Chapitre 5

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Son visage était livide et pendant un moment, j'aurais voulu savoir ce qu'il pensait. L'angoisse se lisait dans ses yeux, mais il restait tout de même en parfait contrôle de lui-même. Durant un instant, il resta silencieux, détaillant ce qu'il voyait. Et en regardant les traces de bottes ainsi que la porte fendue, il n'était pas difficile de comprendre que quelqu'un était entré ici.

J'essayais du mieux que je le pouvais de contenir ma peur. Je ne suis pas du tout rassurée qu'un étranger se soit introduit dans la cabane lorsque nous dormions, surtout après l'aveu que m'a fait Harry durant la nuit. De plus, le chalet se retrouve perdu parmi un essaim d'arbres. Qui aurait bien pus nous trouver ici ?

Ne pouvant plus contenir mes questions, je brisai le silence :

–    Penses-tu qu'il s'agit de Klovis ? l'interrogeai-je d'une voix basse, presque dans un souffle.

Il tourna la tête vers moi, abandonnant enfin la scène des yeux. Il sembla réfléchir quelques secondes, fixant le vide derrière moi, puis baissa les yeux vers le sol tout en secouant sa tête.

–    Non, ce n'est pas Klovis. Si ça avait été Klovis, tu ne serais plus là en ce moment, affirma-t-il d'un ton froid.

J'avalai difficilement après cette déclaration. Sur le visage déboussolé d'Harry, je cru apercevoir du soulagement. Je ne connais pas Klovis, mais la façon dont Harry me parle de lui et le regard inquiet qu'il m'a porté m'indique que cet homme n'a rien de bon. Il m'est néanmoins encore dur de croire Harry et de lui attribuer complètement ma confiance, bien que j'ai reconnu son explication comme étant la plus probable. Tout ça me paraît si irréel.

–    Alors si ce n'est pas Klovis, continuai-je, qui c'est ?

Harry se dirigea vers le salon, inspectant le sol. Les traces de pas révélaient que l'intrus avait marché jusqu'au séjour après avoir défoncé la porte, puis était repartit. Harry s'accroupit près de la planche de bois fissurée et l'examina. Après un petit moment, il se releva et passa le portail pour se retrouver dehors.

–    Il a fendu la porte avec ma hache, déclara-t-il en me désignant celle-ci du doigt, ignorant ma question.

L'outil était par terre sur le perron, comme si on l'avait utilisé. Cela faisait du sens. S'il avait défoncé la porte en frappant dedans, nous nous serions réveillé beaucoup plus vite et il n'aurait pas pus accomplir ce qu'il avait l'intention de faire. Avec la hache, qui est bien plus silencieuse, il a eu le temps de partir avant même que j'arrive dans la cuisine.

–    Harry, est-ce que tu sais qui ça peut être ? demandai-je une nouvelle fois.

Il laissa échapper un soupir et passa une main dans ses cheveux.

–    Non, avoua-t-il. Je n'en ai aucune idée.

Je soupirai à mon tour, inquiète. J'allai dans le salon en suivant les pas boueux. Quelque chose attira mon attention sur la table basse se trouvant devant le canapé. Je me souviens très bien avoir fouillé dans les piles de papiers se trouvant sur le meuble pour essayer de retrouver mon téléphone quand je me suis réveillée hier. Cependant, sur la même table basse, se trouve à peine quelques feuilles emplies de notes. Dans mes souvenirs il y avait une multitude de plans et de documents surlignés, mais il ne reste plus que des feuilles froissées.

–    Harry ? l'appelai-je, examinant toujours la table basse. Viens voir.

Il arriva d'un pas léger derrière moi et regarda par-dessus mon épaule ce que je désignais du doigt. Tout de suite, l'expression habituellement neutre d'Harry se changea en affolement. Ses yeux étaient ronds et fixaient la table basse.

Whispers of EvilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant