourquoi est-ce qu'il fuit ? POURQUOI??? cria-t-elle un peu plus fort laissant s'échapper toute la colère et la douleur accumulées depuis qu'il l'avait quitté sans un mot sur le parking de l'hôpital .

-Si j'avais toutes les réponses à ces questions, j'aurai sans doute trouvé les mots pour le retenir, au lieu de ça, je l'ai poussé dehors. J'étais en rogne qu'il se casse comme ça que je lui ai jeté ma propre colère à la figure.

Sébastien fouilla dans un casier derrière le comptoir pour déposer un trousseau sur le bar.

-Les clefs de sa maison, j'allais y cuver de temps en temps avant l'arrivée de Cally. Tu sauras peut-être mieux que moi le convaincre de rester.

-Je ne suis pas sur d'être la bonne personne, je n'ai pas de nouvelles de lui depuis...

-Depuis que vous avez fait l'amour. termina Sébastien

Les joues de Mégane s'enflammèrent.

-Kieran a eu beaucoup de femmes différentes, tu le sais. Ça n'est un secret pour personne. Et pourtant il n'a jamais fait l'amour à aucune d'entre elles. Avec ses femmes, c'était juste du sexe pur. Jamais il ne s'est laissé aller à plus. Avec toi, tout a été différent, tu as touché son coeur, son âme, son être tout entier avant même de finir dans son lit. Tu arriveras peut-être à le faire changer d'avis.

En guise de réponse Mégane l'étreignit.

-Empêche-le de partir. Il mérite mieux que l'isolement qu'il veut s'imposer.

-Je vais essayer.

Elle ramassa le trousseau, prit le volant jusqu'à la maison de Kieran. Pas de moto ni de voiture stationnées dans la cour, il n'était pas là. Elle déverrouilla la porte, referma derrière elle et prit place dans un des canapés, attendant patiemment son retour.

Nos blessuresWhere stories live. Discover now