9) Départ

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Il m'aura fallu deux mois pour tout organiser, ça n'a pas été sans mal ! Je suis parvenue à trouver l'endroit idéal. Un choix qui, finalement, s'est imposé à moi. Nathan a toujours rêvé de nous emmener en voyage, les enfants et moi, en Amérique et plus particulièrement à New-York. Mais la conjoncture des choses à cette époque, entre le travail et nos revenus modestes, ne nous a jamais permis de pouvoir réaliser son souhait. Alors, j'ai décidé de le faire, pour lui. Je sais qu'ils seront avec moi, ils m'accompagneront dans mon cœur, dans mes yeux, dans tout mon être.

Je n'ai pas parlé à Doc de ce « petit » détail. Il m'a demandé de choisir un endroit neutre et si je lui avais avoué pourquoi je voulais absolument aller là-bas, j'ai peur qu'il ne s'y soit opposé. J'ai donc dû lui mentir, dire que ça avait toujours été mon rêve ...à moi ! Ce n'est qu'un petit mensonge après tout mais je ne peux pas m'empêcher de culpabiliser.

Pour mes parents, la pilule a eu du mal à passer. Même si papa m'encourage dans ma démarche, il reste malgré tout sceptique. Maman, elle, fait toujours de la résistance mais je pense qu'elle s'est faite à l'idée que je parte. Le plus difficile pour eux a été le choix de ma destination. Ils auraient préféré un pays plus proche, comme l'Angleterre. Mais ils n'ont pas réussi à me faire changer d'avis. Je ne sais pas pourquoi, je sens que je prends la bonne décision.

Ce qui m'a posé le plus de problèmes, ce sont les procédures judiciaires. Ce pays n'accepte pas un séjour supérieur de 90 jours consécutifs, si l'on ne possède pas de visa. Cette carte permet de pouvoir travailler et vivre en Amérique et il est très difficile de se la procurer. Les solutions les plus simples sont de se faire muter dans le cadre de son travail ou d'épouser un résident Américain. Ces deux options sont loin d'être mon cas. J'ai donc dû demander une autorisation de voyage, qui elle, est valable deux ans. C'est le seul document qui m'autorise à y séjourner pour ces trois mois. Doc dit que c'est une bonne chose, ça me permettra de pouvoir revenir faire le point et savoir si je dois réitérer l'expérience ou pas. Je me donne seulement un trimestre, voir si cette thérapie est efficace. Je ne me vois pas rentrer et partir à plusieurs reprises. Si ça ne fonctionne pas, je reviendrai à ma sombre vie et supplierai la mort de venir m'emporter.

En pianotant de longues heures sur internet, j'ai réussi à me dégoter un petit appartement meublé à un prix abordable. Je suis obligée de passer par l'argent des assurances pour pouvoir payer les billets d'avion, le loyer et mes dépenses sur place. Ça ne me plaît pas vraiment, je maudis ce fric mais je n'ai malheureusement pas le choix. Je ne voulais pas revendre ma maison, même si elle doit probablement tomber en ruine, c'est « notre chez nous ».

Je pars dès demain car de trop nombreuses locations me sont passées sous le nez et je ne pouvais pas manquer cette occasion-là. Doc et mes parents pensent que je devrais attendre encore un peu car, dans quelques semaines, ce sera « l'anniversaire » de ce sinistre jour. Ils ont peur que je n'arrive pas à surmonter cette journée toute seule, comme les années précédentes. Mais je n'en peux plus, je suis à bout, je dois le faire maintenant ! Avant de changer d'avis.

Je vérifie une dernière fois mon unique valise. Je ne pars pas avec grand-chose, simplement des vêtements que maman m'a achetés, je n'ai toujours pas le cœur à faire les boutiques. Ma trousse de toilette comprenant les bijoux que m'a offerts Nathan. Les doudous de mes amours, ça c'est primordial même si Doc n'approuve pas. Je dois, soi-disant, ne pas trop apporter de souvenirs mais je ne peux pas partir sans. Et bien évidemment mon téléphone, quelques cadres photos, mes papiers et mon ordinateur portable comprenant ma playlist et toutes les photos de nous quatre. Grâce à lui, je vais aussi pouvoir continuer mes séances avec Doc. New-York, ayant six heures de décalage par rapport à chez nous, nous avons programmé nos rendez-vous l'après-midi pour lui et le matin pour moi. Et pour mes parents, je dois bien évidemment être joignable jour et nuit.

LIFE : Survivre (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant