Chapitre 2

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Liam

Je suis addict.
Je suis ce con arrogant qui s'imagine qu'il peut contrôler son addiction. Je suis ce connard ignorant, persuadé qu'il est capable de jouer avec le feu sans succomber à la tentation.

Comment peut-on se tromper à ce point là ?
Comme la plupart des addicts, je suis dans l'absolue incapacité de dire à quel moment cette addiction a démarré. Impossible de dire quand l'affection que j'avais pour lui s'est transformée en une attirance irrésistible et dangereuse. Était-ce quand, à quinze ans, il est apparu dans ma chambre à la résidence universitaire de Notre-Dame ? Le gamin d'à côté soudain transformé en une beauté aux courbes suggestives, aux yeux tristes et aux mains avides ? Ou quand je suis rentré de la fac et qu'il est devenu partie intégrante de ma vie ? Ou bien cela n'a-t-il vraiment commencé que le jour où j'ai goûté à ses lèvres pour la première fois, dans le scintillement du soleil qui reflétait sur le fleuve, et la brise qui jouait dans nos cheveux. Peut-être n'y a-t-il pas de véritable point de départ aux addictions ? En tout cas, il est certain qu'elles sont sans fin.

Soudain, la porte de la salle de bain s'entrouvre et me ramène au moment présent, me rappelant qui je suis et où je suis.

Charlotte me regarde fixement, les bras serrés autour d'elle. Elle sort d'une longue douche chaude, mais semble glacée jusqu'aux os.

-Tu pourrais au moins faire semblant d'être déçu, tu sais.

Elle est furax. On le serait à moins. Ce jour comptait tellement pour elle. Elle avait tout planifié dans le moindre détail, comme si la perfection de la cérémonie pouvait faire oublier que j'avais d'abord été fiancé à son frère. Mais la journée a été un désastre. Et personne n'a rien oublié.

-Mais je suis déçu.

Je me rends bien compte que ma protestation manque de conviction. Pourtant je suis sincère.

-Dis-moi la vérité.

Elle s'assoit sur le lit, emmitouflée dans le peignoir en éponge de l'hôtel, trop grand pour elle.

-Es-tu soulagé ? Comme si tu venais d'esquiver une balle ?

Sa voix tremble ; visiblement elle lutte pour retenir ses larmes et je me dis que je suis le roi des cons.

-Ne dis pas de bêtises, lui dis-je en lui prenant la main et en pressant ses doigts. Tu sais bien que je désire t'épouser

Elle scrute mon visage de ses grands yeux bruns, cherchant à y déceler un signe de rechute.

-Tu n'es plus le même depuis qu'il est revenu.

Nous savons tous les deux qu'il n'y a pas de façon satisfaisante de réagir à cette affirmation. Si j'acquiesce, je ne ferais que confirmer ses doutes. Si je nie, ce mensonge contribuera à creuser un fossé entre nous.

-J'ai vraiment l'intention de t'épouser, Charlotte. Recommençons tout. Organisons une nouvelle cérémonie. Une nouvelle réception. Tout ce que tu voudras.

Elle cligne des yeux et m'adresse un sourire forcé.

-D'accord.
-Je t'aime.

Le ton de ma voix semble un peu désespéré à mes propres oreilles. Je le suis peut-être.

Elle pose la tête sur mon épaule et je frissonne quand l'humidité de ses cheveux traverse ma chemise. Il y a un mois, cette intimité suffisait à notre bonheur. Il y a un mois, lorsque je disais à Charlotte que je l'aimais, je n'avais pas sur l'épaule un démon occupé à comparer cet amour à celui que je portais à un autre. Il y a un mois, Louis n'existait plus pour moi.

Unbreak me ( larry ) T1Where stories live. Discover now