Saltibarščiai

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Un mois.
Un mois s'est écoulé depuis que je suis venu te rejoindre. Un mois que nous sommes retournés à Baltimore. Cependant tu ne vis plus dans cette grande demeure, non, maintenant tu vis dans ce vieux motel qui laisse vraiment à désirer alors que d'habitude, je ne suis pas le genre à m'en préoccuper, un lit est un lit, une chambre est une chambre. Par contre, j'ai l'impression que tu t'en fiches. De toute façon, je ne te reconnais plus, moi qui pensais avoir vu cette lueur dans tes yeux, qui n'exprimait que l'envie de faire resurgir le bon vieux Hannibal Lecter, je me suis trompé. C'est encore pire aujourd'hui. Je pensais réellement qu'une fois revenus ici, nous serions partis à la recherche de Mischa. Mais encore une fois, je me suis trompé. Tu passes tes journées à boire jusqu'à ne plus tenir debout ou à vomir tout ce que tu as bu, alors au début, je venais caresser ton dos en te murmurant que je trouverais un plan, un moyen de la faire sortir de... De je ne sais où d'ailleurs, puisque je n'en sais pas plus depuis que sommes ici. Je n'ai même pas vu Jack, ni Alana, ni personne. Mes journées se résument à te surveiller lorsque je le peux. Je tourne en rond et toi aussi, je ne sais pas ce que nous sommes devenus mais ce n'est pas ce que je voulais. Pas du tout même. C'est tellement pathétique, tu es pathétique et je le suis aussi. Je t'abandonnerai pas, mais je ne vois pas l'intérêt dans tout ça. Tout ça, ce n'est pas grand chose.
Il y a des jours où tu vas un peu mieux, tu me dis que tu sais ce que tu as à faire et je te laisse sortir de la chambre en espérant que ça soit le bon jour. Mais tu ne reviens que tard le soir, bourré car j'imagine le « je sais ce que j'ai à faire » veut certainement vouloir dire : me bourrer la gueule dans l'un des bars de la ville. C'est un cercle sans fin, interminable et je craque.
C'est d'ailleurs pour cela que je décide de te rendre visite qu'en fin d'après-midi, même si je pense que tu n'es déjà plus maître de toi-même. Tant pis. J'entre dans la chambre sans frapper puisque tu la laisses toujours ouverte, ce que je trouve dangereux mais je te l'ai déjà trop dit. Tu n'en fais qu'à ta tête.
Cependant, je reste surpris. Tu es assis sur le lit, sans aucun verre à la main. Tu me fixes quand si tu te doutais que j'allais arriver à ce moment précis. Au début ça m'aurait surpris, mais j'ai l'habitude, tu devines toujours tout, même au plus bas. Dans tous les cas, je ne fais mine de rien et je retire ma veste pour la poser sur la table de la chambre.

- Tu n'es pas venu ce matin, pourquoi ?
- Je n'en voyais pas l'utilité. Répondis-je.
- Tu n'en avais pas le droit.

Un rire nerveux s'arrache de mes lèvres et je détourne mon regard du tien parce que j'ai de plus en plus de mal à te regarder, j'ai l'impression de revenir quelques années en arrière. Je vais exploser.

- Comment ça je n'en avais pas le droit ? Ça fait des semaines que je te surveille nuits et jours Hannibal. Ça fait des semaines que je te sors de ton propre vomis, que je t'aide à te mettre dans ton lit comme un vulgaire déchet. Tu crois que ça me plaît de faire ça ? Je me bats pour qui Hannibal ? Hein ? Et ta sœur, tu l'abandonnes ? Comme ce que tu as fait avec moi ? Mais moi, je suis ici, avec toi, je ne t'ai jamais abandonné et toi tu l'as fait. Tu nous as abandonné. Alors excuse-moi d'avoir pensé ce matin si oui ou non ça en valait la peine. Je devrai juste aller me rendre au F.B.I.

A la fin de mes dires, un ange passe et plus aucun de nous deux semblons vouloir ajouter quelque chose. Je regrette rapidement ce que j'ai dit parce que je le vois quelque part dans tes yeux, que je t'ai blessé. D'ailleurs, tu ne tardes pas à te lever du lit afin de t'approcher de la porte, de l'ouvrir. Je réplique alors un « où vas-tu ? » mais tu ne me réponds pas. A la place tu me laisses ici, seul. Je dois m'attendre au même refrain, c'est-à-dire toi qui reviens ce soir, bourré. Je passe donc ma main sur mon visage, en soupirant.
C'est peut-être de ma faute, tout ça. Après tout, c'est moi qui nous ai fait chuté du haut de cette falaise alors que nous aurions pu trouvé un autre moyen, tous les deux. Je n'ai que ce que je mérite. C'est comme ça.
De ce fait, je passe une, deux, trois heures assis sur l'une des chaises de la pièce, à attendre que tu reviennes. Durant tout ce temps, je ne détourne pas mon regard de la fenêtre ou du moins du paysage à travers les stores. Dans l'attente que tu réapparaisses. Cependant, j'ai dû m'endormir puisque je sursaute lorsque l'on tape à la porte, je n'ai vu personne et j'ai une grosse marque sur ma joue puisque je me suis appuyé sur la table pour dormir, sans en avoir vraiment conscience. Mais je n'y fais pas attention, je me précipite rapidement pour ouvrir la porte.

- Hanni...

Je suis coupé dans mon élan quand je me rends compte que ce n'est pas toi qui es sous l'encadrement de la porte. Ce n'est pas toi qui me braques avec une arme. Mais Alana. Cette dernière semble terrifiée et me fait reculer de quelques mètres, je lève même mes mains face à elle.

- Alana ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Où est-il Will ?
- De qui est-ce que tu parles ? Il n'y a que moi ici.

Elle remonte un peu plus son arme dans ma direction, ce qui me fait encore reculer d'un pas bien que je tente de réfléchir pour la désarmer.

- Ne joue pas au plus con. Hannibal, où est-il ? C'est son nom que tu as voulu prononcé. Où est-il ? Oh Will, qu'est-ce que tu as fait. Pourquoi veux-tu encore le protéger après tout ce qu'il nous a fait ?
- Comment as-tu su où je me trouvais ?
- Je t'ai suivi. Jack ne sait pas que tu es ici, il te pensait encore en Lituanie après avoir vu le vol que tu as pris.
- Alana, est-ce que tu savais que Jack avait Mischa ? La sœur du Docteur Lecter.
- Sa sœur ?

A sa question et à son regard, je remarque rapidement qu'elle ne sait rien de tout ça, ce qui me rassure. Je peux toujours la mettre hors de tout ça. Je vais pour m'approcher un peu plus de sa personne, quitte à prendre le risque de me faire tirer dessus même si je sais qu'elle ne le fera pas, pas sur moi. Mais contre toute attente, l'expression de son visage change, elle fait tomber au sol son revolver avant de s'écrouler elle-même sur la moquette, inerte. J'ai le réflexe de l'appeler avant de relever mon regard sur la silhouette qui se trouvait derrière elle. Cette silhouette qui t'appartiens.

- Bonjour à vous aussi, Docteur Bloom. Dis-tu froidement, en refermant la porte derrière toi.

Inside your veinsWhere stories live. Discover now