Chapitre 24

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Pdv Camila

Avec toutes les filles, j'attendais l'arrivée de Lauren pour commencer à manger. Cette dernière avait passé la matinée dans sa chambre comme souvent depuis bientôt un mois. Elle passait la majorité de son temps seule ces temps-ci et ça avait le don de m'inquiéter énormément. Je ne savais même pas ce qu'elle avait, pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé de lui faire cracher le morceau. La jeune femme arriva cinq minutes après notre appel. Je remarquai qu'elle avait les yeux rouges et gonflés, ce qui signifiait qu'elle avait pleuré pour une raison que je ne connaîtrais sûrement pas vu le caractère de Lauren. En la voyant arriver, un large sourire lui étant destiné s'inscrit sur mon visage. Elle le remarqua et me le rendis plus faiblement. Elle arriva à la table mais, malgré la place que je lui avais gardé à mes côtés, elle s'asseya à l'exact opposé de moi et sans m'adresser un regard. Je baissai lentement la tête, triste du fait que Lauren m'ignorais.

Depuis cette fameuse soirée où elle avait disparu, elle se comportait bizarrement, très bizarrement. Elle s'éloignait de plus en plus de moi et ce, sans me donner la moindre explication. Elle se montrait très distante et j'avais la cruelle impression qu'elle faisait tout pour ne pas rester seule avec moi, ce qui me blessais plus que je voulais bien le montrer. Nos moments de complicité et de câlineries me manquaient. L'avoir dans mes bras, être dans les siens, sentir ses douces mains me caresser du bout des doigts, la sentir frissonner suite à mes touchers, l'embrasser même simplement ... tout ça se faisait rare, trop rare à mon goût. Et ça me faisait peur. Je me remettais sans cesse en question. Je craignais avoir dit ou fait quelque chose de travers et qui aurait pu la vexer. J'avais peur qu'il lui soit arrivé un problème le soir où elle était partie, un soucis qu'elle gardait pour elle seule. Mais je m'imaginais aussi et surtout le pire des scénarios : et si Lauren ne m'aimait plus. Et si elle s'était lassée de moi. Peut-être se rendait-elle compte que ses sentiments pour moi n'étaient qu'amicaux et non pas amoureux. Peut-être voulait-elle me quitter désormais, me laisser. Je redoutais plus que tout cela. J'aimais la jeune femme plus que ma propre vie. Elle était la cause de tous mes sourires, le déclencheur de mes rires, le pansements qui comblait mes douleurs, les seuls et uniques remparts derrière lesquels je me sentais en sécurité, le monde parallèle dans lequel je m'évadais ... Elle était tout. Je chérissais chaque minute, chaque seconde même infime passées à ses côtés mais cela se faisait chaque jour un peu plus rare. J'enregistrais dans ma mémoire chaque instant avec elle, chaque souhait qu'elle faisait, chaque rêve qu'elle me racontait mais maintenant elle ne me disait plus rien. Je frissonnais à toutes ses caresses, tous ses regards insistants, tous ses baisers mais je n'avais désormais presque plus l'occasion de le faire. Je vivais un bonheur sans commune mesure rien qu'à l'idée d'être avec elle, d'être sa petite amie mais ce n'était semblerait-il plus son cas ...

Je remontai mon regard de mon assiette à Lauren. Elle semblait accaparée par ses pensées, jouant avec les légumes qui restaient dans l'assiette. Son regard n'exprimait rien, chose qui me paraissait improbable car je n'ai que très rarement vu des yeux aussi expressifs que ceux de la femme en face de moi. Mais il n'y avait là qu'un immense vide dans ses yeux émeraudes. La voir ainsi me faisait l'effet d'une lance transpercant mon coeur. Qu'elle soit ainsi attristée, même par une raison qui m'était inconnue, tuait tout mon bonheur et me rendait peinée moi aussi. Je détaillai son visage, essayant de voir une faille, un indice par rapport à son comportement. Mais, comme d'habitude, je ne vis que ses longs cheveux noirs qui encadraient sa peau de porcelaine qui à mes yeux, était parfaite malgré les légères imperfections ici et là, sa bouche si attirante qu'elle mordillait parfois, ses sourcils quelque peu froncés au dessus de ses magnifiques pupilles denuées d'émotions. Même triste, elle restait complètement irrésistible. Une beauté glaciale. Mon intérêt prolongé pour elle la fit relever la tête et son regard croisa le mien avec toujours ce manque d'expression. Instinctivement, je lui fis mon plus beau sourire. Elle ne me le renvoya pas mais détourna les yeux en rougissant. Mon dieu, qu'elle est mignonne lorsque ses joues prennent cette teinte rosée. Et je suis heureuse et rassurée de voir que je lui fais encore de l'effet. Suivant mes envies, je me mis à caresser doucement sa jambe nue à l'aide de mon pied, lui aussi nu. Je n'étais d'habitude pas aussi entreprenante, surtout lorsque l'on m'évitais, mais je voulais avoir un contact avec elle, me dire que j'arrivais encore à lui faire ressentir des choses fortes. Ce fut chose réussie puisque je sentis une vague de frissons s'emparer lentement d'elle. Je remontai petit à petit mon pied, mon attention entièrement fixée sur les sensations de la plus vieille. Plus je montais, plus sa respiration se saccadait et plus elle détournait son regard loin de nous. C'était pour moi presque revigorant de la sentir perdre pied avec ce genre de petites attentions que je lui donnais. 

Just I love you (camren)Where stories live. Discover now