XVI) Juste lui, juste moi.

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Mes mains s'ouvrent sans que je ne les commande. Le livre de mémoires tombe bruyamment sur le sol et je sursaute, comme tirée d'un mauvais rêve. Petit à petit, les pièces du puzzle s'assemblent dans ma boîte crânienne. Je réalise qui je suis, d'où je viens. Je réalise, ce que je suis...

Des wagons de questions se bousculent dans ma tête. Des vagues de réponses évidentes m'ensevelissent. Je m'assois en tailleur, relâche mes muscles et me laisse envahir par la peine. J'essaie d'évacuer par les larmes, les images qui se forment dans ma tête. Le plus atroce dans ces révélations, c'est de ne plus être la fille de Tino Bianco...

— Ma chérie ! Tu es à l'étage ? Descends vite m'aider à dévorer l'énorme boîte de chocolats que je viens d'acheter !

Mon Papou... mon petit papa à moi... comment as-tu fait pour jouer ce rôle durant toutes ces années, sans jamais me regarder avec mépris ? Tu es un Saint et je ne veux surtout pas te blesser. Je vais à mon tour jouer la comédie, car c'est avec ma génitrice que j'échangerai sur le sujet.

Je ne suis pas convaincue que ce retour aux sources dans la maison familiale va me remonter le moral. Bon... j'applique mon nez de clown, mon plus beau sourire et je vais rejoindre mon...

Il vide ses sacs de courses dans la cuisine. Je l'observe comme si je le voyais pour la première fois. Depuis ma plus tendre enfance, je suis persuadée d'avoir hérité de tous ses gênes et aujourd'hui, après la découverte de ces mots couchés sur un cahier, je suis totalement perdue.

— Ah, enfin te voilà ! Rien de telles que ces douceurs pour vous redonner la pêche, n'est-ce pas ?

— Tu as raison.

Je me jette sur la boîte et en dévore une dizaine avec frénésie.

— Eh bien, je vois que tu as besoin de magnésium dit donc !

La bouche remplie de ces consolateurs, je hoche la tête pour répondre de façon affirmative.

Puis, la sonnette de la porte retentit. Mon père me regarde d'un air malicieux et semble très enjoué d'aller ouvrir.

— Bonjour Théo ! Entre.

Non, il n'a pas fait ça !

— Ma chérie, j'ai pensé que dîner avec ton meilleur ami te ferait le plus grand bien.

Théo se tient debout dans l'entrée avec une bouteille de vin à la main. Bon sang ce qu'il est beau...

Ses cheveux malmenés par le vent lui donnent un air sauvage qui accentue indiscutablement son charme.Je reste de marbre face à lui et tente de lire ne serait-ce qu'un petit message positif à mon égard. Seulement, son visage ne me donne aucun indice. Ses yeux semblent essayer de percer mon mystère,ils me scrutent comme s'ils me déshabillaient. La tension monte dans mes veines, mes mains deviennent moites, l'envie de me blottir dans ses bras crée un tourbillon dans mon ventre. Je refrène mes ardeurs en pinçant ma lèvre inférieure entre mes dents. Je suppose que ce geste déstabilise mon confident, car son champ de vision change de cap pour atterrir sur ma bouche. Un rire moqueur réchauffe alors l'ambiance pesante qui règne dans la maison.

— Avoue que tu luttes pour ne pas me sauter dessus ! Plaisante-t-il en ouvrant grand ses bras.

Soulagée, je ne me pose aucune limite et cours me blottir dans ce cocon indispensable à mon bien-être. Mon père, qui avait bloqué sa respiration durant notre duel visuel, prend enfin le temps de respirer.

— Les enfants, vous pouvez monter discuter dans la chambre de Paola pendant que je vous mitonne un bon petit plat. Comme au bon vieux temps...

La nostalgie de cette époque passe à travers ses mots. Je dois absolument trouver une solution pour lui ramener la femme de sa vie.

Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant