Chapitre 7 : Soren

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Chapitre relu et corrigé ! N'oubliez pas de voter :D

Je scrutai l'endroit où les deux Ténébreux s'étaient évanouis avec la sensation d'être en train de rêver. Seuls l'épuisement et les gouttes de sueur que je sentais couler sur ma peau me poussaient à croire que tout cela n'était pas un cauchemar. Mon corps tremblait sous l'effet de l'adrénaline, mon esprit se repassait en boucle le combat qui m'avait opposé au jarg puis à la Ténébreuse. J'étais sous le choc. Non content d'avoir à me défendre contre une bête monstrueuse, j'avais aussi dû nous protéger de la folle furieuse aux cheveux de jais qui avait presque terrassé notre ennemi commun.

Quand je l'avais vue apparaître, ombre parmi les ombres, j'avais eu du mal à y croire. Elle avait de longs cheveux noirs lui arrivant à la taille, une peau d'albâtre et des yeux sombres, tempétueux. Son frère avait les mêmes, pourtant il n'y avait pas cette colère et ce froid qui émanaient de ceux de sa sœur. La jeune Ténébreuse était belle, une beauté glacée et mortelle. Inaccessible.

Reprenant mes esprits, je me tournai vers Yola. Elle semblait sous le choc, elle aussi. La bouche à demi ouverte, les yeux écarquillés par la peur, elle était recroquevillée contre l'arbre qui lui avait servi d'abri et n'avait pas l'air de vouloir en bouger.

Je sentis un étau de culpabilité m'enserrer la gorge. J'avais failli être responsable de sa mort. Je me jurai de ne plus jamais la mettre en danger de la sorte.

Je passai mes bras sous ses genoux et ses omoplates et la soulevai sans difficulté.

Elle n'opposa pas de résistance et se blottit contre moi.

Je ne mis pas longtemps à atteindre la clairière. Après maints encouragements et supplications, je parvins à convaincre mon amie de se glisser dans la galerie et de passer de l'autre côté.

J'allais la suivre lorsque quelque chose me retint, une émotion qui ressemblait dangereusement à du regret. Je décidai d'embrasser une dernière fois le décor du regard. Je remplis mes yeux des merveilles de l'Aurore, inspirai profondément l'air frais et parfumé de la clairière et me glissai à mon tour dans le tunnel, laissant derrière moi la féerie et les dangers de ce monde paradoxal.

Les jours suivants s'écoulèrent avec une lenteur accablante. Je passais mon temps à rêvasser, pensant à ce monde qui m'était à jamais interdit.

Lorsque nous étions rentrés à Ankan, j'avais dû obliger Yola à ne rien révéler de notre escapade. Elle était encore sous le choc et avait du mal à placer un pied devant l'autre. Nous étions restés un moment près du Mur, le temps de nous calmer. Le temps que Yola se reprenne, en fait. J'avais, en ce qui me concernait, beaucoup de mal à ne pas faire demi-tour. Il s'en était fallu de peu que je dise à Yola de rentrer seule. Mais je ne pouvais pas lui faire ça, elle avait besoin de moi.

Nous nous étions finalement mis en route et avions regagné nos appartements respectifs sans encombre.

J'avais repris le cours normal de ma vie. Apprentissage du combat, des langues et de l'histoire du Peuple Kyrl, jugement des différends qui opposaient parfois les paysans, gestion des récoltes de la saison... et écouter mon père me rabâcher que je devais être plus concentré.

Je fus extirpé de mes tristes songes lorsque le roi abattit violemment son poing sur l'accoudoir du trône.

— Jamais de ma vie je n'ai entendu affaire plus stupide ! vociféra-t-il. Je ne sais même pas pourquoi ma cour a accepté de l'entendre !

Je me contraignis à redescendre sur terre afin de cerner le problème. Nous étions assis, mon père, ses conseillers et moi dans la salle d'audience du palais, surélevés par une estrade. J'étais installé sur mon trône personnel, à la droite du roi. Devant nous, plus bas que nos chevilles, se trouvaient deux paysans qui avaient réussi à avoir l'air à la fois penauds et prêts à s'entretuer.

Entre Ténèbres et Lumière {en cours de correction}Where stories live. Discover now