Bulviniai sklindziai

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Un mois s'est écoulé depuis que j'ai appris que tu étais en vie. Que Mischa, ta sœur, était en vie. Ça me paraît tellement surréaliste, mais pas tant bizarrement. Pendant un mois je n'ai pas arrêté de mener mon enquête bien que j'ai cessé de me rendre à Quantico, c'est à peine si je sors de chez moi. Même si Jack et Alana me rendent visite, à contrecœur. J'ai l'impression d'être l'un de ces mecs tarés, celui qui reste enfermé avec des photos d'une personne collées sur son mur. Tu sais, avec du fil rouge. Bien qu'en soi, j'ai toujours été taré, mais tu aimais ce côté de ma personnalité, alors pourquoi ne m'as-tu pas emmené avec toi ? Je me suis longtemps demandé si après nous avoir poussé du haut de cette falaise, tu t'étais rendu compte je n'avais plus rien d'intéressant à cerner. Comme si tu avais fait le tour de ma personne, comme si tu en avais eu marre de ce Will Graham. De moi. Après tout, si je ne suis pas à tes côtés aujourd'hui, c'est sûrement pour ça. Et je ne sais pas pourquoi je m'obstine de la sorte, à chercher où tu peux bien te trouver. Te cacher, avec elle. D'ailleurs, des fois, je me surprends à la détailler sur cette photo. Elle est belle. Elle n'a pas autant de prestance que toi, mais presque. Je suis jaloux, tu sais. Ça ne me ressemble pas, mais je dois bien avouer qu'avoir toute ton attention, c'est très flatteur. Tu dois vraiment l'aimer pour accepter de traverser l'océan sur un bateau de clandestins. Est-ce que tu aurais fait la même chose pour moi ? Dans tous les cas, je compte venir te rejoindre, quand bien même tu ne le souhaites pas. Peut-être que tu ne veux plus me voir, mais j'ai le droit à des explications, quitte à en payer le prix. Je veux te l'entendre dire.

C'est pour cela qu'après quatre semaines, bientôt cinq, je me suis dit que tu ne pouvais pas te trouver ailleurs qu'en Lituanie. Je sais que tu ne pouvais pas y retourner, mais puisque ta sœur est vivante ce n'est plus d'actualité. N'est-ce pas ?

C'est pour cela, qu'à cet instant même, je franchis les portes de l'aéroport. J'ai réservé un billet d'avion pour venir te rejoindre, en sachant que Jack s'en rendra compte dans les jours qui suivront. Je me suis longtemps demandé si le faire était une bonne idée, puisqu'il saura où te trouver. Mais j'ai l'impression que nous avons dépassé ce stade, où on en avait quelque chose à faire de se faire traquer, enfin, de te faire traquer. Je ne dis pas que ce n'est pas autant risqué, mais ce n'est plus ma première préoccupation. Et malgré ma détermination, je stresse. Enfin, ça s'en rapproche en tout cas.

*******

Après 11h de vol et une escale, me voici en Lituanie. La Lituanie est celle qui possède l'histoire la plus tourmentée parmi les trois pays baltes, étrangement ça te correspond bien et je ne peux m'empêcher de me demander si tu as toujours été comme ça, si tu as toujours été le Hannibal que je connais. Qui sait, si seulement tu pouvais me parler. Mais je compte bien en apprendre un peu plus sur Mischa et sur toi, sur le pourquoi du comment elle est finalement en vie. Je veux des réponses.

Alors c'est après avoir fait un tour chez toi, dans ton ancienne demeure, que je finis par m'arrêter dans le cinquième bar que je trouve, puisque comme prévu, tu n'es pas retourné là-bas. J'ignore la raison qui fait que je m'assois sur l'un des tabourets, en face du barman. C'est vrai quoi, ce n'est pas comme si tu étais un adepte de ce genre d'endroits. Pourtant, lorsque l'employé me demande en anglais -après avoir compris que je ne comprenais absolument rien de sa langue-, ce que j'aimerai boire, je lui sors à la place mon téléphone afin de lui montrer ta photo. En vérité, je m'attends à ce qu'il me dise qu'il ne t'a jamais vu, comme les autres, mais ce n'est pas ce que je lis sur son visage quand il observe attentivement le cliché. Il fronce même ses sourcils avant de relever ses yeux en direction de ces quelques personnes attablées, alors j'ai le réflexe de me lever et de me retourner vers elles. C'est justement à ce moment là qu'il ajoute dans son accent prononcé que tu ressembles à un homme qui se rend souvent ici depuis plusieurs jours, que tu ressembles à l'homme assis au fond du bar.

Sans plus attendre, je me fraye un chemin entre les tables. Le visage de l'homme qu'il m'a indiqué se dessine peu à peu et je crois avoir pensé que ça ne pouvait pas être toi. Où est passé l'homme en costume que je trouvais si raffiné et gracieux ? Où est passé l'homme que tout le monde admirait ? Où est passé Hannibal ?

- Hannibal ?

Après avoir prononcé ton prénom, ton regard se pose sur ma personne et j'en ai presque le souffle coupé. Je ne t'ai jamais vu dans cet état. Je ne pensais même pas que c'était possible de te voir comme ça. De voir ces cheveux en bataille, de voir cette barbe mal rasée, de voir ces yeux être soulignés de cernes et de voir ces joues si creuses, tellement creuses que ça me rendrait presque malade. D'ailleurs, un long silence s'est installé sans que l'un de nous deux ne répondent quelque chose, je le remarque bien que tu es autant surpris que moi. C'est peut-être à cause de ça justement que tu restes là, à me fixer jusqu'à ce que je m'installe brusquement sur la chaise qui se trouve en face de toi.

- Retourne à Baltimore, Will.

Quoi ? J'ai du mal à y croire. J'ai traversé l'océan pour un « retourne à Baltimore » ? Qu'est-ce qu'il se passe pour que tu sois si méconnaissable ? Autant physiquement que mentalement ? Putain Hannibal, où es-tu ? Et le pire dans tout ça, c'est que je n'arrive plus à parler tant le choc est violent. Tu détournes même ton regard du mien pour observer tes mains tremblantes avant de te lever. Où es-tu. Où es-tu. Où es-tu. Où es-tu. Qui es-tu.

- Pourquoi ? Dis-je finalement, ce qui semble t'étonner.

- Pourquoi ? Parce que le Hannibal que tu cherches est mort. Il n'existe plus.

Non, non, non. Je ne peux pas y croire, ce n'est pas possible, je ne peux pas avaler ça. Ma tête gueule trop fort, je n'arrive plus à réfléchir. Alors je me redresse également.

- Je suis au courant pour Mischa.

Et là, c'est de trop. J'entends du verre se briser derrière moi, et je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir que tu as lancé ton verre contre le mur. Les quelques personnes présentes nous fixent, ou plutôt te fixent, et je fais de même d'ailleurs quand je remarque que tes yeux se remplissent de larmes.

- Je t'interdis de prononcer son prénom.

Cette douleur que je lis dans ta voix transperce mon être tout entier et je te suis du regard quand tu engages le pas pour rejoindre la sortie. Il me faut un temps de réaction pour faire de même mais lorsque je mets un pied dehors, je m'arrête net. Ce que je vois est encore pire. Toi, écroulé sur le sol tandis que la pluie s'abat sur ton visage, ce qui cacherait presque tes joues ravagées. Je m'avance donc jusqu'à toi avant de poser mes genoux sur le goudron, c'est peut-être à ce moment là que je remarque à quel point tu empestes l'alcool. Mais ça ne me fait pas fuir, au contraire, je passe ton bras sur mes épaules tandis que le mien entoure ta taille. Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que l'on t'enlève de moi ?

- Rentrons, Hannibal.


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