VI) Les blessures de l'enfance

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Flash-back : Paola 3 ans.

  — Ça suffit Carla ! Je ne veux plus t'entendre parler ainsi de Paola. Bon sang, c'est ta fille et elle n'y est pour rien !

Tino se tient debout dans la cuisine de la magnifique demeure qu'il a acheté à Rennes, trois ans auparavant, dans le but d'offrir un foyer réconfortant à sa famille. Ses bras gisent le long de son corps et il ne sait plus quoi faire ou dire, pour rendre raison à sa femme, qui de mois en mois, s'éloigne de plus en plus de sa fille. Carla Bianco ne supporte plus la présence de Paola et se console en reportant toute son affection sur la petite Sarah, âgée alors d'un an.

  — Je t'en prie Tino, ne me rappelle pas qu'un jour cet enfant a vécu dans mes entrailles. C'est trop douloureux, je ne peux pas.

Carla serre contre elle, le torchon qui lui sert à essuyer la vaisselle du dîner. Son regard, emplit de larmes, implore son mari de ne plus raviver ce passé bien trop sombre. Mais, malgré sa compassion pour elle, il ne supporte plus de l'entendre tenir des propos désobligeants à l'égard de leur fille aînée. Il est convaincu que sa femme doit consulter un psychanalyste, afin d'affronter les démons qui lui dévorent l'âme. Or, celle-ci refuse catégoriquement de reparler de ce qu'elle a vécu lors de cette fameuse nuit des étudiants.

  — Mais ma chérie, tu lui fais du mal à elle aussi. Tu ne vois pas que tu te détruis en jetant un voile sur ton passé et que par la même occasion, tu détruis notre enfant ?

Tino, peiné de voir sa femme si anéantie, pose sa voix et enlace tendrement Carla. Elle cale sa tête dans son cou, soude son corps au sien et se laisse aspirer par le cocon protecteur de son mari. Elle dépose sa souffrance sur les épaules fiables de l'homme qu'elle a toujours aimé. Elle n'a pas un fond méchant, mais plutôt un fond blessé. Seulement, ses blessures ancrées au fer rouge dans sa chaire, l'empêchent d'être la mère douce et attentionnée qu'elle devrait être avec Paola.

  — Chut, ma chérie... Tu sais que je serai toujours là. Je t'ai juré fidélité, amour et surtout, je t'ai promis de m'occuper de Paola comme si je l'avais moi-même désirée. Je l'aime cet enfant et jamais je ne regretterai mon choix.

Carla renifle et suffoque en écoutant les mots pansements de son mari.

  — Maman ! maman ! Pourquoi tu pleures ?

Isolés dans leur bulle, le couple ne s'aperçoit pas que l'objet de leur discussion se trouve dans le chambranle de la porte. Depuis combien de temps écoute-t-elle leur conversation et surtout, qu'a-t-elle compris de tout cela, du haut de ses trois ans ?

Ils se ressaisissent rapidement. Tino, en affichant un sourire de papa protecteur et sa femme, en tournant le dos à sa petite fille. Mais celle-ci, ne compte pas en rester là. Elle se rue vers sa maman et s'accroche autour de ses jambes comme une bernique sur un rocher. De grosses larmes ruissèlent le long de ses joues et son petit corps frêle est secoué de gros sanglots. Carla reste immobile comme une statue et pour seule réponse à cet appel au secours, elle articule des mots cinglant.

  — Lâche-moi tout de suite et va moucher ton nez !

La réaction glaciale de Carla n'étonne apparemment pas la petite fille en détresse et désespérée. Elle resserre donc encore plus fort son emprise, comme pour supplier sa mère de l'aimer.

  — Viens avec ton Papou, mon cœur. Papinours va te remettre dans ton lit et va te raconter l'histoire de la jolie princesse qui perd sa chaussure de vair.

Il s'agenouille et lui délie délicatement ses petits doigts ancrés dans la jupe de Carla, à tel point que des fibres de coton remplissent le dessous de ses ongles. La Pitchounette tremble de la tête aux pieds et ses petits yeux chocolat crient de douleur. Sa maman, quant à elle, reste figée et ne prononce aucun mot. Arrachée à contrecœur de sa bouée de sauvetage, Paola se jette brutalement contre le torse de la personne qu'elle aime le plus et crie sa douleur en tapant ses petits poings de toutes ses forces. Son papa, patient, attend que sa fille termine de déverser sur lui sa colère d'être mal aimée et ensuite, l'emporte dans ses bras avec une douceur presque maternelle. Une fois sous la couette, elle frotte ses yeux rougis et réclame la lecture de son conte préféré. Le duo père/fille permis encore une énième fois, à poser une couche d'onguent sur la plaie ouverte de ce petit cœur meurtri.

Quelques minutes suffisent pour que la petite princesse s'envole au pays des songes.

Tino se retire alors de la chambre, à pas de velours et retourne affronter sa femme, bien décidé cette fois-ci à mettre sur la table cette histoire vieille de bientôt quatre années.

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Coucou les loulous ! ☺

Petit chapitre, vous allez me dire !

Bah vi, mais ce n'est qu'un flash-back, sûrement utile pour la suite de cette aventure ! ;)

Bisous et à très vite !

Entrée dans la nuit (Terminé ) (Protégé par copyright)Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt