Chapitre 56

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Elle le contempla avidement.

Mathieu, dans toute sa puissance, qui s'offrait soudainement à elle avait des airs de bête fabuleuse. Mathieu qui savait si bien la plier à ses désirs, Mathieu qui ordonnait et possédait... Mathieu qui, sur l'instant, s'étendait à ses côtés en lui laissant la primeur de l'acte.

Son cœur battait à toute vitesse dans sa poitrine.

L'image était fascinante.

A travers les feuilles des arbres les surplombant, le soleil posait sur le visage de Mathieu des éclats de lumière qui se mouvaient au gré du vent, passant sur ses paupières à demi-fermées, sur la ligne de sa mâchoire et, plus bas, sur le triangle d'ombre qui marquait l'avant de son cou. Son t-shirt au col ample laissait apercevoir les reliefs de ses clavicules et deviner ses épaules larges sous le tissu, ainsi que toutes les courbes et creux de son torse, et même apparaître un espace de chair au bord de la ceinture de son bermuda. Elle prit appui sur un bras et écarta, rêveuse, le rebord de son t-shirt de l'autre main. Son ventre lui apparut.

– Tu ne me touches pas ? murmura-t-elle.

– Non.

– Pourquoi ?

– Parce que ce n'est pas ce que tu veux.

Elle ne sut saisir le sens de ces mots. Elle releva les yeux sur son visage.

– Parce que tu veux me toucher, toi, précisa-t-il.

Le regard de Mathieu présentait des profondeurs inhabituelles, plus douces que d'ordinaire.

– Parce que tu veux me posséder, souffla-t-il enfin.

Claire en fut stupéfaite.

D'un coup, elle fut sur ses genoux, ses mains des deux côtés de son corps alangui dans l'herbe. Elle se mordilla la lèvre inférieure, captivée.

Mathieu ne lui avait jamais laissé le pouvoir, ainsi, auparavant.


– Lève les bras, dit-elle.

Mathieu eut un petit sourire en coin, presque arrogant dans la manière dont il la fixa. Il n'en obéit pas moins, faisant remonter légèrement plus encore son t-shirt dans le mouvement.

Elle le contempla.

Il était provocant, avec sa tête posée sur son avant-bras, l'inclinaison amusée de ses lèvres et sa manière de la scruter. Il aurait pu être un félin, sur le dos, s'offrant à ses caresses ; le fait qu'à tout instant il pourrait sortir les crocs et reprendre le pouvoir était manifeste.

D'envie, elle posa la main sur ses abdominaux les faisant durcir sous sa paume. Elle remonta plus haut, étirant le tissu au passage, suivant le grain de la chair sous ses doigts. Lorsqu'elle put voir les deux tétons au bord des pectoraux, elle s'arrêta. Mathieu la fixait toujours avec un air de Diable.

– Tu joues, lui dit-elle.

– Peut-être.

Il n'en eut pas tout à fait l'air, cependant, tandis qu'il lui répondait.

Son regard partit dans le vague :

– Peut-être pas...

Et ce fut comme si elle pouvait voir les failles, en lui. Elle ne dit rien, trop troublée pour pouvoir encore réfléchir.

Lentement, elle fit glisser ses doigts sur sa peau, son torse, longeant le rebord de son bermuda dans lequel elle glissa légèrement le doigt, le faisant à peine entrer. Que Mathieu s'offre ainsi à elle la fascinait. Ça faisait écho à la curiosité qu'elle éprouvait à l'égard de la part de soumission, en lui, mais pas seulement : à l'image persistante qu'elle avait de son dos strié après leur première rencontre, aussi... Avec une fébrilité inédite, elle s'assit sur ses cuisses pour tirer son t-shirt vers le haut. Mathieu contracta son ventre pour se relever légèrement et accompagner le mouvement. Elle ôta son vêtement, le mettant torse nu face à elle.

Elle déboutonna ensuite son bermuda.

– Tu ne te déshabilles pas ? dit-il.

Elle releva les yeux sur son visage.

A la manière dont il la fixait, il aurait pu la dévorer.

– Non.

C'était si surprenant de l'avoir ainsi sous elle... et de pouvoir le posséder, elle aussi ; de voir les règles si vivement renversées. Elle en éprouvait un désir intense de pousser l'expérience plus loin, de voir vraiment ce que lui offrirait Mathieu, ce qu'il allait lui donner. Et sa propre audace la troublait également, mais rester vêtue tandis que Mathieu se dénudait représentait une forme de pouvoir trop étonnante pour qu'elle veuille s'en priver.

Mathieu ne dit rien, arborant simplement cette expression qui disait qu'il jouait et, en même temps, pas tout à fait. Curieux.

Il se laissa faire. Elle lui retira ses chaussures, ainsi que le reste de ses vêtements, jusqu'à ce qu'il se retrouve entièrement nu et parfaitement à sa merci. Avec son sexe tendu, son corps offert à son regard et ses yeux noirs qui semblaient fouiller son âme, il était un éloge à l'érotisme.

– Baise-moi, souffla-t-il de nouveau.

Claire ne répondit rien. Elle resta juste à le fixer.

Son pouls pulsait jusque dans son crâne.

Quand il lança brusquement la main vers son cou pour l'attraper par la nuque et l'attirer à lui, elle se raidit de surprise et sentit son corps s'échauffer avec force, mais il ne la plaqua pas contre lui. Il stoppa juste son mouvement alors que leurs bouches n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'une de l'autre.

L'initiation de Claire - Version Wattpad (roman édité chez Harlequin)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant