Chapitre six

6.9K 476 132
                                    


"Il y a deux sortes de gens : ceux qui peuvent être heureux et ne le sont pas et ceux qui cherchent le bonheur sans le trouver. "

Cela faisait une semaine que je n'avais pas vu Aloïs et ça me convenait parfaitement. Je ne voulais pas le recroiser, pas pour l'instant. Il me fallait du temps pour remettre en place ce qu'il avait chamboulé et pour comprendre pourquoi je n'avais pas réagis plus tôt à son baiser mais je venais de me rendre à l'évidence : il s'agissait seulement de l'effet de surprise. J'avais préféré ignorer tout ce que j'avais ressenti, c'était préférable pour ma fierté et ma crédibilité.

Je me trouvais dans les petites ruelles de la première fois où j'avais rencontré Aloïs et où tout ce petit jeu avait commencé. Je cherchais une énième victime ou peut-être simplement une échappatoire à toutes les pensées qui venaient se heurter dans ma tête et me donner un mal de crâne horrible.

Ce fut à ce moment-là qu'il apparut au fond de la rue avec une bouteille à la main, il se tenait au mur et il n'était vraiment pas bien, cela se voyait au fait qu'il ne faisait pas un seul pas droit. C'était assez drôle de le voir dans cet état, complètement ivre avec des mèches de cheveux qui lui retombaient sur le visage et qui le gênaient sûrement pour y voir clair. Il portait un tee-shirt blanc qui laissait apparaître le contour de certains tatouages à travers celui-ci mais la plupart de ces dessins faits d'encre incrustée sur sa peau se trouvaient être sur ses bras. Il portait aussi un pantalon noir, simple, qui lui retombait parfaitement sur les hanches et je ne savais d'ailleurs pas pourquoi je le détaillais ainsi. Ce ne fut que quand ses jambes lâchèrent et qu'il se retrouva étalé sur le sol que je réagis enfin. J'accourus vers lui alors que j'aurais très bien pu le laisser croupir sur le béton, le laissant dans une marre d'alcool entourée de verre dû à la bouteille qui venait de se briser dans un bruit sourd. C'était la seule chose qui m'était venue à l'esprit lorsque je l'avais vu s'écrouler contre le sol dur et froid : l'aider.

« Qu'est-ce que tu fous dans cet état bordel ? », lâchai-je en m'accroupissant.

Je n'avais jamais fait cela, aider les gens. D'ailleurs l'idée de faire quelque chose pour quelqu'un ne m'avait jamais traversé la tête. Ça m'était apparu comme la meilleure chose à faire sur le moment et je n'avais pas plus réfléchi.

« Nolan ? », souffla-t-il en plissant les yeux.

Je soupirai en lui prenant le bras mais il se libéra directement de mon emprise, il me jeta un regard noir et je cru ressentir un petit pincement au cœur. Je le regardai alors les yeux pleins d'incompréhension, comment il pouvait me rejeter alors que je voulais l'aider ?

« T'es gentil avec les gens maintenant ? », murmura-t-il avec une voix de gosse.

Je le regardai un moment en réfléchissant à ses mots : est-ce que j'aurais fait cela pour une autre personne ? Non, je ne l'aurais sûrement pas fait. Mais c'était simplement que je ne voulais pas le voir crever avec un taux d'alcoolémie trop élevé alors que je devais le tuer moi-même, oui ça devait être ça.

« Ferme-là et laisses toi faire. », dis-je en lui reprenant son bras sans qu'il ne dise quoi que ce soit.

Je plaçai alors son bras autour de mes épaules puis je mis ma main sur sa taille, nous relevant tous les deux. Cette position me mis mal à l'aise en sachant qu'il m'avait embrassé une semaine plus tôt mais je ne voulais pas le voir crever sur place juste devant mes yeux.

Il grommela quelques petits trucs sans importance que je n'avais d'ailleurs pas bien compris puis je commençai à nous faire marcher alors qu'il faillit nous refaire tomber à quelques reprises. Il ne tenait pas debout et heureusement que je tenais sa taille car il serait déjà mort la tête fracassée contre le sol si je ne l'avais pas fait.

Killer • Tome I [ CORRECTION EN COURS ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant