dix-huit » tombe, ange, tombe

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06h01,Medina, WashingtoN


Cela fait plus de quinze heures que je roule et je ne suis pas fatiguée. Aucune envie de dormir, manger ne me vient. Mon corps se transforme peu à peu en quelque chose d'inhumain, je le sais.
Je le sens. Mon teint est cadavérique, mes membres froids, ma respiration inexistante.

Que suis-je devenue ?

Mes mains aggripant une bagnole volée il y a deux heures, je trace ma route à une vitesse phénoménale. À la limite du suicidaire. La nuit est entièrement noire, les phares éclairent mon trajet sans arrêt et le son du moteur hante mon crâne. Jusqu'à une migraine insupportable, identique à celle que j'ai eu dans cette maison.

Je l'ai eu juste après avoir tué des innocents.

J'hurle et -par réflexe- amène mes doigts à mon front, ce qui fait dériver la voiture à l'extérieur de l'autoroute. Un fracas, du sang, incomparables à cette migraine. La douleur est incessante et me fait oublier toutes les choses autour de moi : même cet accident.
L'engin retourné et moi avec, je rouvre les paupières et observe le pare-brise fissuré, couvert d'un liquide visqueux. Mon sang, qui provient de mon cou. Dans le reflet du rétroviseur, je constate un énorme bout de verre dégoulinant planté au niveau des cordes vocales.

Mes doigts le retirent, vivement. Et, dénuée de douleur, je m'extirpe de la voiture d'un seul coup, du verre s'enfonce dans mes cuisses mais je continue de sortir de ce pétrin : je sais où je dois aller, au plus vite.
À l'arrière, j'attrape mon sac-à-dos déchiré mais qui a gardé intact les affaires essentielles. La petite poche à l'avant du sac -déchiquetée- laisse apparaître un bijoux rouillé. Je le reconnais évidemment, et le tripote pendant l'intégralité de mon trajet.

Les larmes aux yeux, j'ouvre et referme le pendentif à la photo de ma mère. Elle est si belle, douce. Sa frange épaisse lui donne un air d'institutrice adorable, son teint de pêche la rend angélique, son sourire semble être signé par un talentueux peintre. Elle était tout mon inverse, au fond je sais que ma mère me haissait pour ne pas être cette fille normale, sociable et parfaite. Et même après sa mort, son sorte de rejet envers ma personne, je l'aime. Je l'aime de tout mon être. Et j'aurais voulu prendre son cancer, mourrir à sa place.
Auprès de mon petit-frère, je suis sans doute aimante et protectrice, pourtant je ne remplacerais jamais l'amour de notre mère. Et je m'en veux de ne pas être adorable, douce et angélique ; je m'en veux d'être moi.

Vers l'entrée de la ville voisine de Seattle, je décide de me cacher dans des buissons et choisir de nouveaux vêtements. Les seuls intacts dans mon sac. Un pull et un jean font l'affaire.
Ensuite discrètement, à l'écart des lampadaires, j'essuie le sang séché pour ne pas salir les fringues.
En sous-vêtements et agenouillée au sol, je commence à enfiler mon jean large et le haut lorsque une voiture s'arrête à ma hauteur.
C'est vrai qu'une personne dans les buissons, seule, en pleine nuit, est louche.

AFRAID • ahs; murder houseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant