And the winner is ...

Depuis le début
                                    

2 semaines complètes s'étaient donc déjà écoulées et j'avais rencontré quantité de conseillers et investisseurs plus foireux et louches les uns que les autres, certains franchement incompétents dès le premier coup d'oeil, d'autres suintant le salace, aux mains limites baladeuses, uniquement interessés par ma petite culotte et en aucun cas par l'affaire qui m'amenait. Un m'avait même proposé de sauver ma boite si je l'épousais et l'apportais dans ma corbeille de mariage. 

Bref, à pourtant moins d'un mois de Noël, aucun miracle n'avait eu lieu et je savais pertinemment qu'une semaine de plus ne changerait rien à la donne. 

Bien sur, si j'avais su mettre mon égo et mon ressentiment de côté, j'aurais fait appel à mon ancien boss, ne serait-ce que pour qu'il m'indique un contact un peu plus fiable et sérieux que ceux que j'avais trouvés seule. Mais j'en étais incapable. Dès qu'il s'agissait d'Alex, ma raison et mon bon sens se faisaient la malle, et la seule idée de lui être redevable de quoi que ce soit me rendait malade. 

Alors lui devoir le sauvetage de la boite de mon père était juste inconcevable.

Triste de ce constat, j'attrapai mon téléphone pour appeler le dernier numéro que j'avais dégotté pour pleurer ma cause quand il se mit à sonner dans ma main. C'était la banque et spontanément je su que je n'allais pas aimer ce coup de fil.

Quand Zoé arriva dans mon bureau 5 minutes plus tard, je terminais de ranger mes affaires et mon ordinateur portable dans ma sacoche

- Ca y est t'as pu avoir un rv avec le dernier gars de la liste ?

- Non, je vais à la banque.

- A la banque, mais pourquoi ? C'est que le 30 normalement, y a un problème ?

- Aucune idée. J'ai pas eu beaucoup de détails, si ce n'est qu'ils avaient une nouvelle importante à me communiquer et que je devais venir immédiatement.

- Mais genre bonne ou mauvaise nouvelle ?

- Genre je sais pas, tu connais les banquiers, moins chaleureux et empathiques y a pas, alors transmettre une émotion, t'imagine bien ...

- Oh, ils sont pas tous comme ça tu sais ... je me souviens d'un trader qui savait parfaitement me transmettre tout un tas d'émotions ...

- ZOE !

- Bah quoi ?

- Tu peux garder tes frasques pour toi aujourd'hui ? Et puis je te rappelle que c'est pas un trader de 30 ans, frais et frétillant que je vais voir, mais un vieux qui sent la naphtaline et qui tient mon avenir avec sa simple signature sur un dépôt de bilan. Alors je suis pas franchement d'humeur là.

- Bon bon, pas de diversion via une anecdote croustillante alors, dommage ... J'en avais des vraiment coquines ... En tout cas attends-moi, je viens avec toi voir les vieux schnocks

Elle disparu de mon bureau aussi sec et j'en profitai pour m'éclipser sans l'attendre. J'avais beau adorer ma cousine, son côté sanguin et surprotecteur envers moi ne me disait rien qui vaille aujourd'hui. Je n'avais pas l'énergie pour gérer une Zoé remontée comme un coucou suisse, prête à défendre mon honneur et mon salut d'une phrase assassine, très haut perchée dans les aigus. Beaucoup trop risqué.

Par chance, un taxi libre passait devant moi alors que je sortais de l'immeuble et je m'y engouffrai avant d'être rattrapée par ma furie. A peine 20 minutes plus tard, il me déposait devant l'hôtel particulier qui abritait la très sélect Banque Lazarevitch & Sons déjà deux fois centenaire. Je m'étais toujours demandé comment mon père avait pu atterrir ici où tout transpirait le fric et le m'as tu vu. Rien que la bergère sur laquelle mes fesses étaient posées, stressées à mort l'une contre l'autre, devait valoir plus que mon ancien salaire mensuel chez Alex, pourtant plus que confortable. Les innombrables esquisses, toiles et sculptures modernes qui encombraient le hall de réception commençaient à m'oppresser, tant elles m'agressaient par leur surenchère de mauvais gout. L'art contemporain n'avait jamais été ma tasse de thé et ce que j'avais sous les yeux à l'instant ne dérogeait pas à la règle. C'était affreusement moche, totalement incompréhensible pour le commun des mortels, franchement gênant pour certaines pièces, visiblement très fragile, et indubitablement ruineux.

Puissance 1 000 (Terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant