Chapitre 37 : Soren

1.6K 233 43
                                    

Loana ne parla pas durant plusieurs minutes. Je croyais que c'était parce qu'elle était pensive, mais quand elle se retourna vers moi, je lus sans problème l'inquiétude et l'angoisse dans ses yeux. Il y avait quelque chose d'anormal. Quelque chose de grave.

Je l'attrapai par le poignet, soucieux.

- Tu ne m'as pas amené ici pour me faire une écharpe, n'est-ce pas ?

Elle essaya de cacher son angoisse derrière un masque d'agressivité, sans chercher pour autant à dégager son bras.

- Très perspicace, Lumineux.

Je posai une main sur son menton et la forçai à me regarder dans les yeux. Ils étaient extraordinaires. Tempétueux et sombres, mais avec une part de vulnérabilité. Je me rendis compte que j'aurais pu faire n'importe quoi pour ces yeux-là.

- Bon, et maintenant si tu m'expliquais ce qu'il se passe ?

Elle ne put soutenir mon regard plus longtemps et détourna les yeux. Elle se dégagea doucement et fit quelques pas nerveux.

- Tenuka est en danger. Héli-Anor vient de me dire qu'en me prenant comme Symbiote, elle l'a condamné. Elle m'assure qu'elle ne savait pas que j'avais un jumeau et donc que ça allait arriver, mais ça n'empêche pas le fait que, maintenant, mon frère est sur le fil du rasoir.

J'écartai les bras et le regrettai aussitôt. Mon épaule n'avait pas apprécié le geste.

- Qu'est-ce qu'on peut faire pour remédier à ça ?

Loana avait des larmes dans les yeux et c'était insupportable à regarder. Je n'aimais pas la voir si désœuvrée.

- Rien, dit-elle d'une petite voix, une voix si faible que j'eus du mal à l'entendre. Il n'y a rien à faire. Pour le sauver, il faudrait qu'Héli-Anor ait un frère et que ce frère accepte de prendre Tenu comme Symbiote. Mais elle m'a avoué qu'elle n'avait que deux sœurs.

Elle avait un mal fou à se retenir d'éclater en sanglots. Et moi ça me rendait malade de la voir dans cet état.

Je m'avançai et la pris dans mes bras. A mon grand étonnement elle se laissa faire et me rendit même mon étreinte. Elle s'agrippa à mon T-shirt comme à la vie et enfoui son visage contre mon torse. Je réfléchis à toute vitesse à ce que je pourrais faire pour l'aider. Mais les mots comme les solutions me manquaient cruellement.

- Mon père, qui est une personne plutôt influente dans mon monde, avait l'habitude de me dire ça quand je pensais que je n'arriverais pas à faire telle ou telle chose : la frontière entre le possible et l'impossible n'existe que lorsque tu lui en donnes l'autorisation. Il n'y a jamais de problème insoluble, Loana. On va trouver un moyen de le sauver. D'accord ?

Je la sentis acquiescer, mais elle ne fit pas de mouvement pour s'écarter de moi. Et ça ne me dérangeait pas le moins du monde. J'aimais la sentir blottie contre moi. J'aimais la serrer dans mes bras. Et depuis que j'avais décidé de ne pas remettre un pied sur les Terres de lumière, j'avais comme un poids qui s'était libéré de mes épaules. Je pouvais enfin aimer qui je voulais. Plus de contrainte, plus de devoir.

- Soren ?

C'est fou comme j'aimais quand elle prononçait mon prénom.

- Hmm ?

Elle s'écarta et me regarda dans les yeux.

- Je crois qu'Héli-Anor me cache des choses.

Je fronçai les sourcils.

- Comment ça ?

Elle se mordilla la lèvre supérieur en réfléchissant et j'eus la soudaine et stupide envie de la remplacer.

Entre Ténèbres et Lumière {en cours de correction}Donde viven las historias. Descúbrelo ahora