Chapitre 16

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Nous cheminions dans la forêt depuis plus d'une trentaine de minutes. Harry menait la marche et je suivais ses pas de très près, regardant fréquemment derrière mon dos, de peur que nous soyons suivis. Malgré le fait qu'il avait du mal à trainer sa jambe, Harry refusait que je continue de l'aider à marcher. Une question de fierté, je suppose.

Il avait enlevé son bras d'autour de mes épaules dès que nous étions assez loin pour ne pas nous faire repérer, affirmant qu'il était capable de se débrouiller seul. Maintenant, il peinait à progresser parmi les racines et les branches d'arbres obstruant notre chemin. Son visage était tordu et chaque pas avait l'air de lui infliger un mal atroce, mais je gardais le silence. Il est inutile d'insister, s'il veut que je lui prête main-forte, il faudra qu'il pile sur son orgueil et me le demande lui-même.

Le trajet était silencieux jusqu'à maintenant, tous les deux trop concentrés à écouter attentivement les bruits nous entourant pour dire quoi que ce soit. J'essayais de ne pas penser à la possibilité qu'on nous ait pourchassés ou qu'on nous retrace, mais d'épouvantables scénarios infestaient ma tête.

Je ne m'étais toujours pas remis de mes émotions de tout à l'heure et si une de ces éventualités devait arriver, je ne crois pas être assez forte mentalement pour résister à Klovis. Je me roulerais probablement en petite boule, pleurant sur mon sort.

Du côté d'Harry, avec sa jambe, il ne tiendrait pas plus de quelques secondes, surtout contre plusieurs hommes surement armés. Klovis oserait-il nous abattre devant une troupe d'hommes ? D'après ce que je sais de lui, ça ne m'étonnerait pas.

−         Où allons-nous ? demandai-je à Harry, désirant chasser ces idées de ma tête.

Il me regarda et ralentit le pas afin que je sois à ses côtés.

−         J'ai des connaissances, à Helfond.

Sa réponse me surpris. Je ne pensais pas qu'il allait accepter de me parler de ses plans. J'envisageais plutôt quelque chose du genre : « C'est mieux pour toi de ne pas le savoir, Jo. »

Puis, une pensée me vint à l'esprit.

−         À Helfond ? C'est là où se trouve la prison où tu étais enfermé, pas vrai ? demandai-je.

Je vis ses épaules se crisper et il hocha la tête, redirigeant son regard vers l'avant. Je pouvais déceler de la honte et ce qui me semblait être de la douleur dans son visage. Je n'avais aucune envie de m'attarder sur le sujet, en tout cas, pas maintenant. Mais d'un autre côté, c'était peut-être l'occasion d'obtenir des réponses à mes questionnements.

−         Et c'est dangereux, de retourner là-bas ?

Son regard se durcit et ses poings se serrèrent, non pas à cause de la colère, mais plutôt comme s'il était confronté à une pensée angoissante ou un dur souvenir. Il prit une inspiration avant de dire, d'une voix basse :

−         Oui, peut-être, mais on n'a pas vraiment le choix. Avec un peu de chance la police aura déjà abandonné les recherches dans la ville.

Il ne sembla lui-même pas croire ce qu'il venait de dire. J'eus une drôle de sensation, comme si ce que nous faisions était mal. Pourtant, en y pensant, ça me paraissait être une bonne cause. C'est Klovis, celui en tort, après tout. Je ne pus m'empêcher de m'interroger sur Harry. Ce qu'il a fait était illégal. Il s'est enfui d'une prison et qui sait ce qu'il a pu faire d'horrible pour y arriver. Mais même si ça aussi, c'était mal, il y avait tout de même un fond de bien : si ce qu'il dit est vrai, Harry a été accusé alors qu'il n'avait rien fait. Et c'est injuste de devoir fuir pour sa liberté de la sorte.

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