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Mingyu marchait d'un pas nonchalant vers son casier, déjà sérieusement lassé par la journée qui s'annonçait désastreuse rien qu'à en voir l'horrible réveil qu'il avait vécu ce matin. Il avait failli louper son bus tout ça à cause de ces stupides téléphones portables dernières générations qui ne sont même pas fichus de sonner assez fort pour réveiller le gros dormeur qu'il était. C'est donc avec une mine fatiguée comme jamais qu'il atteignit sa rangée de casiers, saluant au passage fébrilement quelques connaissances -se croyant au passage fortement apprécié par le beau sportif alors qu'il ne se souvenait même pas de leur nom-, bien qu'il "connaisse" pratiquement le lycée dans son intégralité.

Son sac de sport posé à ses pieds, il tentait vainement de déverrouiller son casier malgré sa vision encore un peu floutée par la fatigue, et pour ne pas arranger les choses, une fois la petite planche de métal ouverte, un énorme paquet tomba à la renverse pour s'écrouler lâchement sur le sol dans un bruit particulièrement désagréable pour ses oreilles. Il lâcha un espèce de grognement d'ogre colérique en pliant ses longues jambes, de sorte à ramasser le tas de feuilles enveloppées par un fil rouge extrêmement bien noué, de façon très propre et très nette. Le noiraud se redressa en plissant un peu plus les yeux, cherchant une quelconque signature, et trouva le morceau de papier qui contenait le chiffre un.

Le jeune garçon ouvrit son sac et jeta le paquet composé de lettres plus jaunies les unes que les autres, soupirant en se disant qu'il les lirait plus tard au vestiaire. Une fois ses livres de cours pour la matinée ayant également rejoins le mystérieux paquet, Mingyu pût finalement tracer vers le gymnase pour se rendre au premier cours de la journée qui allait sûrement le fatiguer encore plus qu'il ne l'était déjà ; éducation physique. Ses baskets cognaient durement sur le carrelage du couloir principal, et le noiraud aurait pu sauter de bonheur s'il n'était pas assommé à moitié en atteignant finalement la porte de sortie.

L'air frais revint pénétrer ses mèches aussi sombres que la prunelle de son doux regard, et un sourire des plus attrayant se dessina sur la courbe de ses belles lèvres rosées. Son humeur fut toute autre, et il se surprit à apprécier le changement soudain que pouvait procurer un simple coup de vent matinal sur son visage tendu de fatigue. Ses pas devinrent plus joyeux, comme sa façon de marcher, et le grand Mingyu ouvrit la porte de leur vestiaire avec beaucoup d'entrain, saluant de la main ses camarades de classe tous pratiquement nus qui stoppèrent leurs activités pour regarder le noiraud et son sourire flamboyant. Seul une personne ne s'était pas retournée, mais Mingyu n'en était pas étonné. Il ne lui avait pratiquement jamais adressé la parole, et savait qu'il ne voudrait de toute manière pas lui parler. Il passa donc à côté de l'élève renfermé sans même oser poser les yeux sur lui, de peur qu'il ne le prenne mal, surtout que le grand noiraud avait légèrement peur de ses yeux ténébreux qui passaient leur vie à scander méchamment la population entière.

Arrivé au niveau d'un banc libre, il déposa ses sacs sur les planches de bois pleines de graffitis parfois gênants, et s'empressa de retirer ses vêtements. Il fut le dernier à être changé, après le rejeton de la classe, et plutôt que de rejoindre la salle principale où ils devaient tous se rendre, Mingyu sortit le paquet de feuilles sous le regard fuyant d'un élève qui passa devant lui comme une tornade pour sortir des vestiaires. Il ne lui accorda pas vraiment d'importance, et s'appliqua à convenablement défaire le nœud qui scellait le paquet, sa langue sortant même d'entre ses lèvres sous la concentration. Ses doigts posèrent ensuite avec attention le fil sur sa cuisse, de sorte à ne pas le perdre, et il déposa également les lettres qui ne le concernaient pas pour le moment vu qu'il devait tout d'abord s'attaquer à la première. Il en déplia le papier soigneusement, se disant que la lettre provenait autrement d'une de ses nombreuses et inintéressantes admiratrices, tout comme les autres, et esquissa un sourire en débutant sa lecture.

Sourire qui fana au fur et à mesure des mots défilants sous ses yeux, principalement en lisant le nom qui figurait à la fin. Jeon Wonwoo. Bien sûr qu'il connaissait ce garçon, celui qui passait son temps à écrire au fin fond de la classe depuis le CP. L'élève qui passait soit complètement inaperçu, soit qui se prenait les railleries de tout un tas d'autres enfants. Mingyu sentit un brin de culpabilité ressortir en repensant à toutes ces fois où il l'avait vu endurer sa scolarité plus qu'en profiter, et que lui même n'avait jamais su de quelle façon venir en aide à un petit garçon froid et distant qui paraissait dépressif dès son plus jeune âge. Il avait déjà pensé à tout bêtement aller lui adresser la parole, en faire son ami et ainsi le rendre un peu moins "vilain petit canard" comme les autres s'entêtaient à le faire passer. Mais quelque chose dans son regard le repoussait, une lueur brillant dans ses yeux et le rendait réticent. Pourtant, malgré cet air presque apeuré qu'il se forçait à avoir envers le brun, Mingyu sentait que quelque chose d'autre l'empêchait de s'en approcher, son cœur le refusait catégoriquement à chaque pas qui écourtait leur distance lorsqu'il souhaitait tenter une approche.

Peut-être était-ce réellement de la peur, ce qui pourrait exprimer un tas de choses et rendre Mingyu un peu plus "normal". Non, il n'était pas comme ça. Classer les gens par catégories horrifiait le garçon au plus haut point, il ne supportait pas ce type de personnes dévisageant constamment tout ce qui ne leur ressemblait pas au détail près. De par le style vestimentaire, les hobbys, les goûts musicaux ou tout bêtement la personnalité. Coller une étiquette sur le front de Wonwoo ne lui correspondait vraiment pas le moins du monde, surtout qu'après avoir lu ses si belles lettres pleines d'émotions multiples -même si elles étaient principalement composées de sarcasmes-, il désirait connaître l'être humain se cachant sous la carapace froide et menaçante que le brun s'était construite.

Remballant avec empressement les lettres dans sa sac après avoir entendu le professeur de sport hurlé son nom à plein poumons, quelle puissance de voix d'ailleurs, il referma la tirette de son sac à dos comme s'il craignait qu'on puisse songer à lui voler son nouveau trésor, avant de partir rejoindre sa classe.

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Voilà donc le premier chapitre de réécris ! Je voulais tenter un tout autre style avec lequel je pense prendre du plaisir à écrire, en espérant également ne pas vous avoir trop déçu >///<
Je vais sûrement mettre une bonne marge entre les publications (ofc pas trop longues non plus pas d'inquiétudes), histoire de pas trop me presser pour écrire la suite et me retrouver à bafouiller tout ça hihi
Chuuh~~

Love letters | meanieWhere stories live. Discover now