Chapitre 2

135 11 1
                                    

Non, c'était un hennissement déchirant, puis un autre, différent, encore un. Doucement, je me lève, jette un coup d'œil par la fenêtre: il ne pleut pas. Je m'habille chaudement et quitte discrètement la maison après avoir vérifié l'heure: 5h57. Je grimpe sans bruit la colline et, entendant des bruits, je me cache derrière un buisson, le jour se levait à peine.

Je m'avance encore un peu et me cache, je laisse ma tête à découvert pour voir. Mes yeux tombent sur une énorme masse encore noire au sol, presque gisante. Pour mieux la voir, j'approche doucement. Une immense jument alezane blessée au cou et à la jambe gît au sol. Elle est sauvage, ça se voit. Dès qu'elle m'aperçoit, elle essaye de se débattre mais je ne bouge pas, jusqu'à ce qu'elle arrête. Je m'avance de quelques pas et elle s'affole encore, je m'arrête donc. Je fais cela pendant une trentaine de minutes avant d'arriver à 2 mètres d'elle, là je m'accroupis, ses yeux sont apeurés. Je tends la main, elle me regarde encore. Je m'approche doucement jusqu'à effleurer ses naseaux, elle me sent. Comme pour me faire connaître aussi je souffle dans ses naseaux, on m'a appris à faire ça. La jument prend une grande inspiration avant de souffler fort elle aussi, je souffle encore deux ou trois fois pour qu'elle m'ait complètement repérée. Je la caresse alors doucement pendant longtemps, elle ne peut pas bouger son encolure. Je détache mon écharpe et couvre sa blessure en appuyant puis créé un ruban autour pour serrer et lui faire un bandage stoppant l'hémorragie: elle se laisse faire. Pour sa jambe, blessée au genou, j'enlève ma veste, arrache en deux parties le bas et le haut, avec les manches, lui entoure le genou puis l'aide à se relever. Une fois debout, la jument me regarde et part au pas, boitant.
Je la regarde jusqu'à la perdre de vue, puis descends la colline le plus rapidement possible, je rentre en douce, pose mes vêtements et retourne me coucher, je regarde l'heure: 6h45. Je n'arrive pas à me rendormir. Je descends alors préparer le petit déjeuner, le premier à descendre est mon petit frère.
-Tu dors pas?
-Nop!
-En tout cas ça sens trop bon!
-Merci! Il se frotte les mains et s'assoit pour dévorer ses tartines et son chocolat chaud. Au bout de 15 minutes, il me regarde, fini sa bouchée et me demande:
-Ça va pas? T'a l'esprit tracassé?
-Si ça va, mais oui j'ai l'esprit tracassé! Tu devines vite, mais je ne vais pas te le dire pour autant! Il décoche un "ok" sans curiosité, remet son casque sur ses oreilles et pointe son nez sur écran. Je mange à mon tour, j'embrasse mes parents quand ils descendent et part m'occuper des vaches, je prends mon vieux blouson un peu déchiré et une autre écharpe. Dans l'après-midi, je retourne en haut de la colline, et me pose sur un banc en haut. Mes pensées défilent pendant que je scrute l'autre côté. Mais une hésitation penchait pour ou contre en continu: "Est-ce que je le dis à Lola?" Finalement, mon cerveau raisonne: "Si je lui dit, elle va vouloir s'en occuper, parce qu'elle a déjà un cheval, un élevage et qu'elle aime ça, elle va le dire à ses parents et ils vont aller la capturer, et puis seule, je pourrais plus l'apprivoiser, mais je ne connais rien aux chevaux... Bon, seule." Je descends de l'autre côté prudemment m'assois au même endroit que l'autre jour. Au loin, au bout de 2 minutes, je l'aperçois. Elle m'a vue, son bandage au genou et au cou n'est pas tombé. Je la regarde, commence à trouver quelque beauté en elle, à part ses crins infiniment longs et sa saleté. Elle a de très beaux yeux noisette. Son toupet est si long qu'il descend jusqu'à ses naseaux, il est fin, joli. Sa couleur alezane brille à travers le soleil froid de la fin de l'hiver. Elle s'approche de quelques pas, elle est à 60 mètres environs. Je reste ainsi jusqu'à ce qu'elle fasse encore quelques pas. Je me lève et commence à remonter la colline. Je, je me sens entourée, c'est pas un bon sentiment. Je ressens vraiment cette présence bizarre. Je tourne la tête et aperçois un loup, à gauche, un autre, derrière, encore un...

Merci de me laisser ma LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant