Chapitre 2 : Loana

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Chapitre corrigé !

J'étais allongée sur mon matelas de paille et je fixais le plafond noir de ma chambre sans vraiment le voir. Toute la ville était censée être endormie, mais le sommeil me fuyait. Je n'arrêtais pas de penser à ce jarg qui attaquait nos paysans et tuait nos enfants depuis déjà plusieurs cycles. Nous l'avions traqué à de nombreuses reprises, organisé des battues pour le coincer, posé des pièges pour le capturer, mais il était malin et se réfugiait toujours dans l'Aurore. Or, tout le monde savait que c'est une zone prohibée.

Cet endroit était une large frontière entre les Terres de Lumière et les Terres Sombres. C'était le seul lieu où un Kyrl et un Larg, pouvaient se rencontrer. Et c'était précisément pour cette raison qu'il était formellement interdit de s'y rendre.

Les Kyrl nous appelaient communément les « Ténébreux ». Nos deux civilisations se vouaient une haine viscérale depuis des temps immémoriaux et nous avions tous oublié pourquoi. Tout ce que je savais, c'est que nous étions aussi entêtés l'un que l'autre, et qu'aucun des deux belligérants ne s'abaisserait à envoyer un rameau d'olivier.

De toute façon, nous ne pouvions plus les croiser depuis qu'on nous avait interdit l'accès de l'Aurore.

Je finis par pousser un juron et me levai en rejetant les couvertures. Je m'habillai rapidement, saisis mon arc et mon carquois. Je glissai mon poignard de chasse dans ma ceinture et enfilai mes bottes dans lesquelles je dissimulais des coutelas.

Je sortis de la vaste pièce et m'aventurai dans le couloir sans faire le moindre bruit. Pourtant, alors que je passais devant la chambre à demi ouverte de mon frère jumeau, j'entendis sa voix s'élever dans l'obscurité.

— Tu sais que c'est une mauvaise idée, n'est-ce pas ?

Je souris, le genre d'expression que j'arborais rarement et que seul Tenuka pouvait m'arracher.

— Je sais surtout que je n'arriverai de toute façon pas à dormir et qu'il vaut mieux que je m'affaire, au lieu de laisser l'oisiveté me tuer. Bon, tu vas te lever et m'accompagner ou je vais être obligée de te supplier ?

Il s'esclaffa, saisit ses armes et me rejoint. Il était déjà habillé, le scélérat.

Tenuka me ressemblait énormément, physiquement. Il avait les cheveux d'un noir de jais, des yeux tout aussi sombres et était d'une haute stature. Il était finement musclé et beaucoup de jeunes nobles lui tournaient autour en papillonnant des paupières, ce qui avait le don de m'horripiler.

Moi, personne ne me courtisait. Pas parce que j'étais laide, du moins je l'espérais, mais j'avais ouï dire que je n'étais pas très avenante. En un mot, je faisais peur. Je ne souriais jamais, et lançais très régulièrement des coups d'œil meurtriers à ceux qui m'approchaient de trop près. J'avais la réputation de ne parler que si l'on m'y contraignait.

Tout le contraire de Tenuka, en somme, qui était la gentillesse et la douceur incarnée. Ces qualités étaient considérées comme une preuve de faiblesse, parmi les miens. Moi, je savais au contraire que sa maîtrise de soi et sa bonne humeur étaient la plus grande des forces et je l'enviais d'être différent. Je ressemblais trop au reste de mon peuple, en légèrement plus hostile.

Nous atteignîmes le rez-de-chaussée et quittèrent notre demeure sans attirer la moindre attention. Nous étions des ombres parmi les ombres et personne n'aurait pu nous identifier, malgré l'excellente visions nocturne des Largs. Tenuka et moi étions les meilleurs chasseurs de l'empire et nous étions respectés pour cela, même si nous étions issus d'un rang social inférieur. Sortir de chez nous sans nous faire repérer n'était qu'une formalité.

Entre Ténèbres et Lumière {en cours de correction}Where stories live. Discover now