11) Désillusions

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Au vu des récents événements survenus en Belgique, nous voulions apporter notre soutien aux familles des victimes. 

NOUS SOMMES TOUS BRUXELLES ! 


Trois semaines après...

Un hurlement perce le silence de ma chambre. Mes yeux s'ouvrent sur l'obscurité. Je regarde le réveil, il indique 4h36. Bon sang, c'est trop demandé d'avoir les nuits comme répit?

Quand je suis arrivée, j'étais pleine de doutes mais motivée à avancer. Les premiers jours ont été reposants. Entre mes visites touristiques et mes footings, j'étais bien partie, je reprenais enfin confiance en un avenir meilleur. Cela faisait près de trois ans que je n'avais pas dormi une nuit complète. Pas de réveils en sueur, pas de cris, pas d'angoisse. Malheureusement, cette expérience ne s'est jamais réitérée depuis ma visite de la Statue de la Liberté. L'espoir de sortir de la nuit éternelle s'est envolé aussi vite qu'il était apparu.

Je suis épuisée, à bout de nerfs. Je ne sais même pas comment je fais pour tenir encore le coup. Je me lève donc et vais me faire couler un café. En attendant, je m'installe dans mon canapé et me mets à zapper sur toutes les chaînes, comme à chaque fois que j'allume la télévision. Je ne sais même pas pourquoi je la regarde, peut-être pour avoir une présence car je ne l'écoute même pas. Au bout d'un moment, je l'éteins et retourne à la cuisine me servir une tasse.

Je prends place sur une chaise autour de la table où se trouve mon ordinateur. C'est mon bien le plus précieux ces temps-ci. Depuis que j'ai réalisé cet album pour Nathan, je passe mes journées sur mes dossiers photos. Je les trie par mois, par année, par évènement. De cette manière, ils sont toujours présents à mes côtés. Il m'arrive de rire de certains clichés, comme celui où Nathan porte Louna et qu'elle essaie d'embrasser son frère qui lui offre une mine dégoûtée. Je me souviens de cet instant-là, nous avions tant ri. Et aussitôt après arrive la culpabilité de ces quelques secondes de bonheur. Je n'y ai plus le droit. J'ai tout perdu. Les larmes roulent sur mes joues en même temps que les images défilent sur l'écran. Je sais que doc n'apprécierait pas ce hobby. Pour lui, les photos font partie de mon ancienne vie et je ne devrais pas m'enfermer dans cette spirale. Mais j'en ai besoin. J'ai trop perdu. Ma famille m'ayant quittée, il ne me reste que ces images rescapées de mon bonheur passé.

France, États Unis, je ne vois pas de différence entre les deux. A part peut être la langue et le comportement des gens. Dans les rues de New-York, les passants se mélangent sans prêter attention à leurs voisins, aucun regard, aucune parole. Sinon, l'un ou l'autre ne change strictement rien pour moi. C'est une gifle de plus. Me suis-je donner trop d'espoir ? Si d'autres personnes arrivent à passer le cap, pourquoi pas moi ? Y a-t-il quelque chose qui cloche chez moi ? Je me lamente des heures entières sans savoir comment sortir de ma solitude dépressive.

Je ne connais personne ici. A part Monsieur Carrigan, ou plutôt Shelton, qui m'a demandé à plusieurs reprises de venir boire un café chez lui. Il est un peu trop entreprenant à mon goût, je préfère l'éviter. Sinon, les seuls que je croise sont des voisins, ils m'ont l'air sympathiques mais je ne suis pas prête à discuter avec eux. J'ai revu Kelly il y a quelques jours, elle courait encore dans les escaliers. Mais maintenant je suis prévenue, en entendant un raffut de tous les diables, je me suis décalée contre le mur pour laisser passer cette tornade blonde. Elle m'a saluée d'un signe de la main en souriant mais sans ralentir sa cadence.

Les seuls moments où je me sens moins seule sont quand je chausse mes baskets et que je cours dans la fraîcheur des journées printanières. Les appels de mes proches ne suffisent pas non plus à combler le vide qui m'entoure. Heureusement, Doc ne me lâche pas. Il me maintient à flots, il m'encourage sans cesse.

LIFE : Survivre (tome 1)Where stories live. Discover now