Chapitre douze

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" Tu peux fermer tes yeux aux choses que tu ne veux pas voir, mais tu ne peux pas fermer ton cœur aux choses que tu ne veux pas ressentir."


Nous étions enfin arrivés. Cela faisait presque une heure que nous marchions à travers la ville pleine de couleurs. La plupart des personnes habitant à San Francisco pensaient vivre une vie merveilleuse dans leurs maisons en couleurs, ils pensaient qu'une couleur pouvait définir le bonheur. C'était bien évidemment faux, car pour ma part, la seule petite trace de bonheur que je pouvais ressentir se lisait à travers les yeux noirs du jeune homme à mes côtés. Puis ma mère s'habillait toujours avec du jaune, du bleu ou même du vert et pourtant, elle avait brisé ma vie.

Il y avait trop de monde, bien trop de monde pour ne pas que le mien s'écroule. C'était dur de tenir, de ne pas paniquer devant autant de monde. Je sentais mes mains trembler et mon corps criait à l'aide. C'était comme si le monde s'acharnait sur moi pour tout le mal que j'avais pu faire.

Je sentis des doigts venir accrocher les miens, j'eus d'abord peur qu'un passant se soit approché trop près de moi mais je me rendis vite compte qu'il s'agissait d'Aloïs. Son regard semblait soutenir le mien et sa main était dans la mienne, mes tremblements avaient cessé. C'était surement ce qu'il avait voulu faire en faisant cela, me calmer, comme toujours. Mais il n'allait pas pouvoir le faire pour toujours, il n'allait pas pouvoir faire le gentil avec moi jusqu'à la fin de ses jours. Il allait vite se rendre compte que les choses n'étaient pas si belles.

Pour qu'il arrête de croire que les choses étaient simples avec moi, pour qu'il arrête de penser qu'il pouvait me changer en quelqu'un de bien, je lâchai sa main. Avoir peur du monde qui m'entourait, des mentalités, c'était moi, j'étais ainsi. Et Aloïs n'allait pas pouvoir changer tout mon être, bien qu'il avait déjà réussi à en changer une partie. J'étais cet enfant brisé par les mots et les coups d'une mère. J'étais cet enfant tellement détruit qu'il avait fini par croire que le monde était peuplé de personnes comme sa génitrice. J'étais cet enfant qui avait fini par trouver du plaisir en tuant les personnes qu'il considérait comme mauvaises. J'étais devenu une de ces personnes, j'avais voulu ne pas me fondre dans la masse, je n'étais pourtant pas mieux qu'elles.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » Questionna Aloïs qui semblait ne pas comprendre mon geste.

Il n'y avait rien qui allait, je ne fonctionnais pas comme tout le monde. Je n'étais pas quelqu'un de bien comme lui. Nous étions un yin-yang, ce signe qui démontrait le bien et le mal chez une personne. Il était la partie blanche, le bien, c'était rare chez un être humain, pourtant il l'était. Il avait cependant une toute petite partie de mal que je n'arrivais pas à discerner ou peut-être était-ce le don qu'il avait de toujours défier et déstabiliser. Quant à moi, j'étais la partie noire, la partie contenant le mal alors que je n'arrivais pas à discerner le bien, peut-être bien qu'il avait disparu depuis longtemps.

« Tu ne peux pas toujours essayer de me rendre meilleur, je ne le mérite pas. » Répondis-je d'un ton sec.

Je me mis à marcher plus vite à travers les quelques personnes sur le trottoir, voulant arriver plus vite chez les amis de celui qui me suivait à grandes enjambées.

Je ne savais pas si je me trouvais sur le bon chemin mais tant qu'Aloïs était derrière moi, cela ne me posait pas de problème. J'aurais pu continuer comme ça encore longtemps, me presser pour essayer d'oublier le monde extérieur mais des doigts vinrent s'enrouler autour de mon poignet. Je me retournai donc directement pour faire face au brun qui semblait énervé, ses doigts serrant mon poignet comme si la partie de mal était en train de dominer dans son intérieur. Ses sourcils étaient froncés et je ne pouvais dégager mon regard du sien, les gens autour de nous semblaient s'être arrêtés.

Killer • Tome I [ CORRECTION EN COURS ]Where stories live. Discover now