XX) Panique à bord !

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Le jour que je redoutais arriva.

Auparavant, j'avais annoncé à Théo, mon rendez-vous avec Gabriel et demandé par la même occasion de me laisser un peu seule quelques jours pour réfléchir à la situation. Il me l'accorda, mais pas sans ronchonner, ce que je comprenais parfaitement.

Bon...me voilà arrivée devant la salle de spectacle. Je ne me sens pas très à l'aise et ce n'est pas à cause de cette magnifique robe longue et très cintrée. Non, mon état est dû à la flèche que je m'apprête à décocher en direction du cœur de Gabriel. Je tremble comme une feuille et une horrible envie de fuir loin de cet endroit me brûle les jambes. Je tente de me ressaisir avant de franchir la grande porte d'entrée, quand j'entends une voix dont je connais toutes les octaves. Je fais brusquement un tour sur moi-même et manque de casser le talon de mon escarpin droit.

— Bonsoir ma chérie !

Bon sang, Théo ! Mais qu'est-ce qu'il fiche ici ?

Puis, mon regard se fige sur son avant-bras enlacé par les griffes d'une tigresse blonde. La colère se diffuse instantanément dans mes veines et mon sang entre d'emblée en ébullition. La chaleur de celui-ci me chauffe les joues et je dois me mordre la langue pour ne pas cracher mon venin sur Millie.

À quoi joue-t-il ?

Pourquoi s'affiche-t-il avec elle, alors qu'il m'a assuré être amoureux de moi ?

Grrr...je peste de l'intérieur, mais je ne veux pas leur donner la satisfaction de me voir jalouse, alors j'applique mon masque d'insensibilité et les accueil avec enthousiasme.

— Ah, bonsoir Théo ! Je vois que tu ne te refuses rien. Tu es en charmante compagnie.

     Bonjour Millie, je suis ravie de te voir.

Et tout cela avec le sourire, les accolades et tutti canti. Je suis une comédienne hors pair ce soir et cela éteint en partie mon incendie sanguin. Théo quant à lui, semble déçu par ma réaction. Son visage se ferme face à mon air enjoué.

Tel est pris qui croyait prendre !

Mon chéri, tu sauras à l'avenir que l'on ne se joue pas de Paola Bianco.

— Salut... Lâche Millie avec dédain.

Quelle conne cette femme ! Je ne comprends vraiment pas comment un homme aussi intelligent que Gabriel puisse être ami avec pareille allumeuse. D'accord, j'avoue que le fait qu'elle convoitise Théo, fausse mon jugement.

Je pénètre enfin dans l'opéra et tout en me dandinant vers les coulisses pour rejoindre Gabriel, un détail me percute. Je me retourne alors en direction du pseudo-couple qui m'avait emboîté le pas.

— Mais, pourquoi êtes-vous venus aussi tôt ? Le spectacle ne commence que dans deux bonnes heures.

La chipie me sourit tout en se frottant le flanc sur le corps de MON chéri.

Vas-y continue ma belle et tu vas assister à la représentation musicale avec quelques dents en moins.

Calme-toi Paola, calme-toi...

— Gab souhaite que je m'assure du bon déroulement post-show. Je suis toujours là pour veiller à ce que la soirée soit irréprochable. Surtout, ne t'inquiète pas pour moi, mon cavalier saura sûrement comment me divertir en attendant le coup d'envoi.

La garce ! Elle sait très bien ce qu'elle fait. Je ronge mon frein et tourne les talons sans même jeter un regard vers le fou du roi.

Ce sont les nerfs en pelote que je frappe trois coups secs sur la porte de la loge du musicien vedette.

Marius m'accueille l'air guilleret, ce qui n'est pas à son habitude, puis quitte aussitôt la pièce.

La scène qui se déroule devant moi me coupe littéralement le souffle et anéanti mon coup de sang. La panique se niche alors dans ma poitrine, mes yeux roulent dans les quatre coins de la loge, mes mains se plaquent sur ma bouche afin d'étouffer un cri d'effarement et enfin, des larmes se relaient sans discontinuer pour humidifier mon visage.

