20) Sans artifices

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J'ouvre la porte d'entrée du hall et constate que Josh n'est pas encore arrivé. Parfait ! Je vais pouvoir commencer mes étirements. Je suis tellement fatiguée que je ne sais pas si je pourrai aligner un pas devant l'autre. Le sommeil m'a abandonnée depuis plusieurs jours, entre cauchemars et angoisse, je ne sais plus où j'en suis. Doc me conseille de ne pas avoir peur, que je n'oublierai jamais ma famille et qu'il faut que je profite de la vie sans regrets. C'est si facile à faire ! J'ai d'ailleurs failli annuler notre footing de ce matin. Mais je dois admettre, à contre cœur, que Josh m'a manquée. Pas lui réellement, plutôt sa présence, son humour, ses taquineries. Enfin, pas lui quoi, juste ce qu'il est.

Je termine de faire quelques arrondissements de bassin quand je remarque des rideaux bouger depuis l'appartement de Shelton. Est-il en train de m'observer ? Je ne veux pas le savoir et pars en trottinant au bout de la rue. La circulation commence à se faire dense, entre les voitures et les transports en commun, contrairement aux trottoirs quasiment déserts. Je regarde à droite puis à gauche et toujours pas de Josh. Comment va-t-il arriver ? A pied, en taxi, en voiture ? Je viens de me rendre compte que je ne sais même pas où il habite, est-ce loin de chez moi ? Je continue à sauter sur place en attendant la réponse. Le soleil matinal de juin n'est pas suffisant pour me réchauffer, j'aurais dû un peu plus m'habiller. Mon cycliste noir et mon petit pull rouge ne suffisent pas contre la brise fraîche.

Me résignant à l'attendre, je rebrousse chemin. Il a certainement mieux à faire ou il a tout simplement oublié. Déçue, je commence à monter les marches de mon immeuble quand un énorme 4X4 noir klaxonne et se gare. Josh en descend du côté passager et claque la porte avant que la voiture ne reparte en trombe. Finalement, je ne suis pas aussi ridicule que je le pensais. Nous sommes presque habillés pareil, sauf qu'il porte un tee-shirt turquoise, qui fait indéniablement ressortir ses yeux noisette, et un sac à dos.

Je l'attends fermement, les poings sur les hanches. Il n'avait pas à être en retard !

— T'es tombé du lit ? me demande-t-il amusé.

Je le dévisage sourcils froncés.

— Hé beauté, il n'est même pas encore six heures !

Ah bon ? A quelle heure suis-je descendue ? Je secoue la tête d'énervement, je suis vraiment à côté de la plaque ! Il s'approche et me dépose un rapide baiser sur la joue. Son parfum me monte au nez, il sent délicieusement bon. Je secoue légèrement la tête et me force à ne pas y penser.

— Ça a été ton week-end ? reprend-il.

Génial ! Boulot, cauchemars, doutes, solitude... J'inspire un grand coup et souris pour masquer ma tristesse.

— Super et toi ?

Il hausse les épaules et soupire sans me quitter des yeux.

— Oui, ça aurait pu être mieux.

Sa voix est terne, pas comme d'habitude. Bizarre !

— Alors, tu veux qu'on aille jusqu'où ? Habituellement, je fais le tour du pâté de maisons. Je ne connais pas réellement la ville donc...

— Central Parc, ça te dit ?

Je serre les dents. Ça fait un sacré bout de chemin, j'espère réussir à tenir la distance avec ma cicatrice qui me lance à chaque effort trop intense.

— Pourquoi pas ?

— Tu y es déjà allée ?

— Non, pas encore...

A part la Statue de la Liberté, je n'ai pas vu grand-chose de New York et mes footings quotidiens plongés dans mes pensées ne m'ont pas aidée à en découvrir plus.

LIFE : Survivre (tome 1)Where stories live. Discover now