Chapitre 22 : Loana

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Chapitre corrigé ;)

Je me tournai en gémissant intérieurement pour la vingtième fois. Mes plaies me torturaient et je n'arrivais pas à ignorer la douleur.

Après notre dispute, le Lumineux et moi ne nous étions plus adressés la parole. Nous étions repartis au campement pour récupérer nos maigres affaires puis nous étions mis en route vers le Nord. Nous avions marché durant des heures sans ouvrir la bouche, avec en arrière-plan le babillement de la Lumineuse qui répondait aux questions que lui posait Tenuka. J'étais déjà suffisamment remontée comme ça, alors les entendre bavasser comme deux commères rajoutait à ma mauvaise humeur.

Et puis, au bout de trois petites heures, je m'étais mis à avoir de nouveau mal aux mains. Mes pieds aussi me faisaient souffrir. Néanmoins, je n'avais pas osé quérir l'aide de mon meilleur ennemi. J'avais peur qu'il prenne un air victorieux. Ça m'aurait vraiment mise en pétard. Enfin, plus que je ne l'étais déjà.

Je n'osais même pas me l'avouer, mais ma colère n'était pas entièrement dirigée contre lui. J'étais aussi furieuse contre moi pour diverses raisons. D'une part, énervée de ressentir autre chose que du mépris pour lui, et d'autre part, j'étais vraiment, vraiment déçue que notre conversation ait mal tourné. Je m'étais sentie bien quand nous parlions sereinement, c'était une expérience agréable, apaisante.

Et mon sale caractère avait tout gâché. Parce que, soyons honnête, ce n'était pas de sa faute, même si ça me donnait des maux de tête de le penser. Je crois que, inconsciemment, j'essayais de faire tout mon possible pour saboter cette entente nouveau-née. Comme si je ne voulais pas que le Lumineux et moi soyons en bons termes. Pas parce que je le dépréciais, bien au contraire. Je crois que je l'estimais un peu trop, et j'avais peur qu'il ne s'en aperçoive.

La nuit avait fini par tomber et nous avions dressé le camp au milieu des bois, faute de trouver une clairière. Le Lumineux avait pris le premier tour de garde. Ça faisait bien une heure que j'essayais de dormir, mais toute cette journée de marche m'avait épuisée et avait ravivé la douleur. Des gouttes de sueur perlaient sur mon front.

Au bout d'une heure et demie passée à me demander si je ne gagnerais pas à aller directement me pendre, je décidai de ravaler mon orgueil – une première –, et de me lever.

Je me mis difficilement sur pieds et cherchai le Lumineux du regard. Il était assis contre un gros arbre et regardait les étoiles, un air émerveillé sur le visage.

Je m'approchai lentement de lui en essayant de ménager mes pieds. Il baissa le regard et me fixa d'un air impénétrable. Une fois à ses côtés, j'ouvris la bouche, les poings sur les hanches, mais la refermai aussitôt lorsque je réalisai que j'allais lui aboyer dessus.

Mince ! C'était quoi mon problème ?

Je soupirai, m'assis en grimaçant contre le tronc d'arbre et contemplai le ciel à mon tour. La petite parcelle que nous pouvions apercevoir de notre position n'abritait qu'une dizaine d'étoiles. Elles étaient souvent cachées par un nuage. Je m'interrogeai tout à coup sur ce qu'il y avait de merveilleux dans cette vue. Dans les Terres des Ténèbres, il y avait tellement d'étoiles dans le ciel qu'on ne voyait presque plus la toile bleue tendue derrière. Elles étaient souvent de différentes couleurs, formaient des constellations extraordinaires ou des chemins dans les ténèbres. Cette vue-là était belle.

Je pris la parole, plus calme.

— Pourquoi regardes-tu le ciel avec tant d'émerveillement ?

J'étais assez satisfaite du ton que j'avais employé. Il n'était ni mordant ni méprisant. Juste curieux.

— Je n'ai jamais vu les étoiles, fut sa seule réponse.

Entre Ténèbres et Lumière {en cours de correction}Where stories live. Discover now