Gabriel se tient debout au milieu de la pièce, vêtu de son costume noir de scène, les mains derrière le dos. Le sol est recouvert de milliers de pétales de roses rouges, des bougies légèrement parfumées sont disposées çà et là et moi, je perds pied et reste plantée sans pouvoir m'exprimer.

— Approche mon cœur...

Il me tend la main en même temps qu'un sourire.

J'essaie tant bien que mal d'avaler quelques goulées d'air et me dirige vers lui. Je voudrais être dotée d'un superpouvoir et si c'était le cas, je choisirais la télé transportation.

Je pose un pied devant l'autre sans réfléchir, jusqu'à agripper ses doigts tendus. Aussitôt, il porte ma main à ses lèvres et l'embrasse avec douceur. Je suis pétrifiée par la situation et surtout, je ne sais pas comment je vais pouvoir m'en sortir. Quand, contre toute attente, Gabriel descend un genou à terre et délivre son autre main cachée derrière son dos. Un scintillement dans une boîte me fait prendre conscience de ce que je suis en train de vivre.

— Paola Bianco, veux-tu devenir ma femme ?

Il y a encore une semaine, mon cœur se serrait emballé à cette demande, mais là, il est plutôt prêt à s'arrêter pour ne pas subir tel supplice. Je sens les mains de Gabriel sur les miennes et je n'arrive pas à contrôler mes tremblements frénétiques. Il se redresse, me plaque contre son torse tout en caressant mes cheveux.

— Tu grelottes ma belle. Ma demande te fait peur ?

Je hoche la tête tout en pleurant sur son beau veston.

— Je ne veux pas te brusquer et encore moins te faire pleurer. Prends tout le temps qu'il te faudra pour me répondre. Je t'aime et j'attendrai...

Les mots se bloquent dans ma gorge et je ne peux pas m'exprimer pour lui dire qu'il fait fausse route avec moi, que je ne suis pas l'ange qu'il imagine, mais plutôt un horrible démon qui va profondément le blesser. Puis, sans que je ne m'y attende, il redresse mon menton et prend ma bouche. Son baiser est tendre, passionné et impossible à repousser.

Putain, je déconne là ! Je ne peux pas continuer à le faire espérer comme cela, c'est inhumain.

Mon pharynx se détend et libère mes paroles.

— Gabriel, je dois te parler.

Il me sourit et se dirige vers un seau à champagne posé sur une petite table.

— Pas maintenant ma chérie, je veux trinquer à nous et me détendre en ta compagnie avant d'affronter mon publique.

Je souffle un « d'accord » et saisis la coupe qu'il me tend. Le breuvage est frais et les multitudes de fines bulles me relaxent en dansant sur ma langue. Gabriel boit tout en explorant mon visage à l'aide de ses doigts.

— Tu es magnifique ! Ta peau est si douce, tes traits si réguliers et je ne parle même pas de ton corps qui me rend complètement fou.

À ces déclarations, il enlace ma taille et me colle contre lui. Je sens le désir qu'il ressent pour moi et j'en suis gênée.

— Tu es tendue ma puce, je sais comment te détendre. Laisse-moi faire...

Je ressens une étrange sensation. Sa voix me semble lointaine, la tête me tourne et mes membres sont anormalement lourds.

— Je me sens mal...

Je m'assieds à même le sol et très vite, ne contrôlant plus mes muscles, je m'allonge. Je ne perçois pratiquement plus les battements de mon cœur, ma respiration est à peine perceptible et une énorme fatigue s'abat sur moi. Les derniers mots que j'entends avant le bruit sourd d'un corps qui tombe sont : « le champagne... ».

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Coucou mes Loulous !

L'auteure diabolique serait-elle de retour ?

OUI, votez : 1

NON : ne votez pas, vous perdriez votre temps ! Mouahahah.... ;)

Biiiiiiiisous !

Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant