Oikawa

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Être avec Mai, c’était un peu comme passer du temps avec une version féminine et bavarde de Tobio. Juste fascinant.

Elle ne lâchait pas Tooru, qui ne savait pas trop s’il devait s’en montrer reconnaissant ou non. Il avait envie d’être seul, mais il craignait la solitude. Alors, de temps à autres, il tâchait de prêter attention à ce qu’elle racontait. Elle parlait d’elle en général, parfois de Tobio ou d’Hinata.

-Oui parce que, moi-même je lui ai dit, « Tobio, sérieusement, Hinata c’est juste une fantaisie d’adolescent. Si tu veux une vraie relation, cherche ailleurs. » Mais qu’est ce qu’il s’en foutait ! Un borné, celui-là. Je te jure. Alors oui, dès qu’il a été diplômé de Karasuno, il a annoncé qu’il prenait un appart’. J’ai jamais compris que ses parents aient accepté. Moi, si j’avais un fils unique, comme ça…

Tooru soupira et regarda le bout de ses chaussettes. Il avait vraiment envie de dormir, pour oublier, arrêter de penser, arrêter d’avoir mal. Une nuit serait déjà un pas de plus vers la résignation. Non, il ne pouvait pas se remettre avec Iwaizumi de toute façon ; c’était ce qu’il voulait, la séparation, depuis un certain temps déjà… Mais que ça ait été aussi violent le laissait choqué. Il aurait aimé faire ça en douceur, mais là… Il secoua la tête. C’était la pire issue possible.

Finalement, Mai l’aida à transformer le canapé en couche décente et lui souhaita la bonne nuit. Oikawa la remercia, appréciant une dernière fois le bleu de ses yeux tellement semblables à ceux de Tobio. Avant de dormir, il alluma son téléphone, mais n’avait pas de nouveau message. Il ouvrit sa discussion avec Iwaizumi, hésita, la referma. Son jean était inconfortable, mais, de peur d’avoir froid ou d’être impudique, il n’osa pas s’en défaire.

Il était gelé en se réveillant tôt le lendemain, mais ne bougea pas. Il saisit juste son téléphone pour vérifier ses messages ; rien. Tooru décida d’appeler Kuroo dans la journée et essaya de retrouver le sommeil en attendant de se lever. Quand Mai descendit enfin, il était dans un état de somnolence dont il s’extirpa avec difficulté. En se sentant complètement vide, il la rejoignit dans la cuisine et la salua en ne manquant pas de la remercier une fois encore. Il lui demanda si un ami pouvait passer lui apporter quelques affaires de la première nécessité, puisqu’il doutait que les vêtements de Mai puissent lui aller, et qu’il n’avait que ceux qu’il portait la veille et dans lesquels il avait dormi. Tooru déclina le petit déjeuner, n’ayant pas du tout envie de manger, et composa le numéro de son coéquipier.

- Kuroo.

- Oikawa ? Qu’est ce que tu veux de si bon matin ?

Sa voix était encore ensommeillée.

- J’ai besoin de toi.

- Ça ne change pas trop de d’habitude, persifla Kuroo, et Oikawa put littéralement visualiser son sourire narquois.

- J’ai rompu avec Iwaizumi, murmura-t-il en retour.

Un silence accueillit cette déclaration.

- T’es où ?

Kuroo avait l’air tout à fait réveillé, maintenant.

- Chez… la cousine de Tobio. J’ai rien. Rien du tout, pas d’argent, pas de vêtements, pas d’affaires…

- J’arrive.

Tooru soupira, soulagé et réconforté. Il lui donna l’adresse, et informa Mai qu’ils allaient recevoir de la visite. Celle-ci acquiesça, apparemment heureuse, et Oikawa devina que plus elle avait de compagnie, plus elle était épanouie. Le contraire de Tobio, sur ce point-là.

Vingt minutes plus tard, quelqu’un s’acharna sur la sonnette et Mai s’empressa d’aller ouvrir, alors que Tooru se contentait de poser son front dans la paume de sa main d’un air consterné, même s’il était réellement heureux que Kuroo ait répondu aussi vite. Celui-ci déboula au milieu du salon, les cheveux hérissés comme jamais, un sac à la main.

Des Coeurs et des CorpsWhere stories live. Discover now