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Nous étions retournés dans l'enceinte du château, cet énorme édifice me servant de maison et m'enfermant pour me tenir éloignée du monde extérieur si sauvage, selon mes parents.

J'étais près de la fenêtre de ma chambre spacieuse et pourtant si vide, regardant encore et toujours la magnifique fleur violette au bout de cette tige d'un vert aussi clair que la lune en période d'éclosion.

La clarté du soleil blanc me donnait assez de lumière pour ne pas avoir la nécessité d'allumer n'importe quelle lumière. Malgré cet éclairage des plus naturels la ville au loin reste toujours éclairée.

Depuis toute petite je n'ai jamais pu m'y aventurer en tant que princesse du royaume, mais je ne suis pas aussi disciplinée et raide que ce que peuvent croire mes parents. J'y suis déjà allée, et bien plus qu'une seule et unique fois.

Taehyung mon fidèle majordome n'est toujours pas parti de ma chambre, à mon plus grand désespoir. Pourquoi faut-il toujours que je sois aussi bien surveillée ? Je lui suis quand même reconnaissante, il est au courant de toutes mes balades nocturnes mais n'a toujours rien dit à mère ou père.

Je regardais désormais la marque que la divinité suprême de notre monde m'avait gracieusement donnée et la touchais du bout des doigts de mon autre main, je serais toujours surprise de la douceur de ma peau à la couleur si froide et à la température au pareil.

Une main plus grande et plus chaude vint se poser sur la mienne et je levais la tête pour regarder Taehyung, qui s'était approché de moi, dans les yeux. Il approcha son visage un peu plus près du mien et s'arrêta à quelques centimètres de celui-ci en levant la tête vers le plafond.

-Je ne veux pas boire de ton sang Taehyung.. Lui dis-je doucement.

-Vous dites chaque soir la même phrase mademoiselle.

-Tu ne fait également que me répondre la même chose mon cher Taehyung, et cesses de m'appeler mademoiselle veux-tu, j'ai plus de sept cents ans de plus que toi.

Il concentra son attention sur moi et me sourit en plissant des yeux, ce visage si angélique ne pouvait être que sain et pur, mais je ne pouvais que le salir malgré moi.

Il se remit dans son ancienne position et leva sa main libre qui tenait une petite lame. Il la posa sur son cou et appuya un tout petit peu, assez pour y faire une fine entaille et pour que son sang si goûteux s'en échappe.

Je baissais la tête vers le sol les yeux et le cœur plein de regrets mais ma nature ne peut que prendre le dessus sur mon envie irréprochable habituellement de ne pas boire une seule des gouttes de son sang.

Je finis par relever la tête et me rapprocher de plus en plus de sa petite coupure pour enfin ouvrir la bouche tellement attirée par ce sang si pur et si doux et délicieux au goût. Je plantais lentement mes canines dans sa chair et commençais à m'abreuver de ce met exquis qui m'étais servi contre mon grès.

Il gémis de surprise à l'entrée de mes crocs dans la peau de son cou mais se calma ensuite habitué à être mordu par moi. Je me sens tellement bien en ce moment et tous mes regrets se sont envolés dans un endroit si lointain qu'ils ne pourraient pas revenir même en pouvant me suivre à la trace.

Après quelques minutes à boire ce liquide si bon et tellement sucré, j'enlevais mes deux grandes canines de dans son cou et me léchais les lèvres où avait coulé un peu de son sang.

Il apporta un mouchoir au blanc immaculé à l'endroit où j'avais bu et où se trouvaient désormais deux petits trous pas si profonds que ça mais qui devaient être assez douloureux et sûrement lents à se refermer.

Le blanc du mouchoir prit soudain la couleur rouge pétante presque bordeaux de son sang et je frémis rien qu'à cette vue encore toute émoustillée du sentiment que je peux ressentir lorsque je bois de son sang, sûrement avec une envie de continuer d'en boire jusqu'à la dernière goutte.

Je levais mon poignet droit jusqu'à ma bouche et me mordais moi-même les veines pour faire couler un peu de mon sang d'être de la nuit, si machiavélique et démoniaque que peut être un vampire de mon espèce.

Je le plaçais devant son visage et il me regarda d'une façon contradictoire exactement comme chaque soir depuis que mes parents l'ont recueilli pour qu'il devienne mon majordome attitré et donc mon garde manger personnel de la même façon.

Il approcha malgré tout sa bouche de l'endroit où coulait mon sang malheureusement en aucun point aussi pur que le sien et se mit à le lécher. Il avait entre-temps lâché son mouchoir empourpré et taché de sang, si ce n'est même que la couleur blanche avait complètement disparu.

Je pus voir et pus regarder comme tout le temps avec étonnement la vitesse à laquelle mon sang s'était propagé dans son propre organisme, le faisant de ce fait se soigner bien plus rapidement, même presque immédiatement.

Je retirais mon poignet au bout de quelques secondes et il se mit à me regarder dans les yeux. Je sais très bien ce qu'il veut me demander, mais cela ne va jamais arriver, et j'en suis vraiment désolée crois-moi Taehyung.

-Quand est-ce que vous voudrez bien faire..

-De toi un des miens ? Je ne peux pas faire cela et j'en suis vraiment attristée Taehyung, tu es trop précieux à mes yeux, je ne pourrais en aucun cas prendre le risque de te voir souffrir lors de la transformation ou encore te perdre.

-Je ne veux que rester à vos côtés, et cela pour l'éternité.

-L'éternité est quelque chose à quoi je te déconseille de goûter, tu dois vivre pendant les guerres, vivre alors que ton peuple s'entre-tue, le pire est lorsque tu sais que tu ne pourras plus jamais voir ton premier amour.

Il me regarda avec une expression triste qui s'était maintenant emparée de son si beau visage. Je passais une de mes mains sur sa joue et la caressais doucement, sa joue rosée et si chaude pour ma peau si froide à cause de ma nature immonde.

-Vous êtes mon premier amour.. Dit-il faiblement, les yeux vitreux alors que des larmes perlaient au coin de ceux-ci. Pourquoi avez-vous donner votre cœur à une personne que vous ne connaissez même pas ? Demanda-t-il d'une voix cassée par l'émotion.

-Taehyung, promets-moi de ne pas m'en vouloir. Son regard devint interrogateur. Promets-moi de ne pas m'en vouloir quand tu te rendras compte que tu ne peux pas te tuer, que tu n'as aucun moyen de le faire alors que tu ne voudras qu'une seule chose, quitter ce monde.

Une lueur d'espoir jaillit dans son regard, j'avais peur de cette lueur, de ce sourire qui prenait maintenant place sur son visage, et si je ne voyais plus jamais cela ? Que ferais-je ?

-Je vous le promet sa majesté. Ce fut les derniers mots qu'il prononça de sa vie d'humain tout à fait normal, vivant, le sang encore chaud et la peau encore rosée de la vitalité humaine.

Flower effect [Jhope]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant