L'envers du décor ! (Pdv Alice)

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Quel culot il a celui la ! Se permettre de rentrer chez moi et de cogner mon petit ami, il me dégoûte. Je soigne rapidement Samuel et nous allons nous coucher. Vu le mal de tête que j'ai, niveau galipette ce sera partie remise. Je suis incapable de faire quoi que ce soit, et puis les montagnes russes des émotions, très peu pour moi. Je n'ai pas non plus envie de tergiverser avec Samuel sur tout ce qui vient de se passer. Il va vraiment me prendre pour une bipolaire, qui un coup lui saute dessus et dix minutes après ne veut plus aucun contact mais pour l'instant je m'en moque. J'ai juste envie de me coucher. Il le comprend et ne se hasarde pas à quelque contact que ce soit si ce n'est une petite bise de bonne nuit. Il se positionne dans mon dos et m'enveloppe de ses bras. Ainsi je me sens rassurée. Je sombre alors dans un sommeil tourmenté.

Le lendemain, j'émerge vers 11h et je ne suis pas de meilleure humeur que la veille. Samuel me demande les raisons de mon comportement d'hier soir.

- C'est ton ex ?

- Non c'est compliqué laisse tomber

- Et pourquoi est-ce qu'il m'a sauté dessus ? il est fou ce type ! me dit-il énervé

Il peut l'être car sa pommette a maintenant virée au violasse. Je n'ai même pas envie de prendre soin de lui, je ne saurai expliquer l'état dans lequel je suis. Je dirai que ma vie sentimentale est un désastre. D'un côté, je suis harcelée par un malade mental pendant plusieurs semaines mais étrangement son expression d'hier soir me reste en tête et de l'autre côté, j'ai un autre petit ami adorable de qui je n'ai pas envie de me rapprocher. Qu'est ce qui ne tourne pas rond dans ma tête ?

- Oublie ce qui s'est passé hier soir, je suis désolée

- Je ne peux pas Alice, ce mec m'a cassé la gueule

- Et pourquoi il a fait ça ? il a dit que tu m'avais agressé

- Mais ce n'est pas vrai !

Je ne suis pas d'humeur et le ton monte

- Et comment tu expliques que j'étais dans e couloir et que je me retrouve dans mon lit à moitié inconsciente ? j'ai entendu des bribes de votre conversation

- Lesquels ? me répond-il soudainement très intéressé par ma dernière phrase. Il semble apeuré tout à coup

- Qu'est ce qui ne va pas ?

- Euh rien ! dis-moi ce que tu as entendu. Après la peur, je dirais maintenant qu'il ressent de la gêne. J'en déduis immédiatement qu'il n'est pas clair dans ses propos

- Pourquoi ça t'intéresse autant ? tu n'as pas l'air serein dis-je sur un ton sarcastique. Je cherche volontairement à le provoquer car il ne me semble pas honnête du tout.

- Si ça va mais j'aimerai savoir ce que tu as entendu

- Est-ce que Yann disait vrai Samuel ?

- Non je t'ai dit que non continue-t-il visiblement agacé, en se tripotant les mains

- Regarde-moi, est ce que c'est vrai ?

- Laisse tomber, je préfère partir, vous n'êtes pas nets ici !

Je le vois se lever et la mon sang ne fait qu'un tour. Je réalise que j'ai fait une énorme erreur en mettant Yann dehors hier soir. Pour une fois qu'il faisait quelque chose de bien. J'ai préféré croire Samuel qui se fout de moi depuis le début.

- Pourquoi tu fuis comme ça ? tu as quelque chose à te reprocher ?

- Non c'est bon laisse tomber. Ras le bol de jouer le gentleman avec une frigide écervelée dans ton genre

- Pardon ?

Mon seuil de tolérance est largement dépassé et sa joue droite étant déjà bien colorée, je me dis qu'il faut uniformiser tout ça. Je lui envoie donc un coup droit du côté gauche. Il s'avance sur moi, comme s'il allait répondre directement à mon attaque mais se retient en serrant les dents.

- Dégage ! lui dis-je froidement, le bras tendu vers la porte.

Il détale sans se retourner et je claque la porte. Je cours dans ma chambre et me défoule en envoyant des coups de poings dans mes oreillers. Je crie, je hurle mais rien n'y fait la douleur, la culpabilité, la colère...rien ne s'estompe alors je continue jusqu'à être à bout de force. Je m'arrête les phalanges rougies par le frottement du tissu et au bord de l'asphyxie complète.

Par fierté, certainement mal placée, je n'envoie pas de message à Yann pour le remercier d'être intervenu hier soir. Je ne veux surtout pas qu'il pense que j'excuse son comportement.

***

Je me retrouve donc à passer mon lundi seule. J'ai encore eu une bonne idée en prenant ma journée pour profiter de mon pseudo petit ami. Quel mufle ! je traîne devant la télé en pyjama et mange de la glace devant télé shopping à 9h du matin ... cherchez l'erreur ! si j'avais su que je tomberais si bas ! je ne veux voir personne et préfère me morfondre telle une Bridget Jones en dépression.

Marine me laisse un message en me demandant si j'ai passé une nuit de folie. Rien qu'à la lecture de ce message, je fonds en larme. Je continue avec un épisode de Joséphine Ange gardien, on atteint des sommets de la culture française. Ange gardien, je ne pourrais pas en avoir un justement qui veille sur moi ? Si je devais faire une série, ce serait Alice diable en personne. Quelle vie !

Il est 17h quand Mathieu m'envoie un message

De : Mathieu

A : Alice

Date : lundi 18 juin 2016 à 16 :58

Coucou ça va ? Ce soir débrief du week end au resto chez Gwen (Jules Verne) à 20h

Tu n'as pas le choix !

Je n'ai franchement pas envie de bouger, encore moins de parler de la catastrophe ambulante que je suis et je n'ai pas besoin de me lamenter sur mon sort. Je ne suis pas faite pour être heureuse, je dois me faire une raison. Je lui réponds que je n'ai pas envie mais il répond tout de suite en me disant : « c'est un ordre, je sais que tu en as besoin ».

Je vais alors prendre un bain et enfile une tenue décontractée. Cheveux lâchés, pas de maquillage, ça ira très bien pour voir Mathieu.

J'arrive au restaurant à l'heure. Je me rends compte que le lieu est plutôt classe et que je ne suis pas tout à fait habillée en conséquence. Je suis tellement dépitée que je n'éprouve même pas de gêne à traverser la salle au milieu des autres clients qui me dévisagent. Les tables sont nappées de blanc avec un sur nappage de couleur abricot. Des petites compositions fleuries sont positionnées au centre de chacun d'elles. Je n'ai jamais mangé dans un restaurant si haut de gamme. Le maître d'hôtel m'invite à le suivre et me positionne dans un angle de la salle, derrière un paravent en bois flotté, à l'abri des regards indiscrets. Mathieu pense vraiment à tout et nous a prévu un petit endroit cosy pour pouvoir échanger plus facilement. Je commence à me détendre et sort mon téléphone portable.

Trois minutes après, je reçois un message de Mathieu :

De : Mathieu

A : Alice

Date : lundi 18 juin 2016 à 20 :08

Ne m'en veux pas, je pense que c'est nécessaire. Je suis là, si tu as besoin en sortant


Quoi ?! je ne comprends rien ! J'entends alors derrière moi :

- Bonsoir Alice

Je me retourne et reste choquée, la bouche ouverte.


Love trip - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant