Retour en arrière

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Quelques jours plus tôt

La porte de bois s'entrouvrit tranquillement, un léger grincement retentissant dans la masure. Un jeune homme passa la tête dans l'ouverture pour regarder à l'intérieur de la petite demeure. Ses cheveux bruns étaient attachés en un chignon à la va-vite, laissant quelques mèches bouclés tomber de chaque côtés de son visage. De la sueur enduisait son front et sa respiration était saccadée, dût à l'épuisement de la course folle qu'il venait d'entreprendre.

Le garçon eut un mouvement de recul face à l'odeur pestilentielle s'échappant des lieux. La puanteur de la moisissure, du renfermé et des ordures en décomposition émanaient de la cabane étroite. En poussant délicatement la porte, le nouvel arrivant fut ébahi par l'état de l'intérieur. Des couches de saleté recouvraient l'ameublement et des boules de poussière tournoyaient sur le sol. On put même distinguer une toile d'araignée naissante dans un recoin de l'habitation.

En passa un doigt sur le meuble d'entrée, le jeune adulte emporta une traînée de détritus avec lui. Il fronça les sourcils, déconcerté. Pourtant, il avait toujours connu son oncle comme étant si propre.

Toujours avec cette odeur ignoble au nez, il commença à scruter les alentours.

– Oncle Julien ? s'écria le bouclé en progressant lentement dans la cabane, un sac remplit de documents importants sur le dos.

Il ne reçut aucune réponse, à son grand étonnement. Il marcha vers la cuisine où l'évier débordait de vaisselle sale et ouvrit le réfrigérateur, espérant y trouver quelque chose pour se rassasier. Il était mort de faim suite à son long trajet et ses jambes ne tenaient presque plus debout. Une fois la porte complètement ouverte, le garçon eut un haut-le-cœur, se bouchant instinctivement le nez. Une forte odeur de pourriture s'évada du réfrigérateur, apportant un sérieux dégoût au jeune homme.

Toujours le nez pincé, il tendit un bras pour prendre la pinte de lait caillée reposant sur une tablette. Du bout des bras, il alla la jeter à l'extérieure, se retenant de vomir. Il prit aussi quelques autres aliments périmés et les lança dehors près du carton de lait. Il était vrai que son oncle n'avait pas toujours de la nourriture très fraîche chez lui, mais il était tout de même étrange qu'il n'ait pas acheter une nouvelle boîte de lait, au moins.

En revenant devant le réfrigérateur, le garçon agrippa un paquet d'haricot et en dévora une grande partie avec appétit. Même après avoir jeté la nourriture périmée, la forte odeur de moisissure persistait encore, toujours aussi répugnante et insupportable. Le jeune homme finit tout de même de manger, essayant d'ignorer la nausée qui l'envahissait. Après son court repas, il continua d'explorer la cabane.

C'était le chalet de son oncle depuis toujours. Il l'avait construit au beau milieu d'innombrables arbres afin d'être dans un silence apaisant lorsqu'il viendrait passer ses étés ici. Son neveu savait qu'au mois de juin, il était supposé être déjà arrivé, mais il eut quelques doutes face au calme de l'endroit.

Quand il fut dans la chambre de son oncle Julien, il remarqua que le grand lit était défait et que la lumière sur la table de chevet était encore allumée. Étrange, s'était-il dit. Son oncle n'était pas du genre à quitter son chalet en oubliant de faire son lit et de fermer les lumières.

En tirant sur le tiroir de la commode placée à une extrémité de la chambre, le jeune homme observa que le peu de vêtement que possédait son oncle, comme sa chemise carottée rouge et noire et ses fameuses paires de jogging, était encore là, plié au fond du tiroir.

Là, il n'eut aucun doute, son oncle ne pouvait pas être absent.

– Oncle Julien ? répéta-t-il en levant la voix, la nervosité s'emparant de son corps.

Il sortit rapidement de la chambre pour regarder à l'intérieur de la pièce voisine, là où il avait l'habitude de dormir quand il visitait le chalet, plus jeune. Là encore, personne n'y était. Brusquement, il ouvrit toutes les portes sur son passage, mais ne tomba sur nul autre que de la poussière.

Puis, arrivant à la petite salle de bain, il eut l'impression d'arrêter de respirer. Il entendait son cœur dans ses oreilles et la douleur se propagea en lui. Il porta sa main à sa bouche, ne croyant pas ce qu'il voyait.

D'abord, il avait sentit cette puanteur fétide qui s'échappait de la pièce. Elle était beaucoup plus intense que partout ailleurs dans la cabane, levant le cœur du bouclé. Il aurait probablement dût boucher son nez, comme il l'avait fait en ouvrant la porte du réfrigérateur qui dégageait une odeur supportable contrairement à celle-ci, mais il était complètement paralysé par ce qu'il voyait. Cette vision horrible devant lui, d'un homme qu'il connaissait bien, étendu sur le sol froid de la salle de bain, blême, une main posée sur la poitrine. Aucun doute qu'il était sans vie, et ça depuis plusieurs jours.

Sous le choc, le garçon resta figé sur place, une main contre sa bouche, à dévisager le corps qu'il voyait. Son oncle, celui avec qui il avait passé de ses plus beaux moments étant plus petit, était maintenant mort devant lui.

Plus tard dans la journée, après avoir nettoyé la cabane pour tenter de chasser le chagrin qu'il éprouvait, l'adulte en devenir alluma un feu à l'extérieur avec quelques branches qu'il trouva éparpillé dans les bois. Dedans, il y fit brûler un carton de lait, de la vieille nourriture pourrie et le cadavre de l'homme qui fut autrefois le père qu'il n'avait jamais eu.


Il regarda la scène en silence, le visage impassible. Pourtant, des larmes coulaient à flot sur ses joues et son cœur était déchiré. Harry n'avait eu nul autre choix, il s'était endurci.

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Dorénavant, des petites parties comme celle-ci s'ajouteront au cours de l'histoire pour aider à votre compréhension. Il s'agit, comme vous avez pu le remarquer, de flashbacks de ce que certains personnages ont vécu. 

/!\ Les retours en arrière ne sont pas nécessairement en ordre chronologique alors fiez-vous aux marqueurs de temps en italique et au contexte pour mieux vous situez. 

Je croise les doigts pour que vous appréciez ! Dîtes-moi ce que vous en pensez. La suite sera postée lundi.

Angie.

Whispers of EvilHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin