Chapitre 36

128 12 5
                                    

Point de vue externe

Comme à toutes les semaines depuis la disparition de sa progéniture, Emile débarqua au commissariat avant de se rendre au boulot pour un bref bilan de l'enquête. Le rendez-vous avait été fixé dans la soirée, mais entre-temps, le chirurgien avait reçu un appel de son supérieur, Monsieur Malcolm, l'informant d'une nouvelle intervention d'urgence prévue le soir-même. Trop pressé pour avertir le détective et trop impatient d'avoir des nouvelles sur sa fille, Emile avait décidé de lui rendre visite en matinée, alors qu'il avait un peu de temps libre.

Le village était d'une tranquillité apaisante. Bien que la tension de l'enlèvement de Jo soit encore palpable, la vie avait repris son court à un rythme régulier. La peur des parents s'était un peu dissipée et on voyait de plus en plus d'adolescents sortir avec leurs amis le soir dans les rue d'Eigle. On s'habituait tranquillement à l'idée qu'un meurtrier soit en liberté, peut-être bien dans les parages, détenant avec lui une jeune fille dont la majorité des habitants avait côtoyée.

Emile Miles poussa la porte du commissariat. Un garçon le salua derrière le comptoir à l'entrée. On le connaissait bien, au poste de police, depuis la tragédie qui l'avait touché. Le père de Jo lui répondit d'un petit signe de main en continuant sa route vers le bureau de Klovis. Il frappa trois petits coups contre le bois et patienta plusieurs secondes sans que la porte ne s'ouvre.

−      Monsieur Larkman ? l'appela-t-il en collant son oreille contre le portail.

Il lança un regard interrogateur vers le réceptionniste qui haussa les épaules. À cette heure-ci, Klovis était toujours à son bureau. Or, comme son local n'était que loué dans la bâtisse et qu'il travaillait indépendamment, les autres officiers ne se préoccupaient pas de ses heures de boulot.

Emile tourna la poignée qui s'avéra déverrouillée. En ouvrant la porte, l'homme s'aperçut que la lumière était allumée tout comme l'ordinateur portable reposant sur le bureau massif. Des piles de papiers étaient éparpillées sur la surface de bois, comme si le détective avait laissé son travail en suspens. Emile fronça les sourcils. Où était-il donc partit ?

Il regarda derrière lui avant de refermer la porte doucement. Il ne pouvait pas se résoudre à commencer sa journée sans avoir de nouvelles, sans quoi il n'aurait aucune concentration, chose essentielle dans sa profession. Il devait être à l'hôpital dans moins d'une heure. Il n'avait pas le temps d'attendre le détective.

Emile soupira en passant une main sur son visage. La curiosité lui rongeait l'intérieur. Jo ne détenait pas ce trait de caractère par un pur hasard. À pas incertains, il s'avança vers la table disposée au milieu de la pièce, sur laquelle reposait une variété de documents.

Seulement un petit coup d'œil, se dit-il intérieurement pour faire taire sa voix intérieure qui l'implorait de faire demi-tour.

Après tout, ces papiers ne devaient pas être confidentiels. Et même s'ils l'étaient, c'était de ses affaires, à lui aussi. Il s'agissait de sa propre fille ! Il avait droit de tout savoir sur cette enquête. Si Klovis avaient de petites cachotteries, c'était le moment ou jamais de le démasquer.

Il commença par lire les feuilles trainant sur le dessus du bureau, gardant les bras derrière son dos pour s'empêcher de déplacer quoique ce soit. Il n'y avait rien d'autre que des rapports incompréhensibles, des articles de journaux imprimés en rapport avec Harry Styles, le prisonnier qui avait possiblement enlevé sa fille, et des notes illisibles. Sur l'ordinateur figurait la vue de la caméra de surveillance de sa maison, la caméra qui lui avait permis de voir Jo pour la dernière fois il y a quelques semaines.

Whispers of EvilWhere stories live. Discover now