Chapitre 6

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Le lendemain vers 15h, lorsque Lola et moi partons voir Galaxie, ma mère m'interpelle:
-Vous allez où, habillées comme ça?
Lola répond:
-Je l'emmène voir un petit élevage!
-Vous n'allez pas de l'autre côté de la colline hein?
-Ben non, pourquoi? Je coupe naturellement.

Question menteuse, je ne suis pas vraiment pro, mais ma mère ne m'oblige pas à nécessiter plus d'entraînement. Je la fais passer par mon petit passage lors de la frontière, on descend et je siffle.
- Assiez-toi ici! Je lui demande.

Elle s'y applique, et lorsque Galaxie arrive plein galop, Lola rigole. Elle s'arrête à 10 mètres cette fois, quand elle voit Lola. Elle la regarde, de son air attentif.
-Elle est immense!! S'extase Lola presque à voix basse. Je m'approche doucement de Galaxie, elle recule d'un pas.
-Allons ma belle! Elle ne fais pas de mal elle! Elle est comme moi, elle veux juste te connaître! Finalement elle me laisse la toucher, mais ne se rassure pas pour autant de la présence de Lola, elle la surveille.
-Une pomme? Lance Lola à Galaxie, et, à l'entente de ce mot, ses oreilles vacillent, j'en rigole. Je dis à Lola en riant tandis qu'elle sourie:
-La gourmande! Elle la tend et la jument s'avance en hésitant un peu mais avec mon encouragement. Finalement, elle étend son encolure, attrape la pomme et repars à 10 mètres. Je lui fais juste tourner la tête pour que Lola lise la gravure "Merci de me laisser ma liberté."


-Riley! Viens! Il y a un monsieur qui voudrais te parler.
Je descends les escaliers et arrive dans le salon. Un homme mince, habillé en tenue d'équitation m'attend.
-Bonjour Riley! Me dit-il en me tendant sa main.
-Bonjour, je réponds timidement.

Cet homme me voulait quelque chose, et pas le meilleur.
-Assiez-toi, je voudrais te parler s'il te plaît.

Ma mère se retire dehors pour aller s'occuper des poules. Je m'assois et l'homme entame:


-Je m'appelle Frédéric Courier, et je suis directeur d'un gros haras, à 2 heures d'ici. On m'a raconté que tu avais trouvé une immense jument alezane en liberté dans la colline. Dès que j'ai pu, j'ai contacté tes parents pour en savoir plus. Or il y a de cela 5 ans, une pouliche alezane d' 1 an est partie, ou du moins s'est volatilisée. Elle était déjà grande pour son âge, était déjà très indépendante, et était sevrée. C'était une des plus belles pouliches que nous avions, alors nous avons envoyé la police, les enquêteurs, en vain, jamais ils ne l'ont retrouvée. Tu me suis?
Je hoche la tête, choquée. Je ne savais pas comment réagir. Il poursuit:
- Elle s'échappait tout le temps. Alors j'aimerais vraiment beaucoup la retrouver, elle s'appelle Étoile. Je voulais savoir si tu pouvais me la chercher, qu'on l'emmène chez le vétérinaire pour savoir si c'est bien elle? Alors?
-Ben, elle est sauvage. Je voudrais qu'elle le reste, c'est moi qui l'ai trouvée, elle est à moi, je réponds posément.
-Et si ce n'était pas la tienne? Tu accepterais juste un contrôle vétérinaire? J'aimerais vraiment la retrouver.
-Elle n'entrera jamais dans un van. Dis-je sèchement.
-Je ferais venir un vétérinaire! Se justifie-t-il.
-Et bien, si c'est la votre, allez la chercher, mais jamais je ne vous aiderais. Sur ce je me lève et court jusqu'à la colline. Je m'assure qu'il ne m'ai pas suivie. Je siffle et elle vient. Je tombe en larme dans son poitrail, ainsi pendant 30 minutes. Un bruit de moteur surgit, dans les parages, et dans la brousse ce n'est pas normal. Elle écoute elle aussi, ça vient du bas. En courant je me fatiguerais beaucoup trop vite, alors il me vient une idée... Je l'amène jusqu'à un haut morceau de bois coupé. Je remercie mes parents de m'avoir fait prendre quelques leçons d'équitation étant petite, je monte en sac à patate en m'assurant qu'elle réagit bien, elle me regarde, elle est inquiète, elle ressent aussi ce que je ressens, mais attend calmement que je sois montée pour prendre la fuite, d'abord au trot, elle me fait vraiment très mal, alors, elle passe au galop. Nous sommes libres, et personne ne nous arrêtera désormais...

Je me laisse guider, elle connaît cette forêt bien mieux que moi. Enfin descendue de la colline par le côté et non par la pente perpendiculaire, on arrive sur de gigantesques terres. Elle galope à fond, le vent me claque le visage, je ne sais pas à quelle vitesse on va, mais on dépasse les 60km/h.
-NOUS SOMMES LIBRES!!!

Je crie à travers les plaines les mains en avion tandis que Galaxie fonce, on est déjà bien trop loin d'eux, ils ne nous rattraperons pas aujourd'hui. Au bout d'environ 10/15 km de traversées de champs on arrive dans une forêt, et, sûres d'être à l'abri, je redescends de mon immense jument.


-Merci, soufflais-je dans son oreille avant d'enfouir mon visage sous la longue crinière. Quand je relève la tête, tout est soudain plus calme, serein. Je lis encore cette petite phrase "Merci de me laisser ma liberté" avant de me rendre compte que j'ai faim. Je sors deux pommes de ma poche, mange la première et offre la deuxième à Galaxie, encore essoufflée de cette course. Dans une réaction bizarre elle m'incite à la suivre, alors je marche derrière elle tandis qu'elle me guide.

Merci de me laisser ma LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant