Chapitre 26: Dernier voyage

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                J'espérais vainement qu'un jour elle oublierait que j'avais été atrocement cruel en cet instant, qu'elle oublierait un peu l'horreur qu'elle avait vécue. Qu'elle arriverait à nous pardonner à tous les trois. Nous avions été ce qui avait été le plus proche d'une famille, les uns pour les autres durant quinze années. Nous nous étions mutuellements protégés. Jusqu'au bout tout compte fait. Des larmes terriblement salées coulaientle long de mes joues et se perdaient dans le tissus aussi noir que la nuit que je portais.

-Un peu de courage bon sang ! Tu peux le faire Idriss. Tu en es capable. Me dis-je à mon moi intérieur.

Mais je n'obtins pas de réponse. Finalement, c'est quand on aà le plus besoin de quelqu'un que cette personne n'est pas là. Je reniflais sèchement, essuyais mes larmes traitresses et me mis à la recherche de mes amis. Les deux incapables avec lesquels je m'étais engoufré dans cette aventure. Mais j'étais content tout de même de les connaître. A nous trois, nous étions un peu moins incapables.

J'arpentais en courant à en perdre haleine les interminables couloirs d'Azylis lorsqu'une bien miséricordieuse porte m'interpella.

-Jeune homme ! Il est interdit de courir dans les couloirs...

-Ah, madame, si vous vouliez bien m'être d'une quelconque aide, je vous...

-La salle des miroirs mon grand, dépêche toi ! Ils t'attendent avec impatience.

-Oh, merci mille fois !

Et je repartis de plus belle, courant vers ma propre fin. Les couloirs infinis d'Azylis me donnaient progressivement le tourni. Je ne savais plus où j'étais. Perdu, je m'accroupis un moment pour reprendre mon souffle. Je regardais autour de moi et je vis où j'étais. La porte de notre suite ! Cette dernière me reconnu sur le champ, elle me demanda comment j'étais arrivé ici et où je voulais me rendre.

-Je me suis perdu en route, je...je voulais retrouver mes amis et mettre fin à ce massacre...une porte m'a dit qu'ils étaient dans la galerie des glaces.

-Mais tu ne vas pas dans la bonne direction mon garçon ! Redescends le couloir jusqu'à la première intersection, tourne à droite, suit le même chemin sans dévier de ta route, ensuite à la cinquième à gauche prend les escaliers qui montent, à partir de là, je ne peux plus rien pour toi, tu devras te laisser guider au fur et à mesure part d'autres portes que moi.

-Merci beaucoup ! Adieu, porte... Terminias-je ne me relevant et en reprenant ma course effrénée.

Le silence regnait en maître, à croire que tous avaient déserté la ville, rien ne bougeait et je rythmais les secondes par les bruits de mes pas. Je suivis à la lettre les instructions de la bienveillante porte. Je compatais à voix basse, comme pour ne pas perturber ce silence pesant de toute sa puissance. La pluie était defferlation, trombes de sang bouillant incessantes, j'arrivais à en sentir l'odeur âcre de l'intérieur des murs. Arrivé à l'étage supérieur, je vis des pierres provenant des murs étalées sur le sol recouvert de poussière et de troupeaux joyeux de moutons minuscules qui faisaient un bien étrange contraste avec la situation.

Un air glacé aux relents douceâtres me gifla le visage, j'étais au niveau du jardin où nos doubles nous avaient attaqués ! Tout allait en se simplifiant, tout allait bien vite, tout allait se terminer pour nous, tout allait changer. Je me repérais grâce au son du vent aggaçant sur mes jours et mes oreilles, il passait entre mes mèches et me les mouillaient avec du sang chaud, mais le fond était glacé et je ne saurat l'expliquer. De la cendre tombait sur l'herbe orangée, mais elle était froide comme de la glace, les arbres jusque-là encore vert et bleu dressés, commençaient à se recroqueviller sur eux-même et à se dessécher. Idriss, tu ferais mieux dene pas rop trâiner en route...me dis-je.

Malédiction et contre sort Tome 1: MalédictionWhere stories live. Discover now