Bloody Destiny 1. La Guerre de Sylfëa [EN RÉÉCRITURE TOTALE]

Chapitre XXI ~ It's Not Me It's You

      Les deux jours suivants passèrent comme une seconde. Anvir Elthiel était bien plus adroit avec ses flèches qu'au début de son apprentissage, et Ninoptia Nimgarthiel avait rapidement compris comment se servir de son pouvoir. Fendarog avait demeuré distant, ses yeux rouge framboise toujours rivés sur les affiches de Cinq cent deux. Pendant ce temps, Calar avait donné des instructions aux soldats venus de tout le pays. Certains étaient à cheval, et l'élite sur des équidés ailés. Ils venaient tout droit d'une grande ville située plus à l'Ouest, elle était connue pour être l'un des remparts les plus sûrs et représentatifs du Houdsmoor : Vaulëh, la cité des nuages, perdue entre les sommets les plus inaccessibles du continent, semblait tout savoir. Refuge des connaissances ancestrales et repos des guerriers les plus vaillants, cette ville sonnait comme un rêve dans la tête de la princesse. Elle n'y était jamais allée ; aussi se demandait-elle si elle aurait un jour la chance de parcourir les pavés dorés de ce qui paraissait être un autre monde.

      La vérité s'était étendue dans toute la ville comme une traînée de poudre : bientôt, tous surent que Vaulëh avait envoyé de leurs cavaliers ailés sur les dragons qui avaient envahis Sylfëa, pour freiner leur progression dans tout le pays. Cela donna du baume au cœur de Ninoptia, qui fut convaincue que l'heure viendrait bientôt pour eux de repartir vers la capitale. Aussi prodigieux que pouvaient être les Vauléens, ils risquaient de céder du terrain aux ennemis. La princesse ne pouvait laisser cela arriver. Ils devaient plier bagages au plus tôt. Elle décida alors d'aller rendre visite au forgeron avec la compagnie du duo d'anciens gardes de prison. Lorsqu'ils arrivèrent, l'homme vieilli par la tâche les accueillirent avec un grand sourire qui aurait pu être bien plus radieux s'il n'avait pas vu son temps de travail se rallonger à cause de la demande faite par Ninoptia.

      << Ah, Votre Majesté ! Vous tombez à pic, j'ai fini votre commande ! >>

      L'artisan du fer s'était empressé d'aller chercher des brouettes remplies de flèches aux larges pointes et aux plumes noires. Elles étaient singulières, à la fois terrifiantes, magnifiques et charmantes. Palond se posta derrière une brouette, tandis que Cemion en porta trois dans ses bras. Ninoptia se retrouva ainsi, les bras ballants, ne sachant quoi faire à part remercier le forgeron et lui tendre quelques pièces d'or, des Tarcas, la monnaie du pays ayant le plus de valeur. Le commerçant les récolta et fit la meilleure révérence qu'il put avec son dos courbé et blessé de toutes les ardeurs que lui imposaient son travail. La princesse la lui rendit, appréciant le geste respectueux malgré ses conditions physiques et morales. Ils repartirent ensuite, presque aussi vite qu'ils étaient arrivés.

      Étonnement, il y avait moins de monde dans les rues. Ninoptia se serait attendue à croiser le grand duc de Rochecourbe, mais il ne semblait pas de sortie ce jour-là. La jeune fille se sépara de ses deux compagnons et partit dans les écuries de son auberge de fortune. Anvir y pansait sa nouvelle monture, un grand mâle à la robe brune et aux ailes aussi brillantes et luisantes qu'une noisette. C'était le père du poulain qu'il avait fait sortir du ventre de sa mère ; personne n'était venu les chercher, et personne n'avait mis d'avis de recherche les concernant. L'écuyer avait grandi friand de cette famille. Il aurait voulu les ramener chez lui, dans la capitale, mais c'était beaucoup trop dangereux pour eux. Même si Ninoptia avait accepté qu'il fasse du mâle son destrier, il ne le prendrait pas pour la bataille finale contre les dragons. Il ne voulait pas qu'il meure dans un combat qui n'aurait jamais dû l'impliquer.

      L'héritière des Nimgarthiel prit une grande inspiration.

       << Anvir, je séparerai en quatre notre armée. Chaque partie attaquera les dragons d'un côté différent de Sylfëa. Les Vauléens, qui sont déjà sur place, prendront le Nord. J'ai laissé à Calar la construction des groupes. On attaquera à l'Est. >>