Fer rouge ...

Depuis le début
                                    

Mais toujours cette intuition chevillée au corps, celle qui me criait haut et fort que j'étais loin du compte et que ca n'allait pas me plaire du tout...

Finalement poussée par un accès de courage inattendu, je soulevai d'un coup la moitié du pansement.
Et restai figée.

...

C'était pire que tout ce que j'avais imaginé.
Un cauchemar.

Non.
Mon pire cauchemar.

Non plus.
Pire que mon pire cauchemar 

...

Pire que des aveux signés.

Ma vie était foutue. Ni plus ni moins.
Jamais plus je ne pourrai porter autre chose que des manches longues et des gants. Du moins tant que je n'aurai pas la possibilité de le faire recouvrir. Et j'avais pas la moindre idée du temps qu'il fallait laisser « reposer le tatouage » avant de pouvoir le faire. Des années si ça se trouvait.

Tatouage de merde
Charlie de merde
Léo de merde
VIIIIIIE DE MEEEEEERDE !!!

Tant que je serai vivante, plus jamais la moindre substance illicite ou la plus infime dose d'alcool ne s'approcherait de moi ! 

Sans prévenir, les larmes se mirent à dégringoler sur mes joues, pendant que le reste de mon corps était secoué par un fou-rire dément et incontrôlable.
Les vannes lâchaient. En bonne et due forme

Quand Zoé entra dans ma chambre à peine 5 minutes après le départ fracassant d'Alex, elle s'arrêta net sur le seuil, jeta un coup œil circulaire à la pièce et prit quelques secondes pour évaluer la situation. Habituée à mes excès et dérapages émotionnels, elle se mit aussitôt en mode "gestion de crise stade 5"
Sans un mot, guidée par la routine, elle traversa la chambre pour se rendre dans la salle de bains et fit couler l'eau dans la baignoire avant de revenir me chercher une fois remplie. Après avoir attendu tranquillement que je me sois glissée dans l'eau chaude, elle vint s'installer derrière moi sans prendre la peine d'ôter son pyjama et me prit dans ses bras, avant de commencer à me laver les cheveux en douceur. L'opération dura de longues minutes, le temps nécessaire à ma résurrection de s'amorcer.

Quand nous repartîmes nous coucher, emmitouflées dans nos épais et moelleux peignoirs, le débrief pu enfin commencer.

- Alors Lise, combien ?

Je la regardai sans vraiment la voir, incapable de répondre à sa question rituelle.
J'étais pourtant plus qu'habituée à cette drôle de manie que ma cousine avait depuis toujours d'évaluer chaque situation de crise sur une échelle allant de 1 à 10.

Devant mon absence de réponse, elle renouvela sa question, son sourcil droit froncé en signe d'intense réflexion

- Je vois ... Vu l'état dans lequel j'ai vu partir Alex, j'imagine que je peux très exceptionnellement ouvrir l'échelle ... alors, combien ?

Sans le vouloir, mes yeux se posèrent une micro-seconde sur mon poignet avant de revenir se planter dans ceux de Zoé.

- 1 000... au bas mot

Toutefois, le coup d'oeil que j'avais espéré fugace et surtout discret ne le fut pas. Avant que j'ai le temps de finir ma phrase, Zoé s'était emparé de mon poignet, les yeux grands ouverts.

- Est-ce que c'est ce que je crois ? Parce que Charlie en a un aussi, un dont elle est particulièrement fière. Et je te parle pas de Camille qui bombe le torse depuis une heure comme Tarzan.

C'était encore pire que ce que je croyais.
Tout le monde allait faire le rapprochement en moins de deux.
Une nouvelle fuite vers mon Brésil chéri semblait se profiler à la vitesse grand V.

Puissance 1 000 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant