Chapitre 7 : Soren

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J'avais à peu près compris de quoi il s'agissait et l'histoire n'avait rien de stupide. Les deux hommes se disputaient un champ et ils étaient tous deux persuadés d'en être les légitimes propriétaires.

Je me penchai en avant.

— N'y a-t-il aucun acte de propriété ?

Le paysan de gauche prit la parole, l'air contrit.

— Malheureusement non, votre Grâce. Ma famille l'a perdu lors d'un incendie.

— Il ment ! s'insurgea son rival. Il n'a jamais eu cet acte de propriété puisque c'est à moi qu'il appartient.

— Avez-vous un document qui le prouve ? m'enquis-je en haussant un sourcil.

Le silence agacé de l'homme fut plus éloquent qu'un long discours.

Je me tournai vers mon père, désireux de mettre fin à cet interminable après-midi de jugement.

— Qu'y a-t-il sur ce champ d'assez précieux pour qu'on se batte pour lui ?

Le roi, qui semblait plus irrité que les deux belligérants, fit un geste de la main pour chasser ma question.

— Comment veux-tu que je le sache ?

Je me tournai à nouveau vers les deux hommes après quelques instants de réflexion :

— Où ce champ est-il situé ? Exactement ?

— Près de la forêt des ossements, répondirent-ils à l'unisson.

Voyez-vous ça.

— Cet endroit est connu pour avoir été une ancienne mine de drysolithe, si je ne m'abuse. Or, vous savez comme moi que, si un champ contient de ce minerai, il revient de droit à la famille royale. C'est la loi. Est-ce pour cette raison que vous vous disputez cette parcelle ? Parce qu'il reste de la drysolithe à vendre ?

Je me tournai à nouveau vers mon père sans attendre de réponse.

— Quelle est la sentence déjà pour ce genre d'infraction ?

Le Roi sourit, comprenant où je voulais en venir.

— La mort par décapitation.

Les deux paysans blêmirent.

— C'est que... balbutia celui de gauche, s'il y a de la drysolithe sur ce champ, je n'en savais rien ! Ce n'est pas pour cette raison que nous nous disputons ! Je vous le promets, Votre Altesse.

— Eh bien, nous n'avons plus qu'à envoyer une délégation pour le vérifier ! m'exclamai-je avec bonne humeur.

Je fis une pause pour jauger l'effet qu'avait eu ma phrase. Les deux hommes étaient tremblants de peur. Et celui de droite semblait hésiter à dire quelque chose. Je pianotai sur mon accoudoir, un demi-sourire sur les lèvres.

— À moins que vous ne recouvriez la mémoire et que vous me disiez à qui appartient réellement ce champ...

Aucun des deux hommes ne moufta.

— À votre guise. Gardes ! Allez faire des fouilles sur le champ en question. Si vous trouvez de la drysolithe, revenez ici avec vos preuves et mettez immédiatement ces deux hommes à mort.

— Non ! s'écria celui de droite. C'est son champ ! Pas le mien ! S'il y a un homme coupable, c'est lui, pas moi !

Le paysan de gauche le fusilla du regard, mais ne le contredit pas. Je fus alors convaincu que cette parcelle était à lui et que l'autre mentait.

Je m'adossai sur mon siège et fis signe au scribe de noter les phrases suivantes.

— Est-ce la vérité ?

— Oui, admit le coupable en baissant la tête. J'ai menti pour avoir ce champ. Il ne m'appartient pas. Je le convoitais parce qu'il est bien exposé et que les ossements font de l'ombre aux plantes potagères.

— L'affaire est donc réglée. Scribe ? Rédigez un acte de propriété pour le véritable détenteur du champ. Quant à celui qui a menti, il devra une compensation d'ordre financière à la victime. Vous pouvez disposer.

Les deux paysans quittèrent la salle. Je m'apprêtais à les imiter quand mon père me retint par le bras.

— Bravo fils, belle stratégie. Ton ingéniosité me surprend davantage de jour en jour.

Il hésita quelques secondes à poursuivre :

— Soren... tu sais que je t'aime. Mais j'ai du mal à faire taire mes conseillers. Ils savent que je me fais vieux. Ils veulent que tu te maries pour assurer la descendance de la lignée. Pourquoi n'épouses-tu pas la jeune Yola ? Tu sais très bien qu'elle t'apprécie beaucoup. Je ne pense pas qu'elle te refuserait sa main si tu la lui demandais.

Je dus me retenir de grimacer. Ce n'était pas la première fois que le sujet revenait sur le tapis et je commençais à manquer d'arguments.

— Père, on en a déjà parlé. Je n'aime pas Yola. En tout cas pas comme ça. Et je n'ai encore rencontré personne avec qui j'aimerais passer le restant de mes jours.

Mon père fronça les sourcils, comme lorsqu'il trouvait absurde une de mes idées.

— Ce sont des préoccupations inutiles, Soren ! Tu auras bien le temps d'apprendre à aimer n'importe quelle fille une fois que vous serez unis !

C'est cela, oui, songeai-je amèrement. Comme tu as appris à aimer Mère avant que vous ne fassiez chambre à part ?

Je descendis de l'estrade et fis une révérence respectueuse.

— Navré, Père, mais je n'ai nulle envie de discuter de cela.

Je quittais la salle quand sa voix résonna une dernière fois dans mon dos :

— Très bien, Soren. Mais trouve-moi une belle-fille avant que mes conseillers ne le fassent à ta place...

Entre Ténèbres et Lumière {en cours de correction}Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora