Chapitre neuf

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" Certes les êtres humains sont tous égaux mais les individus ne le sont pas. "

Je m'étais réveillé en pleine nuit alors qu'Aloïs se trouvait sur moi, dormant comme un enfant qui avait fait un cauchemar et qui s'était réfugié dans le lit de ses parents. Je n'avais jamais trouvé quelqu'un d'aussi adorable, je n'avais d'ailleurs jamais qualifié un humain de cet adjectif.

Pourtant, à cette heure tardive, je n'étais pas bien. Même avec la plus belle personne jamais croisée dans ce monde de monstres dans mes bras, je ne me sentais pas bien. J'étais clairement en train d'étouffer, j'avais besoin d'air, besoin de respirer et de me retrouver parce que je m'étais clairement perdu ces dernières heures. Je m'étais perdu entre le bien et le mal, entre la lumière et l'obscurité.

Je m'extirpai difficilement de ses bras, essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas animer son beau visage endormi. Je réussis finalement à me mettre debout et à tirer discrètement le tiroir de ma petite table de nuit où se trouvait une pochette. Je sortis alors de mon appartement, allant dehors sans faire aucun bruit pour ne pas réveiller le petit ange étalé sur mon lit.

Une fois dehors, je fus soulagé de sentir l'air frais contre ma peau. Il y avait une légère brise qui était apaisante et la chose que je comptais faire l'était encore plus. Je m'assis donc au sol, m'adossant à la porte que je venais de fermer. J'ouvris la petite pochette, sentant instantanément une odeur de menthe qui s'en échappait, il ne s'agissait pourtant pas de cela mais de substances illicites. Je n'en fumais pas beaucoup, contrairement à ce que l'on pourrait croire en sachant que je vis dans ce quartier de la ville.

Je mis du tabac et de la substance dans une feuille que je léchai pour mettre le joint en forme de cône. J'avais besoin de cela pour me vider la tête, ne plus penser à rien pendant un petit moment. La flamme de mon briquet qui ondulait grâce au vent vint allumer le bout du cône qui allait me rendre nostalgique de tous les évènements qui s'étaient passés depuis ces dernières heures. J'aspirai la fumée du petit bâtonnet nocif que je tenais entre mon index et mon majeur, cette dernière allait s'infiltrer jusqu'à mes poumons, répandant un bien-être en moi.

Quand j'eus fumé la moitié de cet instrument pouvant détruire des vies, je ressentis une légèreté qui me traversa, l'effet commençait à arriver et à prendre le contrôle de mon esprit. Et quand la totalité fut fumée, je me sentis extrêmement bien, tout me donnait l'impression d'être inoffensif et que rien ne pouvait me blesser. J'étais invincible, rien ne pouvait m'atteindre, même pas mes démons qui hantaient toujours mes nuits et mes pensées.

Je me mis à regarder un vieux lampadaire, dont l'ampoule n'était plus en très bon état, durant de longues minutes. Cette dernière menaçait de griller, de s'éteindre comme la lumière au fond de moi l'avait déjà fait depuis des années. Je l'avais admiré comme s'il s'agissait d'une des plus belles merveilles du monde et c'était d'ailleurs un peu le cas. Elle représentait la lumière dans les cœurs de tous les jeunes du quartier, tous allaient sûrement la perdre, préférant vivre dans l'obscurité qui représentait tellement bien l'endroit où ils vivaient. Mais certains allaient la garder, ils étaient bien évidemment rares mais certains allaient devenir de véritables personnes avec une identité propre à eux.

Je me levai finalement afin de rentrer dans l'appartement où dormait toujours Aloïs, essayant d'être discret même avec ce que je venais de fumer. Je ne marchais plus très droit et mes yeux avaient du mal à s'ouvrir mais je n'eus pourtant pas l'impression de faire du bruit en refermant la vieille porte qui était comparable au lampadaire, elle allait bientôt s'écrouler. Le beau brun qui était dans mon lit sembla pourtant l'entendre vu qu'il se retourna doucement, ouvrant difficilement ses yeux pour me scruter. Il ne semblait pas comprendre pourquoi je me trouvais hors du lit et sa petite voix endormie me le confirma.

Killer • Tome I [ CORRECTION EN COURS ]Where stories live. Discover now