Chapitre 27

10.4K 220 10
                                    

Le gémissement du soumis répondit à son propre émoi, tandis que Mathieu ajoutait la tension de ses doigts à celle du plug l'envahissant déjà. C'était à la fois douloureux, trop puissant, et excitant. Son corps résistait à l'intrusion, semblant vouloir rejeter ces éléments trop nombreux en lui, essayer de s'en décharger. Elle ferma vivement les paupières, expulsant l'air de sa poitrine.

Le souffle de Mathieu fut à son oreille.

– Ouvre les yeux.

Il ne retira pas ses doigts pour autant.

Il lui mordilla le lobe tandis qu'elle s'accomplissait.

– Tu es trempée, dit-il.

Et il poussa ses doigts plus loin, majorant la pression qu'elle éprouvait déjà, la faisant resserrer les mains sur les barreaux de la cage et haleter.

– Je crois que je vais laisser ce plug en place et te prendre en même temps, murmura-t-il. Qu'est-ce que tu en dis ?

Elle dirigea ses yeux humides vers lui. Elle ne pourrait pas. Mathieu était déjà assez imposant, jamais son corps ne s'étirerait assez. Il ne disait pas ça sérieusement, il ne voulait pas pour de bon, il... Mais elle ne put rien déceler dans son expression qui vint contredire ses mots.

A côté d'eux, les coups continuaient à résonner, les gémissements et le décompte avec. Claire avala sa salive, incapable de répondre, submergée par l'émoi. Mathieu retira enfin ses doigts.

– Regarde-le, dit-il en fixant la scène qui se jouait devant eux.

Claire y reporta son attention.

Le soumis tremblait, la respiration vive et les paupières fermées, tout à la force de ce qu'il vivait et... bien qu'il lui présente essentiellement son dos, elle pouvait le voir, de la place qu'elle occupait, son sexe était dur et tendu. Le spectacle la perturba suffisamment violemment pour qu'elle éprouve le besoin de s'en détacher. Il lui rappelait trop son propre vécu et elle ne savait plus où elle en était, de toute façon.

– Je préfèrerais repartir, dit-elle à Mathieu.

– Comment tu le trouves ?

Elle se mordit les lèvres en contemplant de nouveau la scène.

– Troublant.

– Tu l'étais plus encore, la dernière fois.

Elle intégra l'information, non sans la trouver bizarre. Elle ne pouvait pas se projeter dans ce qu'elle voyait, elle ne pouvait pas s'imaginer à sa place. Elle n'en dit rien.

Mathieu laissa passer un temps.

Puis il déclara :

– Suis-moi.

Et il l'entraîna plus loin, laissant derrière eux les cris, les coups et les gémissements qui ressemblaient de moins en moins à des expressions de douleur et de plus en plus à des témoignages d'extase.

Ils arrivèrent dans la salle dont émanait la lumière vive. Claire y découvrit un éclairage puissant, devant lequel les corps livrés à l'extase, dont elle avait pourtant déjà croisé des exemplaires jusque-là, lui parurent plus crus : le sexe, débarrassé de tous ses apparats. Elle expira de surprise quand Mathieu la poussa soudain contre le mur, la faisant le heurter avant de posséder avec la même fougue sa bouche, l'embrassant à perdre haleine. Elle s'accrocha avec force à ses bras mais il attrapa ses poignets pour les épingler des deux côtés de sa tête, la poussant à la reddition. Les mots qui sortirent de la bouche de Mathieu furent de la braise :

– J'ai envie de te baiser.

Elle le fixa par en-dessous, le défiant de le faire.

Si on lui avait demandé comment elle se sentait, elle n'aurait pas su mettre de mots dessus, tellement elle était confuse, tout repère disparu.

L'affrontement, avec Mathieu, restait toutefois une base solide. Un domaine dans lequel elle conservait une forme de marques. Que Mathieu la retourne maintenant, retire ce plug exaspérant et pousse son sexe à la place, comme il le lui avait promis. Elle ne demandait rien d'autre.

La lumière l'éblouissait. Elle dut détourner le visage autant pour protéger ses yeux que parce qu'elle ne pouvait pas lutter contre le regard de Mathieu. Ces pupilles noires, profondes, avaient bien trop du gouffre... Elle perdait, à chaque fois. Tout combat qu'elle livrait n'était condamné qu'à être perdu d'avance.

Mathieu l'attrapa par la main pour la décoller du mur et la tira à sa suite, l'emportant vers l'autre côté du donjon : celui qui séparait l'espace public où s'ébattaient les membres de celui, privé, dont seuls les dominants du club possédaient les clefs.

Quand ils passèrent le rideau qui les en isolaient, elle était à court de souffle, ne sachant définir à quelle sauce elle serait croquée, si ce n'était que, de toute son âme, de toutes ses forces, elle était prête à se perdre dans les méandres où Mathieu l'emporterait.

L'initiation de Claire - Version Wattpad (roman édité chez Harlequin)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant