Chapitre onze

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" La société, comme elle est organisée, ne laisse souvent à l'homme que le choix d'être coupable ou victime. "

J'avais mis dans un sac les quelques affaires dont je disposais, je n'avais pas grand-chose, il ne me fallait pas une maison sur le dos pour vivre. Je l'avais déjà fait plusieurs fois, quitter une ville pour me déplacer dans le pays afin de ne pas être découvert par la police. Je m'étais rendu à Seattle, Phoenix, Miami, Chicago et Houston, des villes peuplées de déplorables humains. J'étais actuellement à New York où le bruit n'était qu'un son habituel qui vous donnait envie de vous arracher les yeux. Un flot incessant de gens qui parlaient et qui n'avaient aucun respect, voilà ce que je vivais chaque jour dans cette ville. C'était pour cette raison que les quartiers du Bronx me plaisaient plus, il y avait de l'agitation mais les gens se comportaient moins comme des monstres dont la race humaine était peuplée.

J'étais désormais à la gare, guettant chaque recoin comme les chiens de policiers pouvaient chercher de la drogue. Pour ma part, je cherchais l'homme qui m'avait tant chamboulé, je cherchais ses yeux noirs un peu partout dans la nuit comme s'ils allaient illuminer l'obscurité tels des phares de voitures. Je cherchais son corps grand et imposant qui aurait créé une aura de bienveillance dans les périmètres alentours. Je cherchais à écouter son rire qui m'avait déjà envouté plusieurs fois, ce rire qui résonnait comme un écho de bonheur.

Mais il n'était pas là, seul le bruit sourd des passagers pressés se faisait entendre. Ils couraient tous autour de moi tels des idiots qui avaient peur de ne pas pouvoir rejoindre d'autres idiots. C'était tellement désespérant de les voir bouger dans tous les sens, le souffle court et les poumons déchirés par l'effort qu'ils faisaient.

Dans ce brouhaha, je réussis à me diriger vers le bus en direction de San Francisco. Le chauffeur était déjà au volant et le bruit du moteur venait de se faire entendre. Ma vie était sur le point de changer, bien qu'elle n'était pas très stable de toute manière. 

Je me tournai une dernière fois afin de regarder la gare avec un dernier espoir mais il n'était pas là. Pleins de personnes se trouvaient devant mes yeux mais elles ne remuaient rien en moi, elles n'étaient pas Aloïs. Je m'apprêtai donc à rentrer dans le bus, le chauffeur allait démarrer et partir en direction de ma nouvelle ville.

Ce fut une main sur mon épaule qui m'empêcha de monter dans l'autocar et qui me fit me retourner. Il s'agissait d'un homme caché sous la capuche d'un sweat avec un sac énorme sur le dos et un sac de sport à la main. Je ne discernais pas bien son visage qui était dans l'obscurité mais par son charisme je le reconnu, c'était bel et bien lui. Il avait donc décidé de venir malgré le mal-être de sa mère, étais-je vraiment important au point qu'il laisse sa mère presque dépressive pour aller à l'autre bout du pays ? Je ne pouvais pas comprendre l'amour porté à une mère puisque je n'avais jamais aimé la mienne ; Elle n'avait jamais été présente pour moi, je n'avais pu que la haïr. Mais Aloïs, lui, avait l'air d'aimer chaque personne avec tant d'amour et d'investissement que j'arrivais à percevoir en moi un peu de ce sentiment que je ne connaissais pas. Il m'éclaboussait avec, comme des petites gouttes d'eau qu'il envoyait ou un parfum qu'il vaporisait dans l'air.

Son premier réflexe fut de me prendre dans ses bras et le mien fut d'enfouir mon nez dans son sweat pour humer son odeur qui me plaisait tellement. Après quelques secondes, je remis bien ma capuche en place puis j'entrai dans le bus en montrant mon billet au chauffeur tout en faisant bien attention à ce que mon visage ne soit pas visible. Des avis de recherches devaient déjà être placardés un peu partout dans la ville, je ne devais donc pas être reconnu par quiconque. Aloïs, quant à lui, me suivait sans bruit, il avait également une capuche pour que des témoins potentiels ne puissent pas le voir. 

Killer • Tome I [ CORRECTION EN COURS ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant