12) Anniversaire

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Mon sommeil, a une fois de plus, été court et agité. Il fait encore nuit dehors, mais je suis déjà en train de taper des légendes sous mes différentes photos quand ma sonnerie de téléphone retentit.

— Ma chérie, tout va bien ?

Mon père a l'air en panique.

— Euh oui, comme d'habitude Papa, pourquoi ?

— Je m'inquiétais c'est tout !

Sa voix est toute tremblante. Pourquoi m'appelle-t-il à cette heure-ci ? Il n'est que 6h ici, ce qui veut dire qu'il est midi chez eux. En temps normal, il se souvient toujours du décalage horaire, contrairement à Maman.

— Papa, qu'est ce qu'il y a ? Pourquoi appelles tu si tôt ?

Il ne me répond pas. Je m'inquiète aussitôt, ce n'est pas dans ses habitudes. Mon père est plutôt direct en général. A moins qu'il ne s'agisse de mauvaises nouvelles.

— C'est Maman c'est ça ? Il lui est arrivé quelque chose ?

Pitié non, pas ça ! Ma respiration se fait soudainement courte.

— Ta mère va bien rassure-toi ! C'est juste que... je pensais qu'aujourd'hui, tu serais... comment dire... au trente sixième dessous.

Ah bon ! Pourquoi je devrais ? Un doute me prend, je me penche sur mon ordinateur pour voir quel jour nous sommes. Oh non ! La date anniversaire des trois ans de l'accident. Je commence à paniquer. J'inspire, j'expire, mon cœur se serre. J'entends les échos de ma respiration dans le combiné. Il faut que je me reprenne, ce n'est qu'un jour parmi tant d'autres après tout.

— Cassandra, tu es toujours là ?

Je déglutis difficilement et prends une grande inspiration.

— Oui, je suis là. Je... Tout va bien Papa, ne t'en fais pas.

— Tu es sûre ?

Bien évidemment que non ! Mais il faut que je fasse mon possible pour le rassurer.

— Certaine ! Cette journée ne sera pas différente d'hier ou d'avant-hier.

— Très bien. Au fait, Annick et Gérald nous ont appelés hier, ils voulaient savoir comment tu t'en sortais.

Mes beaux-parents ? Je ne leur ai donné aucune nouvelle depuis mon départ. Depuis l'accident, je n'arrive pas à communiquer avec eux. C'est plutôt étrange d'ailleurs car, après tout, nous vivons la même douleur lancinante. Je secoue la tête et enterre cette pensée sous les amas de mes remords déjà présents, la journée va déjà être assez dure, pas besoin d'en rajouter.

— Bien !

C'est tout ce que je trouve à dire.

— Ok ! Ta mère te rappellera dans la journée mais si ça ne va pas de ton coté tu me téléphones sur le champ d'accord ? Et au fait, pardon de t'avoir réveillée, mais je me suis trompé d'une heure.

— Ok, bisous papa.

— Je t'aime ma puce, à tout à l'heure.

Je jette le téléphone et m'effondre en larmes sur la table, ma tête enfouie entre mes bras. Comment ai-je pu oublier ? Quand suis-je devenue si égoïste au point ne pas me souvenir de ça ? Trois ans de pleurs, de tristesse. Trois ans qui m'en paraissent trente. Je cours me réfugier sous mes draps et hurle ma douleur aux ténèbres.


Cela fait des heures que je déverse mon chagrin. Je suis, comme qui dirait, revenue à la case départ. Il faut être réaliste, cette thérapie ne fonctionne pas sur moi. Jamais je n'aurais dû venir ici, ça ne change strictement rien.

LIFE : Survivre (tome 1)Where stories live. Discover now