Chapitre III(1ere partie)

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Réveil difficile

Mal de crâne

Ibuprofène

Caféïne  

Kieran reprit la route le lendemain matin, un marteau piqueur dans le crâne. Rien de plus normal après une nuit entière à enchaîner verres sur verres dans un bar, repoussant toutes les filles essayant de l'attirer dans leur lit, pour finir par rentrer jusqu'à son hôtel en titubant sur le trottoir. Le paysage bordant l'auto-route pour la bretagne défilait devant ses yeux. Il repensait à l'enveloppe donnée à Cally, ne sachant pas encore vraiment bien ce qu'il avait fait ni pourquoi en la lui remettant. D'ailleurs elle n'avait pas sauté sur l'occasion ! Elle ne donnerait sans doute aucune suite à sa proposition et tant mieux.
Son cerveau fonctionnait au ralenti. Son mal de tête lui vrillait le crâne malgré les comprimés. Quatre heures plus tard, il garait son quatre quatre audi dans l'allée de son pavillon. Son portable sonna. Il balança le répondeur à son ami. Aucune envie de voir du monde, aucune envie de parler même s'il savait les intentions de Sébastien louable. Il devait d'abord se reprendre, ses souvenirs l'étouffaient encore trop. Une douche lui éclaircirait les idées dans un premier temps. Ensuite, une ballade à moto sur le bord de mer sous le soleil de cette belle journée de fin septembre, apaiserait probablement son esprit torturé. Une mer plutôt calme, un vent soutenu mais pas trop fort , la journée aurait été parfaite pour le kyte mais la concentration pas au rendez-vous. Il roula encore un long moment avant de prendre la direction du club. Une fois sur le parking, il stationna sa honda à côté de celle de Sébastien avant d'entrer par la grande porte insonorisée.

-Salut. T'es rentré quand ?

-Ce matin.

Il serra la main de son ami.

-Comment s'est passé le week end? demanda Kieran.

-Très bien, nous avons fait une belle recette.

-Pas de problèmes ?

-Oh les ennuis habituels.

-Ok. Pas de drogues ?

-Pas que je sache.

Kieran feuilleta rapidement quelques papiers.

-Tu vas bien ?

-Pas vraiment.

-Tu veux en parler ?

-Pas vraiment.

Kieran se tourna vers Sébastien. Il ouvrit la bouche à deux reprises puis la referma. Il s'accouda au comptoir en se passant les mains dans les cheveux puis se redressa.

- ça ne s'est pas bien passé. En même temps, je ne m'attendais pas à ce que ça se passe bien. Je crois que j'ai fait une belle connerie en allant la bas.

-Tu m'expliques ?

-J'avais réussi à laisser tout ça derrière moi.

Après quelques secondes de silence il reprit.

-Mon père était ruiné, la maison dans laquelle il vivait ainsi que tous ses biens vont être saisis pour payer ses dettes. Ma... ma sœur, elle a dix sept ans maintenant. Elle va être jeter dehors, et soit je lui sers de tuteur pendant un an, soit elle part en foyer ou en famille d'accueil. Je suis son lien de parenté le plus proche.

Sébastien le regarda sans faire le moindre commentaire, conscient de la difficulté pour Kieran de lui parler de tout ça. Il n'avait jamais été du genre à se livrer, même lorsqu'il avait frappé à sa porte le jour de ses dix huit ans, avec pour seul bagage son sac de sport et les vêtements qu'il portait.

-Je sais pas, j'ai du péter un câble, je lui ai laissé une enveloppe avec un billet d'avion, mon téléphone et mon adresse ici. Pourquoi j'ai fait ça ? Je ne veux plus rien avoir avec ma famille.

-Tu devrais peut-être te laisser une chance de la connaître.

-Je n'ai pas envie de la connaître.

-Tu ne sais rien d'elle, tu ne sais pas comment elle a vécu pendant toutes ses années.

-Oh comme son calvaire a du être terrible avec son chauffeur privé et son école bourgeoise ! s'énerva Kieran en brisant un verre.

-Qu'est-ce qui te dit qu'elle avait une vie de rêve ? Tu as coupé tous les ponts il y a tellement longtemps.

Kieran se planta devant son ami.

-Elle a pleuré cet homme de toutes ses larmes. Je n'en ai versé aucune. Ça veut tout dire.

Sébastien ouvrit la bouche mais il lui intima de se taire d'un seul regard.

-Je ne pense pas qu'elle viendra se pommer jusqu'ici de toute façon. Elle fait trop petite parisienne. Changeons de sujet tu veux bien ! se reprit-il.

-Nous avons un très grosse soirée samedi prochain, tout le carré VIP est réservé.

-Par qui ?

-Un groupe de russes friqués. Ils ont payés à l'avance.

-Ok, nous devrons garder un œil sur eux, qu'ils ne manquent de rien.

-Pas de problème. C'est mon job.

Nos blessuresWhere stories live. Discover now