Chapitre 20: Dissection et Cristal

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Pendant tout le reste du repas de fête bruyant et lourd, je ne mangeais presque rien et gardais les yeux rivés sur mon assiette à peine touchée. Aleck tentait par n'importe quel moyen de me changer les idées. Alors il me parla de l'invention de Mc Intoch. Du nouveau prototype qu'il avait créé en fin d'après-midi. Il me parla chaleureusement durant ce qui me sembla être une éternité, mais je fus obligé de constater que c'était plutôt instructif sur les avancées de notre prochaine mis-sion de sauvetage. Finalement nous allions sauver Killi des griffes de rapaces de nos doubles dans moins de temps que je ne le pensais, et comme dirait Micty, nous allions y perdre nos précieuses petites fesses.

Le ciel était maintenant noir comme jamais et je décidai de couper court à ce repas de fête afin de prendre l'air. Afin de mener ma petite sortie nocturne à bien, j'attendis patiemment qu'Aleck finisse de me raconter comment nous n'allions pas nous faire attraper par les gardes d'Azylis. Une fois que son attention fut accaparée par autre chose, je m'éclipsais le plus discrètement possible. Ce n'était pas bien difficile, avec tout le monde qui riait, se déplaçait et même pour certains, qui dansait. Avant ma sortie, juste devant la porte, je me fis intercepter par le valet d'Adil qui m'avait ouvert la première fois, il servait une boisson alcoolisée et m'en proposa une. Avec un sourire affable plaqué sur le visage. Faisant fi de son expression, je pris un verre, me disant que cela ne pourrait qu'effacer le côté négatif des dernières heures. En avalant, quelque chose se coinça dans ma gorge et j'ingurgitais alors une deuxième gorgée de ce breuvage euphorisant. Trouvant que c'était assez agréable à boire je terminais entièrement la coupe et la reposait quelques mètres plus loin sur le bord d'une table recouverte d'une nappe ivoire ou écru, peut importait comment on appelait ces couleurs qui se ressemblaient toutes.

Je sorti de la pièce et, ne pouvant plus résister, couru jusque dans la cour intérieure du châ-teau. Je me sentais vidé et exténué même si rien de bien dangereux ne s'était produit aujourd'hui. Le breuvage aux multiples senteurs florales n'avait pas réussi à faire passer l'amer goût du sang et des larmes de ma bouche. J'entendais encore les rumeurs de la fête de ce soir. Il y en avait qui était heureux, c'était déjà ça. J'aspirai une grande bouffée de l'air froid de la Nuit. J'entendis une sorte de sifflement de plus en plus aigu puis une masse blanche qui traçait un parfait contraste avec le noir profond de cette nuit. Je ne saurais dire si j'étais en train d'halluciner. Mais je voyais cette masse blanche quelque peu difforme comme je voyais en cet instant les arbres de la cour danser devant mes yeux. Les rumeurs du repas de fête, la musique entrainante, le bruissement des feuilles dans les arbres, tous ces sons que j'entendais parfaitement distinctement auparavant se mélangeaient en une dense cacophonie incompréhensible. Je respirais à nouveau, plus doucement, pour calmer mes sens, mais rien n'y fit. L'air froid d'il y a quelques instants devenait infect et suintait sur ma peau comme de la sueur nauséabonde. La tête me tournait et je m'affalais lourdement sur l'herbe humide, et senti comme des milliers de fourmillements mes bras, tels des centaines d'araignées velues se promenaient le plus tranquillement du monde sur mon corps.

Je restais, stupéfias de voir devant mes yeux déjà troublés un, gigantesque serpent multicolore aux multiples dents de cristal et aux yeux d'un noir brillant de haine avancer, à moitié en rampant, à moitiés me dominant de trois bons mètres. Et au lieu de résister à cette étrange attraction que je ressentais pour cet étrange animal que je n'avais jamais encore croisé, je le regardai se dandiner vers moi avec cette fascination malsaine qu'on à pour les yeux d'une belle femme qu'on convoite mais que l'on aura jamais. Je frissonnais, me rendant compte du gâchis que j'avais fait cet après-midi. Normalement, le prêtre, ou le druide, ou que sais-je, demandait à la foule si ce mariage dérangeait quelqu'un et le héros de l'histoire qui était amoureux de la jeune et jolie jeune héroïne, se manifestait et l'histoire finissait bien ! Terriblement bien, dans un livre, que Micty lit. Mais nous sommes actuellement dans la vraie vie, donc pas de chance de rattraper cette journée gâchée. Et cette nuit ne portera conseil à aucun de nous. Le serpent aussi dangereux qu'irréel semblait attendre sagement que je prenne une décision. Me mettant au défi de le combattre, me montrant ses crocs acérés et ses écailles luisantes.

Malédiction et contre sort Tome 1: MalédictionWhere stories live. Discover now