Kageyama

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La fin des vacances arriva brutalement. Hinata et Kageyama s’imposèrent des plages révisions, qui finissaient majoritairement en allant faire des passes dans un parc. Oikawa lui avait une fois envoyé un sms, mais Tobio lui avait brièvement répondu qu’il ne pourrait pas se libérer, sans retour. Il supposa qu’Oikawa était un peu vexé, même s’il ne l’avouerait pas.

La rentrée fut marquée par l’arrivée des examens et toute la pression de ceux-ci. Tobio eut l’impression conséquente et satisfaisante de ne pas trop s’être planté ; il devait, de l’autre côté, gérer l’angoisse montante de l’absence d’Oikawa. Parfois lui venait l’envie subite de le textoter, juste pour lui montrer qu’il était là. Il aurait voulu le supplier implicitement, et qu’Oikawa le comprenne, qu’il arrive comme ce fameux soir avant les vacances, brutal, imprévisible et tellement désiré ; il avait envie de lui.

La période d’examen se termina le vendredi 6 septembre. En se rendant à l’entraînement le soir, épuisés mais relativement soulagés, Shouyou et Tobio furent accueillis par une équipe surexcitée. Apparemment, ils avaient décroché un match d’entraînement pour le mardi suivant. Le nom de l’équipe en question les figea sur place. C’était celle d’Oikawa.

Tobio avait l’impression que son cœur était quelque part dans son œsophage et l’étouffait. Il sentait le poids du regard de Hinata contre son épaule et percevait, de très loin, l’équipe enthousiaste autour d’eux. Durant l’entraînement, il fit plus de fautes que d’habitude, ayant l’esprit ailleurs. On ne lui reprocha pas, après tout il sortait d’une semaine d’examens, mais à chaque fois qu’il allait chercher une balle, il savait que Hinata l’épiait, et il savait qu’il avait vu sa distraction, qu’il avait compris son trouble. Tobio s’en voulait et enchaînait les erreurs jusqu’à, de lui-même, aller s’asseoir sur le banc. Une première qui étonna tous ses coéquipiers. Hinata et lui restèrent silencieux sur le trajet du retour.

-Et si on y allait pas ? murmura Hinata, soudainement, dans le train, la tête posée contre le siège devant lui.

-Pardon ?

-Au match, mardi ? Si on restait à l’appart ?

Tobio haussa les sourcils en se demandant si Hinata croyait sérieusement qu’il ne devinait pas ses intentions.

-Ils ont besoin de nous, répondit-il machinalement. On peut pas. Et je croyais que ça t’aurais fait plaisir de revoir Kenma, Aone, Kuroo ?

Hinata rougit furieusement et, enfin, lâcha les mots :

-Et toi Oikawa ?

Tobio sentait ses joues brûler et ses lèvres s’avancer pour former une moue, contre sa volonté. En s’efforçant de garder un ton neutre, il marmonna :

-C’est fini avec lui. Ce ne sera pas plus que le passeur adverse.

Hinata secoua la tête et Tobio eut la bizarre impression qu’il était prêt à pleurer. Ils n’en reparlèrent plus, et le ton se réchauffa en fin de soirée. Même épuisé après la semaine qu’il avait eu, Tobio ne trouvait pas le sommeil. Il était anxieux pour la rencontre, bien sûr, et pour Hinata, mais ne pouvait s’empêcher d’être euphorique. Oikawa était le capitaine de l’équipe, or il n’y avait que lui pour avoir proposé un match d’entraînement, avec l’appui de Kuroo, certainement. Une manœuvre pour le voir. Tobio avait des sourires irrépressibles, les yeux levés au plafond baigné de l’aura bleuâtre du réveil, lequel affichait deux heures du matin. Hinata dormait à côté de lui, très près, presque trop, et Tobio sentait son souffle chaud, lent et régulier, dans son cou. Ça le dérangeait presque de penser à Oikawa dans un moment comme ça, mais il ne pouvait contrôler ses pensées. Comment réagirait-il en le voyant ? Qu’espérait-il de cette rencontre ? Evidemment, il n’y avait pas que le volley-ball qui le motivait, même si ça prévoyait d’être un match intense et instructif. Néanmoins, Tobio voyait mal comment ils pourraient être en privé dans un complexe sportif.

Des Coeurs et des CorpsWhere stories live. Discover now