XVII) La révélation

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— Poulet, frites. Tu sais comment me remonter le moral mon Papou d'amour.

Je lui dépose un baiser sur la joue avant de m'installer à table face à Théo.

— Oui ma chérie. De bonnes personnes autour d'une table et le ventre bien garni, voilà ce qui nous aide à voir la vie en rose.

— Bien dit Tino, plussoie mon ami.

— C'est vrai que ce soir, je suis comblée. Je dîne en compagnie des deux hommes de ma vie et en plus, tu me sers mon plat préféré.

Je fixe Théo droit dans les yeux en m'exprimant. Je le dévore tellement du regard qu'il va finir par penser que je parlais de lui quand je citais mon repas de prédilection. Un sourire en coin se dessine sur son visage et quelques étoiles scintillent sur ses pupilles. Son air taquin est tellement sexy que j'ai une subite envie de traverser la table à quatre pattes pour me délecter de ses lèvres joyeuses. Je prends conscience qu'il perçoit mes idées coquines quand il ébouriffe sa tignasse, masse sensuellement son menton de sa main droite et caresse lentement la mienne de son pouce libre.

— Bon appétit les jeunes !

Je ramasse ma langue, ferme ma bouche et tente de reprendre contenance.

D'accord, nous ne sommes pas seuls, mais gare à toi beau gosse, Paola te réserve pour le dessert et elle ne va faire qu'une bouchée de toi.

— Bon appétit ! Dit-on en chœur.

Le repas se déroule dans la bonne humeur. Mon père site les innombrables bêtises de mon enfance, ce qui déclenche un fou rire général. Cet instant magique me réchauffe le cœur et m'amène à réfléchir sur la vraie signification du mot « papa ». Tino est l'homme qui veille sur moi depuis toujours et ce n'est pas une annonce, si pénible soit elle, qui va changer cela. Il m'aime, je l'aime et le lien qui nous unit est bien plus fort que celui du sang. Je parlerai de tout cela en temps voulu avec ma mère, mais quoi qu'elle me révèle, je suis et je resterai Mademoiselle Paola Bianco.

Enfin repue, je me lève pour servir le café. Je remarque alors que mon paternel regarde sans cesse sa montre.

— Tu as un rendez-vous nocturne avec une jolie demoiselle ? Ironisé-je.

— Mais non, tu es bête ! C'est juste que Charles, tu sais mon voisin, eh bien il m'avait invité à venir regarder le match de foot chez lui sur grand écran, mais ne t'en fait pas, je préfère ta compagnie au ballon rond.

— Oh... Tu es choupinet ! Va vite rejoindre ton copain. Théo va me tenir compagnie, n'est-ce pas très cher ?

— Avec plaisir ma belle, rit-il.

À peine ma phrase prononcée, il quitte sa chaise pour se jeter sur le portemanteau. Il attrape sa veste au vol et nous fait un salut de la main.

— Je viens de découvrir que le foot me plaît beaucoup.

— Ah bon ? Mais pourtant tu détestes ça depuis que tu es tout petit !

— C'est exact. Toutefois, ce soir, je l'aime car il nous permet d'être enfin seuls.

Théo Romy, si tu continues à m'envoyer des signaux, je vais t'arracher tes vêtements et te plaquer contre le mur. Après quoi, j'abuserai de ce corps qui m'émoustille depuis que tu as franchi cette porte.

— On va dans ma chambre ?

Le rouge me monte directement aux joues. Je prends conscience de la double signification de ma demande au moment même où elle franchit ma bouche.

— Paola... Te voilà directe ! Donc, nous montons sans préliminaires au rez-de-chaussée ? Ironise-t-il.

— Arrête de me mettre mal à l'aise, tu as compris ce que je voulais dire.

Il sourit et me signifie d'un geste de la main, de grimper les escaliers la première.

De nouveau dans mon antre, ma boîte à rythme entonne un rock endiablé, ce qui invite ma respiration à l'accompagner.

— Tu vas bien Paola ? Ton teint est crayeux d'un coup.

Si je vais bien ? Je suis morte de trouille à l'idée de t'avouer mon amour déraisonnable.

— Ça va... Je dois te parler, tu te souviens ?

Si une petite souris pouvait me laisser immédiatement une petite place dans sa cachette, j'en serais soulagée.

— Bien évidemment, mais je souhaite vider mon sac avant si tu le permets.

Il me propose de repousser l'échéance, hors de question pour moi de refuser cette sollicitation. Je t'en prie mon lapin, parle le temps qu'il te plaira, tant que cela repousse mon départ pour l'échafaud, tout me va.

— Je t'écoute.

Je m'installe en tailleur sur ma couette et frappe dessus du plat de ma paume pour lui indiquer sa place à mes côtés. Il s'exécute, mais je le sens tendu, sûrement préoccupé par les révélations qu'il va me faire. Il toussote afin d'éclaircir sa voix ou pour gagner quelques secondes de répit et se lance dans le vide.

— Bon... Je ne sais pas trop par où commencer.

Il capte mon regard, saisit ma main et commence à se livrer tout en triturant mes doigts.

Paola, ma chérie, nous sommes très proches depuis notre enfance et je t'ai toujours répété que l'amitié que je te portais était pure et sincère. Seulement, j'ai tronqué la vérité. Si je me suis évertué à vivre si proche de toi, c'est parce que je ne pouvais pas faire autrement.

Je m'apprête à le questionner pour mieux comprendre ses dires.

— Non, s'il te plaît ma belle, ne m'interrompt pas sinon je n'aurai plus le courage de te parler franchement.

J'acquiesce d'un signe de la tête et réprime les larmes qui me montent aux yeux.

— Si j'accepte depuis tant d'années de jouer le personnage du meilleur ami, c'est parce que j'ai la certitude que le premier rôle de Roméo dans le film de ta vie ne sera jamais pour moi.

Quoi ? J'hallucine ou il vient de me déclarer sa flamme ! C'est incompréhensible.

Ses yeux sont si désespérés que mes bras se nouent automatiquement autour de son cou.

— Théo... Mais je ne comprends pas, je... je ne suis pas du tout ton type de fille et... comment es-tu autant persuadé de mon ressenti ?

Il enlace ma taille, baisse les yeux pour éviter les miens et poursuit d'une voix faible.

— Je le sais, c'est tout...

Ah non, tu ne vas pas te défiler ! Maintenant, je veux tout savoir.

Je pince légèrement son menton pour le relever.

— Regarde-moi Théo et éclaire-moi !

Sa bouche m'appelle, ses yeux me supplient, mais je dois résister jusqu'à ce qu'il me crache le morceau.

— Tu avais dix ans...

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Coucou vous ! ;)

Je serais très vilaine si je vous laissais avec une fin pareille, donc je poste la suite dans quelques minutes. :)

À tout de suite...


Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant