Chapitre 20

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Louis

- Buvons à notre nouvelle crémerie pour les soirées Martini ! dit Lottie en levant son verre de Margarita.

En souriant, je bois une gorgée de bière. Je ne sais pas si c'est à cause des souvenirs, des pubs au néon pour Budweiser ou du bruit des boules de billard qui s'entrechoquent dans le fond, mais j'adore cet endroit.

- C'est gentil de m'avoir rejoint ici, dis-je à mes sœurs. Demain, c'est le vernissage de la galerie et ça s'arrose.
- Je suis folle d'impatience, dit Fizzy. Je me suis acheté une petite robe noire et des talons aiguilles rouges, plus sexy, tu meurs !

La porte d'entrée s'ouvre et on voit apparaître Kenny. On est vendredi soir et, à en juger à sa démarche, on est en droit de penser qu'il est déjà un peu bourré.

- Lucy ! beugle-t-il en me voyant.
- Va te faire voir, grogne Lottie.

Il vient vers notre table en titubant.

- Je ne fais de mal à personne.

J'annonce, comme s'il n'était pas là :

- J'ai besoin d'aller au petit coin.
- Je vais commander une autre tournée, dit Lottie. Tu veux quelque chose ?
- Non merci, ça ira.

Le bar commence à se remplir, des gens du coin qui profitent d'une belle soirée de juin sans étudiants, et j'ai quelques difficultés à me frayer un chemin à travers la foule pour atteindre les toilettes.

Quand je me regarde dans la glace, j'ai du mal à me reconnaître. J'ai l'air plus... léger. Plus heureux. C'est un été riche en émotions, mais ça vaut le coup.

Quand je ressors dans le couloir sombre, Kenny m'attend devant la porte. Il m'attrape aussitôt et me coince dans un coin, pressant son corps contre le mien, les mains appuyées sur le mur de part et d'autre de ma tête.

- Salut Louis, dit-il doucement en regardant fixement mes lèvres.

Quand je l'entends prononcer mon vrai nom, je me dis que je suis dans la merde et je ravale la bile qui me remonte dans la gorge. Quand les garçons au lycée ont décrété que j'étais une pute, j'ai vite compris que cela voulait dire pour eux que j'étais à leur disposition, pour satisfaire leurs désirs quand et comme ils le décidaient. Pendant un moment je les ai crus.

Bordel !

- Kenny, tu es bourré. Dégage !

Il se penche un peu plus près et me souffle dans le nez des effluves de bière et d'oignon.

- Nan, dit-il, tu ne le penses pas.

Il frotte du pouce le contour de ma mâchoire et je m'exhorte à rester calme, à ne pas paniquer. Je vais réussir à me débarrasser de lui. C'est juste un sale con qui cherche un coup facile, mais il s'est trompé de personne.

- Kenny, tu ferais mieux de laisser tomber. Pense à ta femme.
- Mais c'est justement ce que tu aimes, non ? Baiser avec des hommes mariés ?

Avec un sourire mauvais, il ajoute :

- Tu fais comme si tu avais changé, mais je sais bien que tu continue.
- Tu sais que dalle ! dis-je d'un ton rageur.
- Reconnais que tu bandes à l'idée que je te baise contre ce mur avant de rentrer chez moi auprès de ma femme. Ça te plaît qu'on rêve tous de ton cul quand on se met au lit avec nos femmes asexuées.

Au moment où il glisse sa main sur mes fesses, je lance mon genou vers son entrejambe. Mais je l'ai sous-estimé. Il s'appuie plus fermement contre moi et me fait perdre l'avantage au dernier moment. Ses mains moites agrippent mes cuisses et je fais une deuxième tentative, en mettant à profit le peu de place dont je dispose pour donner un grand coup de genou.

Unbreak me ( larry ) T1Where stories live. Discover now