7) Possibilité

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Deux ans plus tard...


— Alors Cassandra, comment s'est passée votre journée d'hier ? me demande Doc en s'asseyant dans son fauteuil.

— Pareil que les autres, Patrick. A chaque souvenir, je sombre et me ferme, comme d'habitude...

Je baisse la tête et passe machinalement mon pouce sur mon alliance.

— Ne vous laissez pas envahir par cette peine qui vous encombre. Vivez-la ! Ressentez-la ! Ne la rejetez pas. Laissez vos souvenirs remonter à la surface. Laissez-les s'extérioriser. Ils font partie de vous. Acceptez-les pour vous donner la force de continuer, d'aller de l'avant.

— J'essaie croyez-moi, mais à chaque fois j'échoue...

— Ne vous inquiétez pas, ça viendra. Surtout n'abandonnez pas !

— J'en peux plus ! Ça va faire trois ans que je viens vous consulter et je n'ai quasiment pas avancé. Je n'arrive pas à prendre le dessus !

Je m'énerve en levant les bras au ciel, c'est plus fort que moi.

— Et selon vous, qu'est ce qui vous bloque ?

— On en a déjà parlé tellement de fois...

Je soupire, lasse de me répéter à chaque séance sans qu'une quelconque amélioration ne se fasse sentir.

— Je le sais, mais j'aimerais que vous me les énumériez point par point.

Je le regarde attentivement, il y a quelque chose de changé chez lui aujourd'hui. Sa façon de se gratter le menton est différente, il semble beaucoup plus confiant que d'ordinaire. Je prends une grande inspiration.

— Ok ! Tout d'abord, la maison de mes parents. J'ai trop de souvenirs de Nathan et des enfants là-haut. Comment pourrais-je un jour envisager de retourner chez moi ? Et puis, je ne veux plus mettre le nez dehors. Dès que je sors, nombre de personnes connaissant ma situation me regarde, me dévisage. Je vois dans leurs yeux de la pitié ou de la compassion. Peu importe ce que c'est, je m'en fous mais ça m'est insupportable. Ils me rappellent un peu plus que je les ai perdus. Tout ! Tout dans mon quotidien me renvoie à ma misère. Comment je peux avancer avec tout ça ?

Ma voix n'est plus qu'un murmure, je sanglote. Tassée dans le canapé la tête contre le dossier, je ferme les yeux, désemparée.

— Je suis d'accord avec vous, vous ne pouvez pas. Écoutez Cassandra, j'ai beaucoup de considération pour vous, vous le savez!

Oh Doc ! Mon cœur se serre pour lui. Après toutes ces heures passées ensemble, il est devenu beaucoup plus que mon thérapeute. Je vois en lui une figure paternelle, à qui j'arrive à m'ouvrir. Il n'y a qu'à lui que je parle. Il lui est donc arrivé de se confier un peu à moi. Il m'a avoué avoir perdu son unique fille d'une leucémie. Elle avait 22 ans. Une douleur si violente, viscérale même, qu'il ne sut la partager avec sa femme ce qui les avait finalement amenés au divorce. C'est peut-être pour ça qu'entre nous le courant passe. Lui aussi n'a plus rien, on se comprend.

— Je veux réellement que vous vous en sortiez mais je sais que vous stagnez ici. Votre problème est votre quotidien, il faut vous en éloigner. J'ai donc une proposition à vous faire.

J'ouvre les yeux instantanément. Mon regard s'ancre au sien, il a un petit sourire en coin. Qu'est ce qu'il mijote ? Je me redresse et l'écoute attentivement.

— Un collègue a testé une nouvelle forme de thérapie sur plusieurs de ses patients et...

— Et ???

LIFE : Survivre (tome 1)जहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें